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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 9 novembre 2012

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« EFFONDREMENT » de Jared Diamond

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Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie

(2006 Gallimard)

Il y a des livres, comme ça, que l’on aperçoit chez le libraire, que l’on prend en mains, dont on lit la quatrième de couverture, qui font envie, et que la somme de lectures en cours, les autres activités du moment, le poids de papier vous font reposer en attendant des jours meilleurs.

« On le lira plus tard ! »

Et, on l’oublie.

Jusqu’à la lecture d’un article où on le trouve référencé. Tiens ! Au fait ! Je ne devais pas le lire ce bouquin-là ? On se précipite chez le libraire qui ne l’a plus depuis longtemps. Il y a tant d’ouvrages qui paraissent que les plus anciens disparaissent vite. On le commande donc via Internet. On l’a même d’occasion et c’est une révélation.

Il existe des livres qui vous marquent plus que d’autres. Ils servent à vous construire. On s’étonne, passé un âge certain que l’on ait encore besoin de se construire.

Mais ce qui étonne encore plus, c’est qu’on se demande si des gens un peu plus jeunes, qui tentent de vous gouverner, prennent le temps de lire, ces livres que l’on juge essentiels pour la compréhension du présent.

Plus de six cents pages où sont évoqués les effondrements, les disparitions de civilisations et des problèmes actuels.

Le Montana contemporain est en plein bouleversement. Pourquoi la société de l’île de Pâques a-t-elle disparu ? Et les Anasazis ? Et les Mayas ? Ainsi que les Vikings du Groenland ?

Jared Diamond prend le temps d’analyser, d’observer, de visiter. Pitcairn, Henderson ont été occupées par des mélanésiens venus de Tahiti et leurs sociétés ont disparu.

L’intérêt d’observer ces lieux clos que sont les îles permet de les comparer à notre planète mise à l’heure de la mondialisation. Il est d’ailleurs étonnant que J. Diamond oublie de nous rappeler que nous vivons sur un des  satellites d’un soleil parmi des milliards de milliards de soleils et que, sauf découverte à venir, nous sommes pour le moment bien seuls et sans possibilité de repli si jamais le satellite ne devient plus habitable.

Car, l’intérêt de prendre conscience de l’effondrement des civilisations anciennes, c’est de constater qu’il est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs, tous étonnamment actuels : dommages environnementaux, changements de climat, voisins hostiles, rapports de dépendance des partenaires commerciaux, et les réponses apportées par une société selon ses propres valeurs à ces problèmes.

Or quand on voit l’entêtement de bêtes brutes de nos gouvernants dans la croyance en « une croissance infinie dans un monde fini » ; leur dogme de l’austérité comme moyen de sauver une Europe qui n’existe guère, l’exploitation éhontée du Tiers Monde par le Premier Monde, l’arrogance de ce Premier Monde, « béni par Dieu » et voué au culte exclusif du fric à n’importe quel prix, l’on peut trembler et affirmer que l’on va vers l’abime.

Paradoxalement, J. Diamond relève que l’avantage que nous avons par rapport aux civilisations anciennes qui ont disparu, c’est que nous avons des connaissances archéologiques, des moyens de communication efficaces et donc la possibilité d’influer sur les décideurs.

Bien plus, il a constaté de visu en Nouvelle Guinée Papouasie que la recherche pétrolière menée par Chevron se fait avec des normes de respect de l’environnement rigoureuse. Tout simplement parce qu’il est plus « rentable » de travailler proprement plutôt que d’avoir à réparer les dégâts. Effet « Exxon Valdez » qui a coûté des milliards de dollars à Exxon.

Idem pour la déforestation qui se poursuit allègrement dans les pays pauvres mais qui a été arrêtée dans d’autres parties du monde. Ainsi, le Japon qui était à deux pas de se retrouver sans forêt s’est ressaisi  et les shoguns de l’ère Tokugawa ont mis en place une politique de reconquête de la forêt. Idem pour l’Allemagne, ou pour la France qui a une superficie forestière plus importante aujourd’hui qu’elle n’en avait sous Napoléon Ier.

Demeurent les problèmes de surexploitation de la réserve halieutique (voir le Monde diplomatique de nov 2012), nos océans se meurent, les problèmes d’épuisement des réserves minières, dont le pétrole et le gaz.

Enfin, l’on sait que le principal danger pour notre satellite, c’est la surpopulation quoi qu’en disent certains individus. La Chine a pris son destin en main, de manière brutale mais efficace en limitant les naissances. Ailleurs, dès que le niveau de vie s’élève et que les filles vont à l’école, il y a baisse de la natalité ce qui ne signifie pas diminution de la population très significative et surtout suffisante par rapport aux aspirations des plus démunis de vivre comme les plus nantis.

On sait, et je l’ai enseigné jadis, que si jamais les masses chinoises et indiennes possédaient le même niveau de vie que les nord- américains ou les européens, notre satellite serait vite épuisé.

Les croyants optimistes dans la technologie triomphante sont aussi obtus et dangereux que les croyants de jadis. Ainsi, les très chrétiens norvégiens qui occupèrent le Groenland, persuadés de détenir le vrai Dieu, donc d’être supérieurs aux « sauvages » Inuits ont disparu, faute d’avoir eu l’intelligence et l’humilité d’adopter leurs modes de vie.

Il arrive même et souvent qu’une technologie nouvelle qui devait nous sauver n’a fait que reculer ou empirer notre manière de vivre. Voir la suite, utilisation du bois, du charbon, du pétrole et du nucléaire. Les rejets ultimes des centrales obèrent l’avenir des générations futures.

Voir aussi les introductions de plantes ou d’animaux venus de l’extérieur pour reproduire un mode de vie importé et qui menacent l’équilibre, la survie du Continent australien (renards, moutons, lapins).

On voit que les problèmes soulevés par ce livre sont d’une autre tenue que ceux du « mariage pour tous ». Il y a là, matière à réflexion, à prise de conscience et surtout à une transformation audacieuse de notre manière de vivre.

On aimerait que les responsables politiques et économiques soient conscients des enjeux que soulève cette étude.

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