Le 25 octobre dernier, je commettais un billet un peu polémique, comme à mon habitude, sur le silence de notre presse quant à la poursuite de la guerre au Mali.
http://blogs.mediapart.fr/blog/max-angel/251013/guerre-au-mali-quoi-ou-allons
Quelques habitués de mon blog le commentèrent. Mais il n'eut pas droit à la une des invités.
Ghislaine Dupont et Claude Vernon, pendant ce temps-là, faisaient leur travail. Ils l'ont payé de leur vie.
Aujourd'hui, toute la presse s'empresse de les couvrir de fleurs, ce qu'ils méritent, et commence à évoquer un peu trop modestement la situation dans ce pays tracé à la règle par l'Empire colonial français.
Ce qui fait deux sujets.
Le premier, c'est l'immunité dont devraient bénéficier les journalistes qui informent le monde et dont tout le monde a besoin, sauf, quand ils commencent à mettre le doigt là où cela fait mal. ( dénonciation du double langage des dirigeants, corruption, lutte contre la propagande, refus de manipuler et d'être manipulés, analyser en témoins honnêtes).
Témoin honnête ! Que voilà une qualité fort mal vue par les patrons de presse en général, les politiciens en particulier, la justice, la police, les entreprises qui détiennent les journaux, directement ou par la publicité.
Difficile de faire son métier face à tous ces ennemis de la vérité, à tous ces "privilégiés" qui n'aiment tant que leur tranquillité et haïssent sans l'avouer la démocratie.
Car, il ne saurait y avoir de démocratie sans une presse libre, responsable, respectueuse non point tant des grands que du peuple auquel elle s'adresse.
Je suis persuadé que c'est ce que veut la majorité des journalistes et apparemment, c'est ce qu'étaient Ghislaine et Claude. Leur assassinat nous peine, nous révolte. Mais nous savons qu'il y aura d'autres journalistes pour les remplacer, et d'autres journalistes qui seront tués au champ de l'information.
Aucune résignation. Simple lucidité.
Le deuxième sujet, c'est la situation au Mali.
Ils enquêtaient sur la préparation des élections législatives que la France a voulues après celle, du président. Ils étaient dans une région du Mali qui n'a rien à voir avec le reste du pays et dont le retour à la paix ne pourra se faire que si, en accord avec les pays voisins n'apparaisse un nouvel état dévolu aux habitants ancestraux de cette région du Sahara, les touareg.
Or, chaque pays concerné, Mauritanie, Algérie, Mali, Libye, Tchad, voire Niger ne veulent céder une parcelle de leurs territoires, surtout que le sous sol peut parfois être intéressant.
Nul doute que les deux journalistes RFI connaissaient la situation. N'écoutant RFI que lorsque je suis à l'autre bout de la planète, j'ignore comme tout le monde ou presque, où ils en étaient de leurs investigations.
Mais, décidément, comme au Tchad, il est urgent de dire haut et fort que l'armée française sera en poste là-bas pour de nombreuses années. Tiens ! Jusqu'à épuisement des ressources dont nous avons besoin, par exemple.
Quant aux peuples du Sahel... Les diviser, les opposer, entretenir la guerre, le terrorisme, au nom d'Areva ou d'Allah, n'est-ce pas le meilleur moyen de pouvoir continuer à exploiter en jouant avec la corruption des marionnettes que la Françafrique continue de manipuler en annonçant au monde que "cette politique-là, c'est fini".
Ben voyons !
Que les familles de ces deux combattants de la démocratie, ainsi que RFI, reçoivent mes condoléances les plus sincères.
PS : http://mobile.lemonde.fr/afrique/article/2013/11/02/une-prise-d-otage-revelatrice-de-l-instabilite-qui-menace-le-nord-du-ma_3507288_3212.html