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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 12 octobre 2011

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Recette pour devenir Président de la République (nouvelle version)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

(Rappel pour ceux qui l’auraient oubliée)

Prendre un garçon ou une fille à tendance parano, le ou la plus jeune possible, ayant une envie farouche de dominer les autres.

La « maladie » peut arriver plus tard, elle est alors moins grave.

Après épluchage, découpage et dessalage le ou la réduire à des études de droit, ou Sciences-Po et l’ENA, cette pépinière de hauts fonctionnaires que le monde nous envie, mais dont les membres n’ont qu’une envie, c’est de ne plus être fonctionnaires.

Lui faire choisir l’une des deux voies qui conduit au pouvoir : voie de droite, voie de gauche. Peu importe les convictions personnelles, ces bonnes écoles savent enseigner l’art du discours, et tout bon élève est capable de réunir les meilleurs arguments pour convaincre les sympathisants, ou de droite, ou de gauche.

Entrer dans l’écurie d’un homme politique au sommet (ministre, président de la République, sénateur ou député faisant partie de la direction d’un parti) et laisser mijoter quelques années.

Être le fils ou la fille de… constitue un atout supplémentaire et facilite le départ, comme toujours, et permet de gagner du temps de cuisson.

Un séjour auprès d’un des grands du CAC 40 peut aussi être une voie possible d’atteindre le pouvoir qui est toujours économico-politique. Le temps de cuisson est à peu près le même.

Être élu, député, maire d’une grande ville, conseiller général et président du conseil général ou de région, et même cumuler tout cela se révèle rédhibitoire. C’est ce qui permet de lier la sauce en l’épiçant.

Dans tous les cas, il faudra être adoubé à la fois par le pouvoir politique, quel qu’il soit, et par le pouvoir économique. D’où l’appartenance nécessaire à des clubs, des ententes, des francs maçonneries, des Dîners du Siècle et d’ailleurs. Le mélange de la mixture doit être finement haché et incorporé discrètement en sachant doser et équilibrer les saveurs.

La concurrence à l’intérieur d’un parti est âpre. Avoir une gueule, de l’entregent, de la facilité d’expression, de la créativité pour réunir autour de soi une meute, un courant qui élargira le « réseau ». Vinaigrer, mais point trop.

Pas de réseau politico-économique, pas de candidature envisageable. Le plat risque de tourner court et de floquer.

S’emparer du parti ou en être l’une des figures les plus remarquables est incontournable.

Un parti, c’est le regroupement de milliers de militants séduits par quelques idées, qui serviront de main d’œuvre pour le collage des affiches, pour les réunions publiques, pour la retape et auxquels on fera des promesses qui n’auront de valeur que pour ceux qui y croiront. Ajouter un peu de miel et touiller d’une main ferme.

Ah ! Un(e) futur(e) Président(e), se doit d‘être doté(e) d’un pouvoir de séduction. Beauté physique, éloquence, gentillesse de convenance, art consommé du menteur professionnel, c.à.d, qualités d’acteur. Tout individu incapable de mentir effrontément sera éliminé de la course. Car, il s’agit d’une course de fond et… de fonds. Songer à bien présenter le plat, artistement, esthétiquement.

Ne pourra concourir que celui ou celle qui sera capable de « soulever des fonds » pour acheter de la pub télévisée, de la pub dans les journaux ou sur le Net. Ce qui suppose de riches donateurs auprès desquels l’on s’engagera à leur renvoyer l’ascenseur : avantages fiscaux, niches, exonérations, fausses augmentations d’impôts, annonce de la suppression des paradis fiscaux en guise de brouillard auprès des électeurs…

Ne jamais s’éloigner de la cocotte où tout cela réduit à petit feu. Être obsédé par la course, ne penser qu’à elle à chaque moment de la journée, et se mettre la presse « in the pocket », voire « in the bed ». Faire la une des journaux de papier glacé, apparaître quelques secondes chaque jour au JT, être cité, être interviouvé, être sur les plateaux de télé dans toutes les émissions les plus regardées, quitte à être un peu chambré, sachant que le ridicule ne tue plus depuis longtemps.

Dans un cul de poule, mélanger des épices et des herbes dont on recouvrira l’assiette au moment de servir.

Ecrire un livre, ou le faire écrire, soit sur un personnage célèbre, ce qui fait intellectuel, soit sur les problèmes du moment, ce qui fait programme, fera rêver et séduira sans engager.

Quelques voyages à l’étranger, la fréquentation de peoples, « philousophes », artistes, saltimbanques, nouveaux et anciens riches sont indispensables.

Une belle photo à côté de ses futurs partenaires chefs d’Etat est incontournable. Surtout s’il y a une petite mallette de retour pleine de fafiots et des promesses sur investissement par alliances militaires, accords commerciaux, mises en place de filières de formation pour les élites du pays, ou avantages assurés pour les entreprises du pays visité quitte à ce que cela crée une concurrence avec les petites entreprises françaises.

Vérifier le goût, rectifier éventuellement.

Enfin, ne pas craindre de regarder dans la glace sa tête de traître. Traître à soi-même quand on a renié ses aspirations de jeunesse, traître vis à vis de ses mentors, de ses amis, de ses mandants…

Aller au contact de la population, serrer des milliers de mains, s’intéresser aussi bien aux résultats des recherches de nos élites scientifiques que du plus gros brochet pêché dans l’étang d’à côté. Faire simple avec les simples, esthète et cultivé avec l’élite.

Sé-dui-re.

Au moment de servir, dresser les assiettes avec quelques fleurs de rhétorique, ajouter le mélange du cul de poule.

Proclamer, déclamer, discourir en fonction de l’auditoire. B-A, Ba. Les gens n’écoutent que ce qu’ils veulent entendre. D’où les contradictions que quelques facétieux Canards relèvent mais qui n’offusquent guère que ceux qui ne voteront jamais pour ce candidat-là.

Posséder un’ po’ ma non troppo une âme de guru : nécessité que vos partisans aient foi en vous. Le choix de votre bulletin ne relève pas de la raison mais de la croyance. Du moins au premier tour d’une élection à deux tours et trois mouvements.

Accompagner le service des assiettes avec un champagne frappé, seul vin qui séduit tout le monde et assurera votre victoire.

Ne jamais oublier que dans le « capitalisme de la séduction » et dans « la société de l’image », un candidat n’est jamais qu’un « produit » qui doit être désiré par le plus grand nombre. D’où la présence de conseillers en communication, de professionnels de la pub.

A toutes ces conditions, « tu seras Président(e), mon fils, ma fille…

« La démocratie est un mauvais système. Mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes » Winston Churchill.

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