A 9 h, rendez-vous chez mon ophtalmologue pour contrôler l’état de ma DMLA suite à la piqure de l’autre jour. C’est mieux, pas de nouvelle piqure en vue, mais contrôle quotidien de la vue sur ma mire, et dès que les lignes commencent à faire des vagues, je retourne la voir en urgence. Mme A. ausculte avec gants, masque, blouse, et charlotte. Normal en ces temps d’épidémie. Mais cela rend les rapports humains plus distants.
Toutefois, j’éprouve pour cette femme une reconnaissance et une admiration totales dans la mesure où elle me sauve d’une cécité programmée. Je lui demande de derrière mon propre masque : « Et vous ? Ça va ? » « Non, pas trop ! » « Qu’est-ce qu’il vous arrive ? » « Je viens de perdre un être cher ». Et des sanglots dans la voix.
Condoléances, puis paroles de réconfort et je la laisse aussi exprimer sa douleur en essayant de la consoler, avec ces mots pas complètement inutiles mais qui s’usent avec le temps, tout en étant indispensables à surmonter la violence du moment.
Sa secrétaire m’a appris qu’elle avait reçu un coup de téléphone en venant au cabinet lui annonçant la mort de sa mère. Rien à voir avec le Covid-19. Mme A. pourrait être ma fille aînée, donc sa maman a le même âge que moi ou guère plus. D’autant que « rien ne le laissait prévoir ».
Les morts subites sont celles que l’on se souhaite, mais sacrédié, qu’elles sont difficiles à apprivoiser pour ceux qui restent. Nous avons déjà donné. On connaît.
Elle ne sait pas encore qu’elle s’en remettra. Elle était tout à sa douleur de fille d’avoir perdu celle qui l’a mise au monde.
Tout à coup, on a l’impression que notre vie s’effondre. Il faut quelque temps pour accepter que c’est fini. Et se déversent sur nous les regrets de n’avoir pas pris suffisamment de temps pour parler, pour cajoler, pour dire tout l’amour que l’on avait.
Et même des années après, alors que l’on s’aperçoit que l’on est plus âgé que ses parents dessous la terre depuis des années, en feuilletant un vieil album de photos de famille, une pensée vient, absurde et douloureuse : « Il faut que je demande à Maman ou à Papa, qui est cette dame derrière ma grand-mère ». Zut ! Que t’es con !
Plus de réponse et une bouffée de peine vient s’épanouir dans la mémoire comme si les disparus ne mouraient vraiment qu’avec la mort de ceux qui les ont connus.
Le nichoir du cerisier face à la porte vitrée de la cuisine est tout piaillant d’une arrivée de mésanges charbonnières. Nous avons eu droit, ce matin à des trilles en guise de faire-part. La vie continue, enfin pour le moment, car nous sommes bien fichus de la faire disparaître avec la reprise de nos activités. Reprise non prévue officiellement. Sauf, qu’il y a un peu plus de monde qui va au boulot. Tout doucement, on sent que le patronat a du mal à croire vraiment aux conséquences catastrophiques de la propagande que la télé nous assène.
Attention ! Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’épidémie, je dis seulement qu’on la grossit, qu’on dramatise, qu’on s’exerce à mâter les masses. C’est tout.
D’autant plus que le SRAS-Covid-2 s’est même attaqué à Boris Johnson lui-même admis hier à l’hôpital et sous assistance respiratoire. Si le salopard de virus se contentait de faucher les pauvres, les sans-abri, les migrants… bof ! Mais, c’est qu’il s’attaque aux « grands » de ce monde les ramenant vite fait à l’état de patients devant obéir aux services hospitaliers dont ils se plaisaient à supprimer les postes et les moyens de fonctionner.
Ce Covid voit rouge et jaune ! Je ne vous dis pas la vengeance de ces "chevaliers" défenseurs de la droite et de l’or fol dingue quand on aura trouvé comment lui faire la peau à Coco Rona.
N’ y a-t-il pas eu dans les gazettes, un sous-fifre du ministère de la Santé pour oser rappeler qu’en fin de partie, les coupes budgétaires prévues contre l’hôpital de Nancy seront maintenues ?
Pas intérêt à attraper le virus ce virulent, sinon, attente en isolement, non pas dans le couloir, mais carrément dehors ! Mérite pas mieux ! Preuve de ce que j’avance.
Eh bien ! Quelle surprise ! Voilà-t-y pas que l’ami Frédéric Lordon vient de commettre un billet de blog sur Le Diplo, qui n’est guère en contradiction avec mes élucubrations quotidiennes.
C’est ici, et ce n’est pas long à lire. Juste un petit coup de gueule comme je les aime et quelques vérités qui font du bien à entendre. L’impression de se sentir moins seul, tout à coup, sans pour autant croire que ces perspectives vers le futur, seront couronnées de succès.
