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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 14 novembre 2013

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A propos de racisme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu'est-ce que le comble de l'imbécillité ?

Reprocher à quelqu'un de n'avoir pas su bien choisir ses parents.

Le racisme, c'est cela.

Plus la conviction que l'humanité est divisée en races, puisque nous sommes différents, extérieurement, et qu'à partir de ces apparences, il y aurait une hiérarchie selon la couleur, qui irait de la race la plus proche de nos lontains ancêtres considérés comme des sauvages non "civilisés" jusqu'à la race blanche des hommes prétendument supérieurs.

Or, comme le rappelait Yves Coppens, l'autre jour sur France Inter, chaque être humain, sur la planète, est le lointain descendant des hominidés qui se développèrent à l'Est du rift africain. Que cela nous plaise ou non.

La lente émigration des homo sapiens sapiens a fait que les humains ont perdu leur pigmentation foncée d'origine. Les niches d'humains qui se sont constituées sur des siècles et des siècles à travers la planète, ont donné des caractéristiques différentes sans qu'il y ait pour cela supériorité d'un individu à un autre en fonction de ses caractéristiques extérieures. 

Nous sommes tous compatibles en matière de reproduction. Ce qui a pour conséquence la mixité inéluctable des humains dans un futur où les hommes et les femmes sont passés d'un monde vaste avec des civilisations très différenciées à une planète rétrécie du fait de nos déplacements et de nos technologies qui ont raccourci les distances et rapproché les humains.

Conséquence de l'inéluctable mondialisation qui se traduit non seulement par une répartition géographique des moyens de production, mais aussi par un mélange, une uniformisation lente des manières de vivre, de s'unir, de procréer, de croire.

Les peurs génèrent le racisme.

Certaines personnes se trouvent confrontées à une concurrence économique qui culmine avec les emplois et les menaces de chômage. Or, les patrons recruteront ou agiront toujours en privilégiant ceux et celles qui leur rapporteront le plus de bénéfices.

Au lieu de s'unir contre cette loi d'airain qui écrase tous les salariés, la doxa préfère désigner des boucs émissaires que sont les minorités immigrées, tenues pour responsables des crises économiques fomentées par les princes de la finance et des milliers d'actionnaires avides de revenus.

S'ajoute à cet aspect économique, la peur de la perte d'identité. Une identité mal assumée, mal définie, reposant sur des mythes et produite par l'ignorance, le manque de mémoire et de culture, le refus d'accepter la réalité historique.

Par je ne sais quel miracle de la mémoire collective, une majorité de nos concitoyens, lecteurs d'Astérix, ont, ancré dans leur cerveau,"nos ancêtres les gaulois", tels qu'inculqués par l'Ecole de la IIIe République alors que nous en sommes à la Ve et que plus d'un siècle se sont écoulés, où archéologues et historiens ont montré la diversité et la complexité de nos origines.

Non seulement, on nie les "grandes invasions" du M-A, mais on ne veut même pas s'attarder sur la traduction du mot France en allemand, "Frankreich", soit le royaume des francs. Il succéda en s'y fondant à la période gallo-romaine.

Nos arrière-grands parents ont appris que les arabes furent arrêtés à Poitiers. Ah ? Et qui sait qu'ils ont remonté la vallée du Rhône et de la Saône jusqu'à Autun ? Ceux qui vont en vacances sur la Côte d'Azur ont-ils oublié que, depuis la Garde-Freynet, les maures allaient razzier jusque dans la plaine du Po ? Pourquoi les villages corses ou des Riviera française et italienne sont-ils des villages perchés dans la montagne ?

Quant aux immigrations plus récentes, conséquences du développement économique de notre pays au XIXe et au XXe, polonais, italiens, espagnols, allemands, belges, portugais, citoyens français de nos trois départements d'Algérie, de Tunisie, du Maroc et du Sénégal de cette Afrique Occidentale française, ce ne serait rien ? Ne parlons même pas de tous ceux-là, venus du continent africain,  qui, au cours des deux guerres mondiales, vinrent donner leur vie pour que nous recouvrions notre liberté.

C'est pourquoi, avec Hervé Le Bras, je ne supporte pas cette expression stupide de "français de souche" qui sent son antisémitisme à plein nez, dans la mesure où, était déclaré aryen tout citoyen allemand dépourvu de sang juif à la deuxième génération antérieure.

