Lorsqu'on voit ce qu'il se passe au "Château de l'Elysée", lorsqu'on se remémore les "affaires", récentes et plus anciennes, lorsqu'on analyse le fonctionnement de la Ve République, et de la société libérale en général, on ne peut que constater que les "privilèges", abolis dans une euphorie mâtinée de Grande Peur en 1789, éloignés un moment, sont revenus en force.
D'abord, suite à la prise de la Bastille, les paysans se révoltent. Les récoltes n'ont pas été bonnes depuis quelques années, mais les corvées, les dîmes, les impôts divers et variés sont de plus en plus pesants. Ras le bol général, on sonne le tocsin et l'on va brûler les châteaux, on violente les hobereaux et les seigneurs ainsi que leurs femmes, leurs filles et leurs servantes, et du coup, leurs représentants à Paris pètent de trouille. Il faut désarmer le peuple en furie, faire la part du feu.
Ce sera cette Nuit du 4 août, où les droits seigneuriaux sont en partie assouplis, où les "privilèges" des Provinces, des Villes qui signifient aussi "libertés", sont remis à l'Etat qui devient de plus en plus centralisé, jacobin, nom que se donneront les instigateurs de cette abolition qui appartenaient au club des bretons. Tiens, tiens !
Or, paradoxalement, certains impôts finançaient des aides aux plus pauvres. Disparaissant, les plus défovarisés seront encore plus démunis qu'avant.
Les droits de chasse et de pêche vont mettre un peu de viande dans les brouets quotidiens. Et puis surtout, l'Egalité devant la loi, sera une avancée réelle jusqu'à ce que l'on s'aperçoive que la Justice n'agit qu'en fonction des lois qui sont votées par... la bourgeoisie, très à cheval sur ses intérêts de classe et qui s'est emparée, jusqu'à aujourd'hui, du pouvoir législatif.
Quand on voit comment, récemment et demain, certains juges d'instruction qui font leur travail dans le respect des lois républicaines, sont aussitôt désignés comme "juges rouges" par ceux-là mêmes qui se placent au-dessus des lois, parce qu'ils ont été élus, parce qu'ils possèdent de la richesse, on est bien obligé d'admettre que cette Nuit Révolutionnaire n'a été en réalité qu'un jeu de dupes.
Mais, si elle n'avait point eu lieu... Il y aurait eu encore plus de dégâts, encore plus de châteaux et de manoirs partis en fumée, encore plus d'archives anéanties, encore plus de chaos, encore plus d'exécutions sommaires et le peuple en aurait, au final, encore plus souffert.
Hommage et démythification sont donc de rigueur.