Plus une société possède un haut niveau technologique, et plus elle est fragile.
C’est la première leçon que nous pouvons tirer de ce qu’il se passe au Japon et qui concerne tous les pays développés, grands consommateurs d’énergie à forte concentration urbaine. Ce n’est pas une découverte, c’est une confirmation.
Nous croyons dominer nos technologies. C’est elles qui nous aident et nous menacent à la fois, car au-dessus de nos possibilités de plus en plus énormes, il y a la Nature et ses réalités qui ne sont point à notre échelle. Ou plutôt qui nous remettent à notre place.
Honshu, la principale île de l’archipel nippon s’est déplacée de 4 m vers l’est, conséquence de la plongée d’une plaque tectonique de plus de 10 m avec comme conséquence, le tsunami dont nous avons tous vu les images.
Si, il faut admettre le bon comportement des constructions japonaises, la maîtrise des architectes qui réussissent à faire absorber les tressaillements du sol, par contre, les digues, les côtes, les constructions au niveau de la mer, se révèlent d’une grande fragilité devant la puissance d’un tsunami avec comme conséquences les perturbations du système de refroidissement des centrales nucléaires, et ce qui s’en suit.
Le risque nucléaire zéro n’existe pas.
Nulle part. Nos « irresponsables » auront beau jouer les matamores, rouler leurs petits biceps, agiter leurs multiples cerveaux, et mouliner leurs petits bras, quand un réacteur est privé de refroidissement, quand il n’est plus alimenté en eau, il s’échauffe, il monte en température, il étouffe, il a besoin d’air, il pète et il émet dans l’atmosphère un cocktail mortel de vapeur chargée de plutonium, d’uranium et d’autres composants hautement toxiques pour la vie, qu’elle soit végétale ou animale et cela parfois pour des centaines d’années pour certains éléments radioactifs.
Or, les possibilités de dysfonctionnement sont multiples : erreurs humaines, arrivée d’un tsunami, forte tempête, inondation, tremblement de terre, ou assèchement du fleuve alimentant les circuits de refroidissement, obsolescence de la centrale, économies en personnel et en maintenance pour gonfler les profits, prolongation de vie du site au-delà des prévisions de départ.
Certes, la vie est éphémère et nous sommes tous mortels.
Mais là, ce à quoi nous assistons, c’est à une accélération de la disparition de l’humanité. Sans jouer les Cassandre, l’on est bien obligé d’admettre, sauf mauvaise foi caractérisée, que ces « accidents » nous placent devant nos responsabilités.
Qui a vraiment tiré des leçons deTchernobyl ? Tout le monde et personne, dans la mesure où bien entendu, les centrales soviétiques, le système soviétique, le courage des travailleurs soviétiques, n’avaient rien à voir avec notre technologie, la transparence légendaire de nos démocraties et le courage tout aussi irréprochable de nos dirigeants patronaux et politiques.
On est prié de ne point sourire s’il vous plait !
Demeure la question à 10 euro :
Devons-nous risquer la disparition accélérée des générations futures en continuant à faire confiance au nucléaire ?
Je ne parle même pas des applications guerrières, sachant que nos réserves de bombes sont capables de bousiller la planète plusieurs fois. Ce qui montre l’extrême « intelligence » de l’humanité dont la paix reposait sur la terreur.
Il paraîtrait qu’un programme de démantèlement des réserves stratégiques est en cours. Où en est-il ? Qui le contrôle ? Que fait-on des bombes et de ce qu’elles contiennent ? Le pourrissement des sous-marins nucléaires russes dans les eaux de la Baltique ou de la mer de Mourmansk nous donne une image rassurante de la pollution de ces eaux où l’on pêche des harengs absolument délicieux et quelques saumons, eux aussi extraordinaires.
Peut-on imaginer le Japon ou tout autre pays hautement industrialisé avec une baisse brutale de sa consommation d’électricité ?
C’est pourtant ce qui nous pend au bout du nez, car, ce qui nous interpelle, c’est que nous sommes, en fait, tous des japonais.
Ne sont-ce point eux qui ont « inventé » le flux tendu ? Pas de stocks, pas de réserves. L’on comprend mieux pourquoi la bourse de Tokyo est à la baisse, entraînant avec elles quelques autres places financières.