D'une part, juif n'est nullement une race, c'est une religion. D'autre part, cela repose sur la culpabilité des enfants devenus soudain responsables de ce que furent leurs ancêtres, soit la négation même de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Enfin, ce renouveau du racisme ordinaire, s'inscrit dans une société qui s'est exclusivement consacrée, non pas à la Vierge, mais au Veau d'Or. Il n'y a qu'à voir ces pauvres gens, venir tenter leur chance dans des jeux de grattage, avec la même espérance que ceux qui pélerinent à Lourdes, la Française des Jeux étant, pour certains, leur dernier espoir. Les périodes de crises économique, politique et morale génèrent des comportements de haine envers des minorités.

Paradoxalement, les mêmes qui placent tous les arabes, tous les noirs dans le même panier d'opprobre, font une exception pour le petit ami ou la petite amie de leurs enfants avec cette phrase inouïe : "Oui ! Mais Rachida ou Saïd, ce n'est pas pareil."

Ce qui prouve, si on ne l'avait oublié, le caractère totalement irrationnel de ce comportement moutonnier qui consiste à se bauger dans l'ignominie comme on l'a vu dernièrement à l'égard de Mme Taubira.

Il est vrai qu'un tel comportement émane de milieux réactionnaires.

Cela nous renvoie plus d'un siècle en arrière, soit l'Affaire Dreyfus, ou les troupes coloniales. "Y'a bon Banania !" date de cette époque.

Quant à la peur envers des humains d'une certaine couleur, personnellement, je crains bien plus les blancs que les autres : n'ont-ils pas inventé la bombe atomique, produit deux guerres mondiales et je ne sais plus combien de guerres coloniales, saccagé la planète, épuisé les océans, fait disparaître quelques espèces animales et conquis les Amériques en pratiquant le génocide et l'esclavagisme ?

Enfin, on ne dira jamais assez combien les bouleversements technologiques, la rapidité des moyens de communications, la mise en concurrence des individus, l'éclatement des états, la décomposition des structures politiques et religieuses, perturbent ceux qui veulent que rien ne change.

Or, la vie, c'est le mouvement perpétuel. C'est le renouveau. Ce sont les transformations incessantes. Notre environnement, bien malmené ne cesse de bouger. Même la manière dont nous nous exprimons évolue. Une langue vivante ne le demeure que si elle bouge, si elle se transforme.

On peut donc comprendre que des gens incultes, mais ce ne sont pas les pires, que des gens imbus de leurs certitudes et de leurs croyances craignent ces transformations. Ils réagissent et parfois mal. N'étant pas sûrs d'eux-mêmes, ou, au contraire, absolument convaincus de détenir la vérité, ils rejettent tout ce qui est nouveau et particulièrement les étrangers.

Ajoutons à cela, l'élection à la fois prodigieuse et décevante d'Obama avec comme conséquence, la peur bleue qui se transforme vite en haine noire. Quoi ! Un président noir ? Un maire de New-York marié à une noire ? Si cela existe chez eux, alors demain, nous pourrions avoir un Président arabe ou noir, ou jaune ou... Oui ! Et alors ?

Un siècle après le suicide de l'Europe, où français et allemands s'entretuèrent frénétiquement, mes petites filles sont franco-allemandes. Elles auraient pu être franco-algériennes ou franco-haïtiennes comme celles de mes amis. Sans viols, sans terreur, mais au contraire avec amour. Les jeunes s'aiment, s'unissent, se mêlent et engendrent des générations de métisses, toujours plus beaux que leurs parents et grands parents et réunis par les réseaux dits sociaux.

Vaincre le racisme, c'est reconnaître que l'humanité est une et que, si ses excès de surexploitation de la planète ne la conduisent pas au suicide, elle sera composée de tous les mélanges possibles, puisque notre satellite est devenu un "village".

Alors, autant se respecter les uns les autres et nous aimer.

Enfin, je sais bien, qu'hélas, le racisme est universel et nullement une exclusivité blanche. Apprenons à nous méfier de nous-mêmes et à être fiers de qui nous sommes, sans crainte et avec générosité et compréhension.

Ne nous laissons pas dépasser par les excès, la stupidité, la haine des intégristes de toutes confessions. Ils sont les ennemis du genre humain.

PS : en cadeau, l'entrevue de Chamoiseau dans le Monde du soir de ce billet :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/14/patrick-chamoiseau-les-racistes-n-ont-plus-de-refuge_3514113_3224.html?xtmc=chamoiseau&xtcr=1

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