Il retourne auprès de sa mère après sept ans, quatre valises et deux sacs tout autant lourds. Coulibaly, après avoir volé l’argent du voyage à sa mère, était parti avec une douzaine d’amis, pour devenir un champion de foot en Tunisie. Il avait juste 13 ans quand on lui avait présente un couple d’adultes qui, derrière une importante compensation, pouvaient lui donner son futur désiré en Afrique du nord. Avec une Toyota ‘pick-up’ il se trouve, sans le savoir, dans la ville de Sebha en Libye, avec ses compagnons. Ils passent deux mois autour de la maison occupant le temps à jouer au foot dans l’attente de continuer le voyage. Une fois à Tripoli ils découvrent de se trouver en Libye et prennent note de la disparition du couple et de l’argent. Emprisonnés dans une maison de la ville, après un peu de temps ils arrivent à s’échapper, chacun pour son compte. Plus tard Coulibaly trouve du travail comme lave-vaisselle dans un restaurant pour les migrants, géré par des nigériens de langue houssa. Il n’a nullement l’idée de traverser la mer et, aidé par un passeur égyptien à qui il a donné 130 euro, il arrive en Algérie. Après plusieurs étapes il s’installe d’abord à la périphérie d’Alger et ensuite dans la capitale. Il commence comme manœuvre et il apprend après le métier de peintre en bâtiment. Il travaille dans les chantiers jusqu’au début de l’année.
Fatigué de se cacher à la vue des policiers qui patrouillent pour débusquer les migrants et le réfugiés pour les déporter, c’est la pensée du tort perpétré contre sa mère Aicha qui le tracasse. Il prend la résolution de retourner chez-lui. A travers un ami il connait une Association humanitaire qui aide les migrants à retourner au Pays d’origine. Sur son chemin vers Tamanrasset il est arrêté et volé de tout son argent par les militaires algériens : c’était l’argent qu’il avait mis à coté pour rembourser sa maman. Il arrive ensuite à se faire aider par des nigériens de langue houssa qui l’acceptent dans leur véhicule et l’amènent jusqu’à Tahoua, au nord du Niger. Coulibaly, pour continuer le voyage jusqu’à Niamey, se trouve obligé de vendre quelque paire de chaussure qu’il avait acheté en Algérie et mis de côté pour sa mère et sa grande sœur. Il peut se payer le ticket jusqu’à Niamey et puis il demande de l’aide pour retourner à Abidjan et de là atteindre San Pedro où vit sa mère. Il l’avait laissée il y a sept ans de cela, encore enfant.
Les frontières à passer pour atteindre son pays sont fermées à cause du récent coup d’Etat au Burkina Faso. Il faudra donc payer un tricycle pour transporter ses bagages, dans lesquels il a entassé chaussures, habits et surtout sept ans de sa vie, d’un côté à l’autre de la frontière. Il dit d’avoir amené toute cette marchandise pour se faire pardonner de sa mère qui l’attend car il est conscient de la souffrance que son absence lui a engendrée. Coulibaly, parti à treize ans, retourne à la maison avec ses vingt ans et il dit ne rien regretter de son aventure à part le vol pour débuter le voyage. Il se dit content car il est encore vivant après tout ce qu’il a vu et vécu. Il sait lire mais pas écrire et, une fois surplace, il cherchera du travail comme peintre-bâtiment et il retournera à l’école pour apprendre à écrire son histoire. Une moitié de ses sacs, d’ailleurs, contient des chaussures pour toutes tailles et occasions. Il dit de les avoir amenées pour continuer à marcher dans sa vie.