Ce ne sont pas tant les tapeurs de mots sur leurs ordi. qui vont réussir à renverser la table et « passer de la pré-histoire » à enfin « l’histoire de l’humain ». Déjà, souvenez-vous de la citation de Paul Valéry, hier, que j’ai partagée avec vous. Ce grand poète, philosophe et penseur réclamait l’avènement de l’homme. Nous, nous contenterons de l’humain. Et si je remonte encore un peu, je rencontre Diogène, en la recherche d’un homme.
Mouiiii ! Éloge de la lenteur. Les hommes ont bien du mal à devenir humains. Quand on pense que la plupart des « irresponsables d’État » en sont encore à avoir une mentalité de général romain, à l’heure de la guerre des étoiles, des invasions cybernétiques et autres saloperies de haute technologie : « Si vis pacem, para bellum ! » que je remplacerais volontiers par « Si tu veux la Paix, prépare la Paix ! ».
Plus facile à dire qu’à faire avec tous ces assoiffés de tripes à l’air, de bombardements meurtriers, de GSP Guerre au Sein des Populations, au couteau, à la bombe, à la Kalach, à la sarbacane, au lance-pierres, au LBD, à la grenade… STOOOOOP ! Pistolets à eau pour tout le monde.
Comme si on avait besoin de se taper dessus alors que l’on a à faire face à je ne sais combien d’agressions diverses : grippes, paludisme, malaria, peste, tuberculose, choléra, cancers en tous genres, accidents du travail, de la route, des sports à risque, faim…
En attendant l’épidémie continue doucettement sa progression, voir le tableau du jour, ici.
Les USA vont être difficiles à battre. New-York, quasi capitale du monde est gravement touchée, mais aussi les états du Sud, pauvres, toujours pas remis de la ségrégation, des cyclones qui se suivent et mettent tout à plat, avec une population âgée, mais surtout une population sans couverture sociale, bouffant mal, avec obésité, diabète et autres maladies cardiaques, ce qui n’arrange rien.
J’ai vérifié les chiffres du Vietnam au regard de l’article cité ce jour. Pour 90 M d’habitants, un peu plus de 230 malades et 0 décès. Étonnant, non ? Si c’est « vérité vraie », qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans nos pays « riches » et « développés » ? Serions-nous victimes de notre « suffisante supériorité » ?
M. Le Président de la République est allé en Seine Saint Denis, faire de la comm’, avec garde rapprochée, sans masques et sans distances de sécurité respectées, remercier les habitants de rester confinés. Exemple remarquable de sa cohérence : « Vous ! Couchez ! A la niche, sinon gare ! Moi, pas de problème, je vais où je veux avec qui je veux ! Et je vous em… » Est-ce qu’une fois de plus, nous ne serions pas pris pour des c… ?
Je suis allé chercher le renouvellement de nos ordonnances qui étaient à ma disposition, suite à mon coup de fil de ce matin. Pas de masques à la disposition des clients. Quant aux pharmaciens, ils en ont reçus pour eux, mais pas pour leurs préparatrices et encore, ils doivent le garder deux jours, alors qu’il faut en changer toutes les quatre heures. C’est l’efficacité française à comparer avec ce qui se passe en Allemagne, en Autriche qui commence son déconfinement, ou ailleurs.
Diriger un pays comme une entreprise et l’on aboutit à ces aberrations où Kafka le dispute au Père Ubu.
Je n’ai pas pu m’empêcher de dire à ma pharmacienne : « Il faudra vous en souvenir de la manière dont a été gérée cette épidémie ! » Fermez le ban !
Complément des statistiques pour la France :
Pour les amateurs de beauté poétique, j’ai choisi un poème tiré de « Le fou d’Elsa » d’Aragon, l’un des plus beaux livres de notre littérature :
LE FUTUR VU
Je te parle et tu me fuis
Je te suis et tu t’envoles
Tes yeux ailleurs qu’où je suis
Ton cœur pris d’autres paroles
Et dans l’aveugle d’aujourd’hui
Mes jours sont des jours de pluie
Je te parle et tu es toute
A des songes là-bas
Tu me fuis prenant des routes
Que mon pas ne connaît pas
Je te suis et je redoute
Au loin ce que tu écoutes
Amour qu’est-ce que tu vois
Qu’il ne m’est pas permis de voir
Que disent-elles ces voix
Trop distantes pour y croire
Pour moi qu’en toi qui ne crois
Et ne puis quitter ma croix
Cette vie elle s’achève
Amour mon seul absolu
Pour toi des soleils se lèvent
Qui crépuscules n’ont plus
Cette vie longue et brève
Amour d’au-delà des rêves
Demain n’est pas mon verset
Demain n’est pas mon domaine
Je n’y puis y avoir accès
Même au bout de ma semaine
L’avenir qu’est-ce que c’est
Je l’ignore et tu le sais
Tu me dis d’obscures choses
Au seuil des temps lumineux
Et c’est comme avant les rose
Les rosiers ne sont que nœuds
Tout fleurit où tu te poses
Elsa des métamorphoses