Cette après-midi, balade obligatoire et permise, toujours dans le périmètre d’un kilomètre autour de mon domicile. Je n’ai jamais autant marché que depuis que nous sommes confinés. Descente, en ma ville-village par les lotissements, - St Léger possède une « frontière" avec la ville de Rouen, où j’ai constaté que chacun demeurait sagement en sa chacunière.
Rencontré trois couples à pieds et deux VTTistes sur le GR que j’ai fait restituer suite aux travaux de la DDE quand elle a détourné la départementale. Silence. Parfois, par la fenêtre ouverte me parvient une musique d’ascenseur.
J’ai même vu une lectrice au soleil, inscrite dans le rebord d’une fenêtre au rez-de-chaussée. « Les femmes qui lisent sont dangereuses ». Tout dépend de ce qu’elles lisent. "Mais, les lectures, ça fait penser. Et les pensées, ça fait gueuler. » Vie moderne, vie moderne. J’aime les femmes qui lisent. Je les adore.
Dois-je avouer que j’aimerais qu’il y ait toujours plus de lecteurs et de lectrices.
Parce que, ce que je constate avec dépit, c’est l’obéissance des gens, leur soumission aux consignes reçues, leur peur entretenue, leur docilité. Tous ont le droit d’aller se balader une heure par jour autour de chez eux. Peu en profitent. Pourquoi ?
N’y aurait-il pas, par dessus tout la peur d’être libre ? C’est tellement plus simple d’obéir. Quitte à râler, à bougonner, à vilipender. Parce qu’être libre implique raison et responsabilité. Maîtrise de soi et confiance dans les autres. Assumer ses responsabilités, pour la plupart, c’est une hantise. Le humains sont grégaires comme les moutons, et semblent avoir besoin de bergers et de chiens pour les regrouper, les faire changer d’alpe et les protéger des loups.
Parfois, ils deviennent adultes, se retrouvent en toute fraternité, et peuvent même se transformer en meute. Parfois.
Les humains sont étonnants et toujours inattendus. Pour le moment, ils obéissent, quand ils ne se surveillent pas les uns les autres. Lu, l’autre jour qu’il y avait, comme je l’avais prévu, une prolifération de « corbeaux », ces « bonnes âmes » qui dénoncent les comportements douteux de leurs voisins auprès de la police et de la gendarmerie. La période s’y prête. Abjecte. Et ce n’est qu’un début.
Très intéressant article à propos de cette note du CAPS (Centre d’analyse et prospective stratégique) adressée à qui de droit, - ministère des Affaires Étrangères-, sur les conséquences possibles de l’épidémie en Afrique. Un mélange de cynisme colonial et de lucidité sur la réalité de cette Afrique post-coloniale, où règnent des responsables politiques encore plus corrompus que les nôtres, avec lesquels nous nous entendons à merveille tant qu’ils défendent les intérêts de nos grandes compagnies.
Bien entendu, certains africains, ayant pris connaissance du rapport ont été outrés. Normal. Ils ont même osé rappeler qu’ils n’avaient guère de leçons à recevoir de gouvernements européens qui se sont montrés incapables de faire face à l’épidémie. Et pan ! Un coup de tam-tam bien senti.
Il n’empêche que tout n’est pas faux dans la note et que seul l’avenir nous dira qui a tort ou raison. Pour le moment la sur-mortalité sévit dans les pays les plus développés. Point, pas final du tout.
A Brétignolles/mer en Vendée, le maire a profité de l’épidémie, du confinement obligatoire pour aller faire brûler une ZAD qui protestait contre son projet de port de plaisance. Rassemblement d’une bande de sbires partisans du projet et copains de l’édile, complicité des pouvoirs publics, préfet, gendarmerie, qui se sont assis sur les décrets de confinement en cours, à croire que ce confinement est à géométrie variable : tantôt on verbalise, tantôt on regarde ailleurs, tout dépend si ça arrange ou pas.
Cet abruti croit que finie la période épidémique, tout va repartir comme avant. Que les classes moyennes hautes auront un besoin pressant d’anneaux pour garer leurs bateaux qu’ils utilisent 15 jours par an.
La seule certitude, c’est que l’océan va encore continuer de monter, les tempêtes s’amplifier et que ses travaux à la con risquent d’exploser vite fait. Pas grave, d’ici là, il sera à la retraite et un certain nombre d’entreprises en auront bien profité. Bravo ! Brétignolles sur Mer, une station balnéaire à éviter !
Il n’empêche, qu’hier, j’évoquais « la stratégie du choc », aujourd’hui, elle est là, et bien là. Or, ce qu’est capable de réaliser un petit maire à la con, vous pouvez imaginer ce qu’un gouvernement peut se permettre. L’avenir s’annonce orageux avec cumulus en formation avec risques de tornades.
Et c’est ce que redoutent les « piétineurs macroniens». Une sortie de crise avec crise de nerf de la population. Donc, on amortira le choc en fliquant tout le monde et son père. Par étapes. Mais, sûrement. Inévitablement.
Nos enfants ont pris de nos nouvelles, et Elsa est passée, seule, nous offrir des chocolats qu’elle venait de faire. Un délice. Retombée extraordinaire du télétravail, on a le temps de s’organiser et de se faire plaisir en s’adonnant à des créations que le rythme normal de vie empêche d’accomplir. Certains apprennent à vivre différemment. Nul doute que ceux qui nous haïssent, nous le fassent payer cher.
