C’est l’été, la baignade, la piscine.
La bourse plonge. Normal.
Cela en fait frémir quelques-uns habitués à s’en mettre jusque là, à jouer sans perdre ou si peu.
Etrange époque où les états, soit disant les plus forts, font des guerres sans en vouloir payer le prix. Quelle horreur quand des soldats français ou américains, ou italiens ont un « accident du travail ». On voit même notre Suprême Raccourci venir parler de la souffrance qu’il éprouve.
Les autres accidentés du travail, eux, n’ont jamais droit à des funérailles nationales. Jamais. Sauf, les policiers et les gendarmes, bien sûr.
Les spéculateurs, ces joueurs de poker, les banques imaginatives créatrices de « produits » aussi frelatés que certains produits pharmaceutiques, jouent avec la vie de millions de gens, en les incitant à s’endetter, en réifiant le savoir, l’humanité, en jouant au yoyo avec les matières premières et les produits alimentaires, enrichissant par-ci, condamnant à la famine ou au surendettement par-là, en toute impunité, avec la complicité des gouvernements qu’ils ont bien en pogne, qu’ils tiennent bien serrés, parce que ce sont aussi leurs débiteurs.
Ils nous ont mis au point une énorme carambouille spéculative avec les subprimes, les titrisations et autres martingales de mes deux. Du vent, du pet de bourge, qui pue autant que le moindre pet de pleupleu. Tout cela a plus ou moins explosé en 2008.
Les minus que nous avons élus, - ah quelle merveille que la démocratie bien tempérée ! – sont venus au secours de ces malfrats. Il y a eu des promesses, des aides, des socialisations des pertes, des roulements de tambour pour annoncer la « fin des paradis fiscaux », pourquoi pas des haricots, on allait voir ce que l’on allait voir. On allait « moraliser le système » (sic). Alors que par principe, par essence, le système ne possède qu’une morale, une seule, s’en mettre plein les fouilles par n’importe quel moyen.
Et il y eut même des folliculaires et des chiens de leur maître, des courtisans en mal de maroquin à venir ou à conserver pour se pâmer devant tant d’audace, pour louer notre Président Sauveur, notre Messie.
D’aucuns parmi les analystes les plus sérieux, nous ont avertis que La Crise n’était nullement réglée avec les cautérisations usitées. « Rien n’est réglé » disaient-ils. « Cela va recommencer ». Ces Cassandre n’ont eu droit qu’au mépris et au pire du mépris, au silence.
Heureusement, il y a Médiapart et les analyses de Martine Orange, il y a Le Monde Diplomatique et Serge Halimi, plus un article ou une entrevue par-ci, par-là d’Emmanuel Todd. Mais face au matraquage médiatique radio télévisé, cela ne fait pas le poids. Et puis, ce ne sont point eux que l’on voit le plus souvent aux JT.
Par contre du Minc, on en bouffe, du Trichet on en a jusqu’à plus soif, du Cohen, c’est midi et soir.
Mais alors, gros malin, qu’aurait-il fallu faire ?
La Suède confrontée à des dérapages de ses banques privées les a nationalisées. Du coup, elle a moins trinqué en 2008 que les autres « génies des alpages », ces moutons du Kapital.
Elever des barrières douanières aux produits chinois fabriqués à des coûts impossibles à tenir aurait dû être une décision de l’UE. Mais ce n’est pas avec le ramassis de laquais que l’on a désignés et avec les chefs de gouvernements ou d’états que nous nous sommes donnés qu’une telle décision peut être prise. J’en conclus qu’ils ne représentent pas les peuples qui les ont élus mais les pontes de la finance dont ils ne sont que les fondés de pouvoir.
Des banques dirigées par des états et des gestionnaires compétents retrouveraient le chemin de leur raison d’être en n’investissant que dans du « solide » : nouvelles entreprises industrielles et commerciales, infrastructures renouvelées, recherche et développement.
Faire le ménage dans les monnaies. Commencer par laisser filer une inflation mesurée, dévaloriser l’euro pour qu’il ne soit plus victime de la surévaluation du yuan, du yen et du dollar qui n’est qu’une monnaie de Monopoly compte tenu des déficits des USA. Mais pour cela, il faut avoir des c…, savoir faire entendre raison à ses partenaires, jouer collectif, revenir aux « fondamentaux », pour reprendre une expression footballistique.
Enfin, anticiper sur le long terme, en sachant que la croissance infinie dans un monde fini n’est qu’un mirage, un rêve, une menace, un suicide de nos civilisations.
C’est en investissant sur et avec les hommes que l’on s’en sortira. Or, les financiers, les spéculateurs, les traders et autres boursicoteurs comme les fonds de pensions et autres fonds souverains ne sont point humains. Ce sont des abstractions mathématiques dépourvues de toute humanité. Des calculettes informatisées. C’est la fameuse main de fer du marché qu’il faut trancher.
Quels hommes ou femmes politiques sont prêts à réviser leurs schémas de pensée et à imaginer la nécessaire révolution intellectuelle qui nous permettrait de relancer une relative stabilité de nos économies et de nous donner les moyens de vivre décemment ?
Comme Diogène, je cherche un homme. Ou une femme.