Invité à France Inter ce matin, présenter son roman autobiographique « Jeunesse », il s’est dit favorable à la commémoration du 200e anniversaire de Napoleone Buonaparte, et surtout pas à celle de la Commune qui « n’aurait rien apporté de positif à la République »(sic).
C’est le même « historien » qui avait tout fait pour censurer Eric Hosbawn, l’un des plus grands historiens britanniques contemporains, dont il avait refusé la traduction et la parution de son livre « L’âge des extrêmes », livre « intouchable » puisqu’écrit par un auteur marxisant qui fut édité par souscription des lecteurs du Monde Diplomatique avant de connaître plusieurs réimpressions.
Certes, en tant que chef de collections, il a fait connaître du beau monde :
Raymond Aron, Marcel Gauchet, Leroy-Ladurie, Furet, Foucault, Aguilhon, Duby, Georges Dumézil. Mais on peut constater que cet « illustre » s’est bien gardé, « tout homme de goche » revendiqué, de promouvoir des auteurs qui auraient pu par leurs écrits, remettre en question la bourgeoisie, proposer des perspectives révolutionnaires, s’élever contre les ravages du « capitalocène » et défendre les intérêts du plus grand nombre contre les privilèges de l’élite richissime.
« Bourgeois éclairé », certes, mais au lumignon, et préférant les spots des plateaux de télévision aux éventuelles barricades. Défenseur d’une mémoire nationale, revue et corrigée.
A preuve : glorification de Napoleone qui aurait répandu les idées républicaines à travers une Europe qu’il a ravagée de Lisbonne à Moscou, imposant certes un Code Civil, new-look par l’époque avec, quand même, la réduction de la moitié de l’humanité, les femmes, au niveau des mineurs et des aliénés mentaux.
Évoquer un padrone, obligé de négocier avec ses sbires faits maréchaux avant les batailles en leur promettant de pouvoir s’accaparer les fruits de leurs pillages qui font aujourd’hui la gloire de nos musées. Un génie, avec plus d’un million de victimes, et un retour de lâche depuis Moscou en laissant sa « Grande Armée » se démerder avec le froid et les troupes russes, tout comme il avait jadis filé à l’anglaise, auparavant, depuis l’Egypte pour poursuivre sa carrière politique.
Une relecture amusée de l’ouvrage d’Henri Guillemin consacré à « l’ogre » s’impose pour bien commémorer le deux-centième anniversaire, de ce voyou de première, qu’un tribunal pénal international aurait pu accueillir s’il avait existé à l’époque.
Quant au jugement de M. Nora sur la Commune qui n’aurait rien apporté à la République, c’est constater avec effroi que l’auteur de ces paroles ne connaît rien de la Commune qui avait mis en place une instruction publique obligatoire et laïque, un gel des loyers, des distributions de vivres aux plus malheureux, l’ouverture de la citoyenneté aux étrangers, le vote des responsables politiques avec surveillance de ceux-ci par leurs électeurs, séparation des Eglises et de l'Etat, suppression de la catégorie "illégitimes" pour les enfants nés hors mariage, suppression du travail de nuit dans les boulangeries, adoption du drapeau rouge des "travailleurs" à la place du drapeau tricolore trop "bourgeois"...
Certes, faute de temps, nous sommes dans un Paris assiégé par les Prussiens, et la guerre continue, alors que « courageusement » la bourgeoisie possédante va payer la Prusse pour qu’elle quitte la France, avec en ultime cadeau, l’Alsace et la Lorraine. Faute de temps donc, la Commune n’a pu mettre en place :
- la réorganisation de la justice : gratuite et rendue par des jurys élus,
- l’attribution des ateliers abandonnés par les patrons « déserteurs » aux associations ouvrière,
- l’élection des fonctionnaires,
- un crédit industriel et ouvrier.
Une France bourgeoise collaborationniste, déjà, pétocharde, anti-patriote, et surtout, anti-sociale régnait à Versailles. La peur du peuple souverain vaut bien de donner à l’Empire allemand qui vient d’être proclamé à Versailles, deux provinces qui serviront, ultérieurement de motif à une revanche, qui inaugurera l’ère des « guerres mondiales ». Les grandes boucheries d’humains de toutes couleurs et l’enrichissement éhonté des marchands d’armes.
Qu’après M. Pompidou, M. Macron, tous deux « bébés Rothchild », aillent déposer une gerbe au Mur des Fédérés, il est vrai que ça pue mauvais le cadavre de la gauche, révolutionnaire ou pas. Et j’ose espérer que c’est ce que veut éviter M. Nora.
Mais, que les GJ. , les syndicats, ce qu’il reste de partis défenseurs des intérêts des salariés commémorent la fin de ces « 72 immortelles » si bien décrites et analysées par Jean A. Chérasse aux Editions du Croquant, voilà qui est un devoir de mémoire indispensable, n’en déplaise à M. Nora. De l’Académie Française.
Vive la Commune !