La Chine se frotte les mains. Elle a des parts de marché à prendre, même si le Japon est l’un de ses principaux partenaires. LVMH va pleurer, et nous allons manquer de voitures, de matériel photo-vidéo, de motos et autres appareils sophistiqués. C’est que ce sont de grands exportateurs de composants électroniques.
Bon, il y a des usines japonaises installées un peu partout mais seront-elles suffisantes à nous fournir le renouvellement de nos gadgets ?
On voit bien que le « dogme de la croissance infinie » dans un monde fini relève de la folie.
Ce qui devrait nous aider à construire une politique nouvelle, en mieux choisissant nos futurs représentants.
Dans le même temps, il faudrait aussi tenir compte que nous avons peut-être déjà atteint le « pic du pétrole », c’est à dire le point le plus haut de la courbe des réserves mondiales de naphte. Courbe qui va retomber inexorablement, rendant le pétrole chaque jour plus rare jusqu’à sa disparition définitive.
Certes, l’on travaille à essayer de trouver de nouveaux gisements. Le fond des océans n’est pas totalement dépourvu de ce précieux liquide. Du gaz est coincé dans les roches. Bravo ! Youpie ! Il y a de la joie.
Sauf que les « accidents » des exploitations de pétrole off-shore détruisent les rivages, menacent les espèces volatiles et halieutiques, quant aux méthodes d’exploitation du gaz de roche, elles polluent les nappes phréatiques, détruisent les paysages, menacent la santé des populations riveraines, fragilisent la croute terrestre et coûteraient plus cher au final que ce qu’elles apportent, du moins dans des petits pays comme le nôtre.
Nul doute qu’une nouvelle ère commence ou devrait commencer si nous avions deux yens de bon sens.
A condition de réviser nos manières de vivre, de prendre conscience de notre fragilité, de mettre en place une information transparente, claire, universelle qui permette à chacun de savoir se situer dans le temps et dans l’espace afin de choisir son destin, nous pourrions construire un futur mieux adapté à la réalité.
Cela suppose consommer de moins en moins d’énergie, d’apprendre à utiliser l’énergie gratuite du soleil, des vents, de l’eau, des différences de températures, du bois, construire selon de nouvelles normes, pratiquer un malthusianisme tempéré et réviser sérieusement nos méthodes de production agricole qui nous menacent dans notre intégrité physique par l’abus de produits phytosanitaires.
Bien sûr, on peut continuer à croire qu’AREVA est la déesse de l’énergie propre et pas chère, que Mlle Le Pen est l’avenir de la France qu’elle coulera en six mois si elle applique son programme économique, à attendre un Messie pour la gauche, à courir derrière les turlupinades de notre agité élyséen qui vient de mettre un coup d’arrêt à la filière voltaïque.
Chacun pour sa pomme et les pépins pour tous !
Quant aux tribus libyennes qui ont cru qu’elles allaient faire tomber le chef de la tribu dominante de Libye, elles peuvent bien subir à nouveau la dictature de « l’ami » de Nicolas S., du « frère »de POM et du « père » de Boillon, notre sémillant ambassadeur à Tunis. Qu’est-ce qu’on en a foutre ?
Les droits de l’homme sont bafoués ? Ah !
Il aurait fallu intervenir contre le dictateur en place qui écrase sa propre population ? Ah bon !
Mais ne serait-ce pas une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays ? Comme jadis au temps de la Guerre d’Algérie qui ne fut que du « maintien de l’ordre ». Trois départements français. Affaire intérieure française. L’ONU n’avait rien à voir là-dedans.
Et puis, pour la Chine, la Russie, ces pays à haute valeur démocratique, si les forces de l’OTAN commencent à appuyer des populations contre leur gouvernement, non, mais où va-t-on ?
1848, en France, ça ne vous rappelle rien, à Paris, 350 morts ?
1871, la Commune, les Versaillais fusillant le peuple qui avait refusé la capitulation, sous le regard des Prussiens et des bourgeoises venues admirerr le spectacle à la lorgnette, plus de 20 000 morts.
Des rues Thiers, des places Thiers dans toutes nos villes. Et le Crédit Lyonnais en prime. Il fut inventé pour lever les fonds réclamés par la Prusse pour son retour vers le Ier Reich.
Fragilité de nos sociétés technologique ? Absolument.
Mais, solidité apparente de ceux qui ont le pouvoir économique, financier et politique, surtout pour mater leurs concitoyens, dont certains en redemandent.
15/03/2011