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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 7 octobre 2012

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Après le « Vive la Crise »des années 80, « Vive la guerre » des années 10 ? Et puis quoi encore ?

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(Dialogue ironique dédié à Mâme Paris Sot en croisant les doigts pour que quiconque ne le prenne pas trop au sérieux)

- Les Trente Glorieuses ont suivi quelle période de notre histoire ?

- La Seconde Guerre Mondiale.

- Bien ! Qui avait pour origine ?

- La Crise de 29.

- Parfait ! Elle-même conséquence de …?

- Heu ! De la financiarisation démocratisée à l’excès suite aux difficultés de l’économie américaine de passer d’une économie de guerre (celle de 14-18) à une économie de paix.

- Excellent ! Donc, pour qu’une économie reparte que faut-il ?

- On a déjà la crise économique… On a eu quelques petites guerres…

- Oui, alors qu’est-ce qu’il manque ?

- Bah !... Je n’ose p…

- Allons, un peu de courage !

- Une nouvelle Grande Guerre !

- Eh bien voilà !

- Mais…

- Quoi ?

- Je n’ai pas envie de faire la guerre, moi !

- Oh ! Qu’ils sont mignons ces jeunes ! Mais bien sûr que tu la feras la guerre comme tous les jeunes des générations précédentes. Parce que ce sera ça ou une balle dans la nuque. Non mais ! Y en a marre de payer des chômeurs à ne rien foutre, à pleurer pour vendre des avions de chasse qui ne chassent rien, à regarder mourir nos hauts fourneaux alors qu’avec une vraie guerre de derrière les fagots, l’industrie repartirait, le bâtiment repartirait, les plus jeunes au front et les plus vieux à l’abandon disparaîtraient. Moins d’études à payer, moins de jeunes pensionnés par leurs parents, moins de pensions de retraités à payer. Quant aux investissements dans l’économie réelle, ce serait le Pérou ! Même plus besoin de jouer des martingales folles dans la finance virtuelle. Le bonheur. A condition pour les gens comme moi, les entrepreneurs et les spéculateurs, de rester planqués et de ne surtout pas se laisser aller à utiliser les bombes atomiques. Ou alors, celles à neutrons. Seulement celles à neutrons. Quoique… Ne pas faire de ruines, ce n’est pas gentil pour les bétonneurs.

- Mais, l’environnement ?

- Quel environnement ?

- L’atmosphère risque d’être pollué, les gaz à effet de serre…

- Non ! Mais tu es d’une ignorance crasse, mon petit ! Il n’y a pas plus écologique que la guerre. Quand on réussit à débarrasser quelques millions d’individus de la surface du satellite, on diminue le nombre de péteurs, d’automobilistes, de mangeurs de viande, de consommateurs. C’est autant de gagner pour les forêts sauf si des réfractaires à la guerre vont s’y réfugier car on risque de devoir les débusquer à coups de défoliants. Et puis, il faut songer à l’après guerre, nom de Dieu ! Tu n’as pas remarqué, cher ami, que certains paysages de nos belles régions industrielles prenaient des allures de paysages d’après guerre sans qu’il y ait eu beaucoup de morts à part quelques dizaines de suicides ? Alors qu’avec une vraie guerre, on aura comme en Syrie, comme au Liban, comme en Lybie, comme en Somalie, comme en Erythrée des vrais paysages de guerre avec plein d’immeubles à reconstruire pour les survivants, parce qu’il y a toujours des survivants.

Et puis, tous ces gens endettés par leurs maisons et leurs voitures à rembourser, hein ? Ou ils seront morts donc peinards, ou ils n’auront plus de maison. Hein ? Je te vois sourire… Si, si, tu te marres. Tu te dis : « les banques n’auront rien à hypothéquer » n’est-ce pas ? Ha, ha ! Mais les survivants, il faudra bien les aider à se reloger, non ? Et ça repartira ! Avec l’aide de l’Etat ou des états qui n’auront pas joué à la guerre. Mais, ce serait une erreur. Quels sont les états qui s’en sont sortis le mieux à l’issue de la dernière guerre ?

- L’Allemagne, le Japon, les USA et les pays européens du Plan Marshall.

- Eh oui ! Alors… Avoue que ça vaut la peine de risquer le coup, non ?

- Mais vous n’avez pas peur que ça vous retombe dessus ?

- Non ! Pourquoi ? J’ai une maison qui m’attend en Nouvelle Zélande.

- Mais au lieu de faire la guerre comme l’ont faite les générations précédentes, ne pourrait-on construire définitivement la paix en modifiant complètement notre approche de la conception de la vie ? En se posant la question : « Pour quoi, pour qui, vit-on ? » Et puis : « Qu’est-ce qu’il me faut pour vivre ? »

Avons-nous vraiment besoin de tous ces produits que l’on nous propose, que l’on nous impose en titillant notre ego, en faisant jouer le désir, ce capitalisme de séduction qui a fait se multiplier par cent le volume de nos détritus en cinquante ans ?

