Pendant fort longtemps, on nous a fait accroire que l’Histoire allait dans le sens d’un progrès constant, inexorable. La science, la raison, le bon sens, la nature innocente de l’Homme vue par Rousseau, le positivisme, le scientisme, tout cela débouchait sur un inéluctable bonheur futur.
Certes, il existait bien des crises, des guerres, des misères, mais c’était le prix à payer pour des lendemains radieux.
Les exploités s’unissaient, s’entraidaient, s’organisaient et croyaient en un Grand Soir où les damnés de la terre seraient les bâtisseurs d’un paradis d’égalité, d’équité et de prospérité.
Deux guerres mondiales, le recours à l’arme atomique, de perpétuelles guerres de décolonisation, le passage d’un capitalisme d’économie réelle à un capitalisme de casino, la prise de conscience que notre planète n’est qu’un petit satellite d’un petit soleil perdu dans l’univers, fragile, épuisable, débouchent sur une nouvelle approche de l’Histoire où « demain peut être pire qu’aujourd’hui ».
Cassandre a de beaux jours. Mais, j’ose encore espérer en un éventuel sursaut de l’humanité. Même si c’est un peu insensé. Je ne dis pas, je n’ose pas dire, j’ai peur d’écrire que « demain sera pire qu’aujourd’hui ».
Je m’entête à répéter que le dogme « de la croissance infinie dans un monde fini » est le meilleur chemin pour accélérer notre disparition. Je ne fais que reprendre ou parler de concert avec Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie ou Michel Serres qui utilisent le terme « d’ère anthropocène » pour désigner notre période actuelle.
Il ne peut y avoir de politique, donc d’Histoire, sans que les décisions prises par ceux qui nous gouvernent n’aient, sans cesse à l’esprit, le souci de la conservation de notre environnement.
Il est plus facile de lutter contre le terrorisme, concept fourre tout pour camoufler des politiques de protection de nos ressources minières, que d’exiger des peuples de revoir leur manière de vivre.
S’entêter à « relancer la croissance » relève de la bêtise la plus crasse, aussi bien pour les politiciens, les experts économiques que pour les responsables syndicaux.
Il est intéressant, à ce sujet, de constater que la CGT Sandouville propose de recycler les véhicules Renault, ce qui conserverait des emplois et permettrait des réductions de coûts de production.
Des associations équitables et solidaires voient le jour. Nos élus, imbus de leur savoir, demeurent dans la nuit de leurs certitudes tels qu’ils ont été formés par l’ENA, HEC et ces autres grandes écoles, moules obligatoires à fabriquer du « responsable à la sauce libérale ».
On voit ce que cela donne aujourd’hui, quand le sommet de l’Etat est entre les mains de ces « braves gens », marionnettes méprisantes pour la valetaille qui les a élues et qui n’agit, qu’ils soient de droite ou de gauche que pour ceux qui les ont financés.
Enfin, en matière de mœurs, l’on assiste à une libéralisation des esprits et des corps. Les valeurs sémites de haine du corps, contenues dans la Bible, la Torah et le Coran ont fait place à un culte du corps, au travers du « jeunisme ». Le sport, l’exercice physique se sont substitués à la religion. On ne va plus à la messe, on court ou l’on pédale le dimanche matin.
Les rapports entre hommes et femmes s’efforcent à tendre vers une certaine égalité. Les couples homosexuels commencent à être admis sauf par ceux qui, sans vergogne, n’hésitent nullement à rectifier en toute simplicité, la Création.
Il faut quand même un sacré culot, ou une bêtise extraordinaire pour, à la fois, croire en un dieu tout puissant, parfait et créateur de toutes choses ET lui reprocher de nous avoir faits tels que nous sommes.
Par conséquent, les discussions enflammées à propos du mariage pour tous de l’Assemblée Nationale ne servent qu’à camoufler le manque de solutions pour améliorer la redistribution des richesses produites en France, la perte de notre industrie, la multiplicité des licenciements, le recul du droit du travail et le triomphe des thèses néo-libérales.
Et si l’Histoire était insensée ?
Si la Vie elle-même relevait de l’absurde ?
Des retours en arrière sont toujours possibles. Et puis, pourquoi devrions-nous croire que tout fait sens ? Quelle prétention !
Au sens de l’Histoire, je préfère l’Histoire des sens, c’est bien plus réjouissant et jubilatoire.