Dans la presse, on « chauffe » les citoyens, rapport au prochain laïus de M. Macron lundi soir. Le voici, le voilà, tout chaud sorti de ma plume qui en vaut bien une autre :
« Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,
L’épidémie de SRAS-CoV-2 qui s’est abattue sur le monde, n’a pas épargné notre si beau pays.
Je tiens, tout d’abord, à présenter mes plus plates excuses à chacune et à chacun d’entre vous. Je dois reconnaître que les politiques de mes prédécesseurs, comme la mienne, ont été sourdes à vos avertissements.
J’ai une pensée reconnaissante pour les personnels hospitaliers, pour les sapeurs-pompiers, pour les personnels des EHPAD qui sont descendus dans la rue à plusieurs reprises, qui se sont mis en grève tout en assurant leurs tâches dans des conditions toujours plus difficiles et qui, à l’occasion de cette épidémie, ont été absolument remarquables.
En vous obligeant au confinement, nous avons pris les dispositions qui s’imposaient pour rattraper nos erreurs.
Je dois admettre que le transfert d’une partie de notre industrie, notre dépendance par rapport à la Chine et aux autres pays, doivent être revus à la baisse afin que nous soyons en capacité de faire face aux futurs fléaux qui ne manqueront pas de s’abattre sur notre pays. C’est pourquoi, je demande aux investisseurs, aux laboratoires pharmaceutiques de rapatrier au plus vite leurs machines des pays où ils sont allés les installer pour privilégier leurs profits au détriment de la santé publique.
Vous savez qu’une crise économique sans précédent va s’abattre sur le monde ultra-libéral qui domine la planète. L’Etat devra assumer ses responsabilités pour que tous, nous puissions amortir, digérer, apprivoiser cette crise et en sortir plus forts qu’avant. Cela nécessite une politique nouvelle, à rebours de ce qui a été fait jusqu’ici.
Dois-je vous avouer, mes chers concitoyens, qu’humblement, je ne me sens plus capable d’assumer ce changement radical, contraire à ma formation personnelle, à mon parcours professionnel, à ce que j’ai toujours cru et mis en œuvre.
En conséquence, je me vois au regret de mettre fin à mes fonctions. De nouvelles élections présidentielles s’imposent. Elles auront lieu en novembre prochain, si les conditions sanitaires le permettent.
Pour le moment, le confinement est porté jusqu’au 15 juin et sa prolongation sera peut-être imposée par les responsables de la santé publique. Les écoles et universités ne rouvriront qu’en septembre, et le Président du Sénat, me remplacera dès demain.
Un Gouvernement d’Union nationale, sous la direction de M. Philippe, comprendra des ministres et secrétaires d’État, appartenant à tous les courants politiques siégeant à l’Assemblée. Il expédiera les affaires courantes, en s’aidant des conseils éclairés du personnel médical.
Il serait souhaitable que les entreprises nécessaires à la satisfaction des besoins de la population soient nationalisées, si par malheur, les circonstances les conduisaient à la faillite. Les banques seront surveillées, les loyers suspendus jusqu’à nouvel ordre, le rétablissement de l’ISF pourrait être envisagé, et des taxes sur les transactions financières instituées. Dès maintenant, 50% des dividendes seront reversés au profit de l’État.
Une révision constitutionnelle s’impose. Dès le 1er Septembre une Assemblée Constituante se mettra en place. Elle sera composée pour un tiers d’élus de tous les partis, pour un tiers par des gens compétents en droit constitutionnel, pour le dernier tiers par des citoyens tirés au sort.
Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens, ne voyez pas dans cette démission une lâcheté de ma part, mais au contraire, une marque de courage et de lucidité pour avouer que je ne suis pas à la hauteur des évènements qui s’abattent sur nous.
Je compte sur chacune, sur chacun d’entre vous pour demeurer calme, compréhensif, constructif et prêt à faire les sacrifices qui s’imposent pour que, tous, nous sortions vainqueurs de ce grand moment, non seulement d l’Histoire de la France, mais aussi, de l’Histoire de l’Humanité.
Vive la République ! Vive la France ! »
On a le droit de rêver, non ? Surtout le jour de Pâques où d’aucuns parlent de résurrection. Mais sommes-nous déjà aussi morts que cela ? Peut-être faudra-t-il attendre encore, et subir mille tortures et, survivants hagards, croire en l’espoir et tendre vers la Liberté grande.
Et rêver à la Liberté, ça vous dit ? Un petit coup de René CHAR, c’est Pâques fleuries tous les jours :
LA LIBERTÉ
Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout aussi bien signifier l’issue de l’aube que le bougeoir du crépuscule.
Elle passa les grèves machinales ; elle passa les cimes éventrées.
Prenaient fin la renonciation à visage de lâche, la sainteté du mensonge, l’alcool du bourreau.
Son verbe ne fut pas un aveugle bélier mais la toile où s’inscrivit mon souffle.
D’un pas à ne se mal guider que derrière l’absence, elle est venue, cygne sur la blessure, par cette ligne blanche.