                      - Mais le dynamisme économique, la Sainte Croissance ?

   - Justement ! Pensez-vous vraiment qu’une croissance infinie est viable dans un monde fini ?

- Mais qu’est-ce qu’on en a foutre ? L’argent ? Il ne t’intéresse pas l’argent ? Tu n’as pas besoin d’argent, toi ?

- Si ! Mais c’est juste un moyen d’échange. Ce n’est sûrement pas le but de ma vie. Je n’ai jamais compris quelle jouissance il y avait à crever avec un tas de biftons de côté.

- Et l’avenir de tes enfants ? Qu’est-ce que tu vas leur léguer ?

- Mais vous venez de me dire que vous n’en aviez rien à foutre de l’avenir de la planète. Vous vous contrefichez royalement de l’avenir de vos rejetons.

- Jeune homme, on ne remet pas en question tout le système en place qui fait que toi et ta génération vous vivez dans un pays riche !

- Il est riche de quoi mon pays ? De ses dettes, de ses chômeurs, de sa pollution, de ses malades, de ses citoyens que l’on incite à toujours plus s’endetter, à se haïr, à entrer en compétition les uns contre les autres, à croire qu’ils peuvent s’en sortir alors que l’on met tout en œuvre pour qu’ils soient encore plus dépendants ?

C’est superbe un pays riche. C’est magnifique ! Il peut regarder le monde en ruines qu’il a mis en place et écraser une larme devant quelques rares photos d’enfants en train de doucement crever de faim parce que non seulement les bouleversements climatiques, la sècheresse, les sauterelles, les épidémies sévissent, mais des gouvernements corrompus ont fait de la faim une arme, parce que des traiders et des spéculateurs jouent dans les world trade centers sur le cours des denrées alimentaires en toute impunité.

- Heureusement !

- Comment, heureusement ?

- Mais sinon, la population mondiale serait encore bien plus nombreuse et nous serions encore plus envahis que nous ne le sommes déjà.

- Parce que, dans vos quartiers chics, vous vous sentez envahis ? Je parcours la France rurale, ses petites routes, ses grands espaces cultivés et boisés, ses « déserts ». Je n’ai pas du tout l’impression que nous sommes « envahis ».

Soit, je veux bien admettre que certains quartiers de nos villes laissent à penser que nous sommes quelque part en Asie, ou en Afrique. Ce n’est jamais que la politique de ghetto mise en place depuis des décennies. Mais dans les 98% de la superficie du territoire, aucune invasion. D’autant que parmi les français, il y a tous ceux qui sont nés en France. Nous en sommes à la troisième voire à la quatrième génération de gens venus du Maghreb ou de l’Afrique occidentale ou des DOM-TOM. Ils ne sont pas moins français que vous et moi. C’est cela la population française que ça vous plaise ou non.

- Tu n’as aucune conscience du rôle de la compétitivité nécessaire pour que la France en Europe et dans le monde puisse tenir son rang.

- C’est quoi la compétitivité ? A part l’art de se bouffer les uns les autres pour que les profits soient maxima en pesant sur les salaires que vous alignez sur les plus bas ? Ne me prenez pas pour un bleu ! Permettez-moi de vous le dire droit dans les mirettes, mais votre compétitivité, vous pouvez vous la mettre là où vous pensez et… profond !

Parce qu’en réalité, vous vous moquez complètement des intérêts de la Nation. Vous, vous jouez à l’échelle planétaire et quoi que l’on dise, ou que l’on fasse, vous parierez sur des pays, des esclaves qui vous rapporteront le plus de capital. Vous voulez supprimer le rôle de l’Etat, le droit des salariés vous donne des boutons, le droit du travail vous révulse, les acquis sociaux vous font vous étrangler. Ce dont vous avez besoin c’est de consommateurs et de producteurs et encore ! S’ils ne pouvaient être que consommateurs endettés ce serait encore mieux ! Sauf, que si l’abstraction des chiffres vous fait bander, la vie est constituée d’êtres de chair et de sang, dotés d’un cerveau pas toujours docile. Et je vous jure que si jamais vous continuez à nous considérer comme des sujets vous risquez de vous retrouver dans ces belles prisons dont vous rêvez la multiplication.

- Oh ! Mais c’est qu’il deviendrait méchant le minot ! N’oublie pas que nous nous sommes donné les moyens de dominer le monde. Les politiciens de tous bords nous mangent dans la main. Les états ou ce qu’il en reste sont à notre pogne. Les institutions internationales sont sous notre contrôle. L’armée, la police, la justice sont à l’ordre de nos marionnettes élues. Alors, restez dans les passages protégés jeunes gens, sinon, il vous en cuira !

A commencer par une bonne guerre pour vous mettre du plomb dans la cervelle. Et pas qu’au figuré ! Rompons là ! Il faut que je surveille ce que font mes chevaux de course en ce beau dimanche ! Et je ne vous dis pas au revoir, jeune présomptueux ! Non, mais !

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