On se souvient de l’ouvrage de Rafaele Simone « Le monstre doux », qui nous faisait prendre conscience que le système économico-politique dominant constituait une dictature « douce », sans effusion de sang, sans défilés militaires aux flambeaux, sans salles de tortures, sans dictateur pratiquant le culte du moi.
Avec la décision du gouvernement grec de fermer sa télévision publique, sous la pression de la Troïka, « l’expérience grecque » se poursuit. Brutalement. Dictatorialement. En tuant un organe de presse qui apportait de l’information, des débats, des critiques, des analyses et qui, sous prétexte qu’il était mal géré et coûteux vient d’être rayé d’un trait de plume avec l’aide de la police qui s’est emparée du principal émetteur, un nouveau pas est franchi dans la décomposition des démocraties en dictatures.
Et il y a des commentateurs français pour s’en réjouir et réclamer qu’il en soit de même en France puisque pour une minorité imbécile, les journalistes du service public seraient « tous de gauche » (sic).
Si l’on rapproche cet événement, conséquence de la politique d’austérité imposée par les zombies de l’UE, tous adorateurs du Saint Fric et de la croissance infinie, de la politique de surveillance des échanges sur la Toile par les USA, de la manière dont M. Erdogan règle son compte au « mai 2013 turc », à la mise en place d’une politique d’exception à l’égard des déplacements de certaines populations européennes (les Roms), de l’autisme des dirigeants français et européens face aux revendications de leurs salariés et de leurs concitoyens, l’on ne peut que conclure que :
1°) nos démocraties ne sont que des illusions,
2°) le « monstre doux » se durcit pour devenir un totalitarisme non plus « rampant » mais « effectif ». Bien réel.
Les peuples vont-ils encore longtemps subir sans se soulever ? Jusqu’où peuvent-ils tenir ? Et quand ils passeront de la protestation légale à la révolution, nul doute que les pouvoirs en place trouveront aux côtés des forces répressives légales des volontaires pour aller casser du protestataire, du démocrate, et réclamer la fin de la gabegie, un chef, un conducator, un führer ou un duce.
Avec les manifs anti-mariage pour tous, « les loups sont entrés dans Paris ». Avec mort d’homme svp.
Mais chut ! Mlle Le Pen serait devenue tout à fait fréquentable et fait partie intégrante du « système » qu’elle dénonce. Les catholiques extrémistes seraient les gardiens de ces valeurs ancestrales de la Fille aînée de l’Eglise. Et le libéralisme économique mondialisé constitue le meilleur des mondes possibles.
Qui s’y oppose doit être éliminé au plus vite.
La mode n’est plus à la jouissance du temps qui passe, de ce gentil présent où l’on se sent encore vivant, heureux et étonné de l’être. Non ! L’heure est à l’agenouillement, à l’obéissance aux lois du marché et à la volonté divine revue et corrigée à la fois par le Vatican et le Coran.
Gare à ces illuminés qui voient dans leurs semblables des frères et des sœurs égaux. Bisounours, va ! L’heure est à la haine, à la peur de l’autre, à la dénonciation du déviant sexuel, économique, politique, de l’homme ou de la femme de couleur, de l’étranger. Le musulman a pris la place du juif. Sans que celui-ci ne se réjouisse trop. L’humaniste n’est qu’un imbécile, et les valeurs de la République appartiennent au diable puisque teintée de franc-maçonnerie.
Le culte du Veau d’Or nécessite des sacrifices pour les masses. Qu’elles prennent leur mal en patience. Elles auront leur revanche dans une autre vie. D’ailleurs, tous les requins ont adhéré depuis longtemps à cette sainte prophétie : « Au royaume des cieux, les premiers seront les derniers ». Ayons une pensée fraternelle pour tous ces riches qui sacrifient leur vie éternelle pour le plus grand bonheur des pauvres.
AH ! Il est beau, il est réussi le retour des religions alliées aux banques qui ne s’enrichissent vraiment qu’avec l’endettement des états et des particuliers. L’hypocrisie se porte d’autant mieux que les démocraties se portent de plus en plus mal.
Mais je ne me fais guère d’illusions, mes élucubrations demeureront confidentielles.