En ce 15 août de l'an de grâce 2011, il y a eu grandes volées de cloches et grands rassemblements de pèlerins et de pèlerines, descente de la Seine en bateau, et des ave par-ci et des navets par-là. Je respecte ceux qui ont des convictions, je ne suis pas contre certains préceptes évangéliques, après tout, ayant la chance de vivre dans un pays laïque, chacun croit ce qu'il veut.
M’enfin ! Comme dirait Gaston Lagaffe, croire que la mère de Jeshua Ben Joseph ait été engrossée par l’opération du Saint Esprit, en plein début du XXIe siècle, et que son corps se serait envolé dans les cieux sans l’aide de la NASA. Même que, comme disait notre regretté Desproges, « par beau temps on lui voyait sa petite culotte », ça fait réfléchir sur le degré d’absurdité de l’espèce humaine, prête à croire en n’importe quoi.
Plus c’est gros, plus ça passe.
Ce qui ouvre des perspectives extraordinaires à tous les « boni menteurs », à l’irraison, et au moyen de maintenir les masses en état de soumission à des dogmes, des croyances, des espoirs.
Les religions ont toujours servi les régimes les plus fous et les plus forts. Elles ne se sont opposées qu’aux régimes qui tentaient de les remplacer, cf les cérémonies soviétiques à la gloire du parti, suivies de près par les défilés nazis, à la lumière des torches avec cantiques et adoration envers le Führer. Même apparat pour Mussolini, autres chants, autres uniformes, mais même mobilisation des masses dans l’adoration perpétuelle du Duce avec, en arrière fond, « Mussolini ha sempre raggione ».
N’est-ce point le Pape qui est reconnu infaillible ?
Notre Tonton Georges… Brassens, homme d’une sagesse débonnaire et poético-anarchisante, disait que « dès que l’on est plus de quatre, on est con ». Ce qui permettait quand même de jouer aux cartes.
A Madrid, jamboree catho, avec prières, messes à gogo, chants et saints Rocks préparant l’arrivée de la star du moment, PanzerPapa, qui prononcera l’éternel même discours au milieu des vivats.
Comme ils sont bien polis, comme ils sont bien élevés, comme ils sont gentils ces enfants de Marie dont les parents sont friqués, jouent peut-être à la hausse et à la baisse sur les marchés internationaux en toute bonne conscience. Parce que venir d’Australie, du Chili ou des States à Madrid, cela suppose une mise de fonds qui n’est pas à la portée du plus pauvre des terriens.
Et notre télévision couvre l’événement, ce qui permet de ne point parler de l’incurie de nos actuels responsables politiques à genoux devant Mammon, c’est à dire, devant les exigences du Marché.
Je parie que « Benoît déshabillez-moi » va demander aux plus riches de mieux partager, mais qu’en toute bonne logique, il ne remettra pas en cause le système en place.
« Prions, mes frères, pour ceux qui souffrent du chômage, de la cherté de la vie, qui sont dans la douleur de la perte de leurs proches sous le fracas des bombes, prions ». Mais pas question de révolutionner un système béni depuis toujours, un système sacré où l’Opus Dei s’épanouit, un système qui ne tient que grâce à cette merveille de dialectique « Croyez au Royaume des Cieux. Les premiers, ici bas, y seront les derniers ».
Or, l’on peut dire que le Pape est parmi les premiers. Le pauvre homme ! Quel énooorme sacrifice ! Comment un croyant peut-il avoir envie de devenir Pape ou cardinal ou archevêque ? Comment un richissime catholique peut-il le rester longtemps ?
Mystère et boule de gomme. Le doute me vient. Et si tout cela n’était que mascarade, jeu de dupes, et infâmie…
Comment peut-on croire un seul instant aux paroles de paix de ces Saint Jean Bouche d’Or alors qu’ils n’ont jamais excommunié les fabricants de mort et dissout les « aumôniers militaires ».
« Tu ne tueras pas », tel est le tabou. Mais les prêtres sont là pour lever le tabou qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans. « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! « est toujours d’actualité.
Pendant ce temps-là, le Dalaï Lama, se marre et vient discourir sur le bonheur. Là. Tout de suite. Pas là-haut. Pas après le baiser de la camarde. Non ! Compassion. Compréhension. Détachement. Culte du non désir. Méditation. Mon nombril est le centre de moi-même et du monde.
Mais ces non désirant désirent quand même manger à satiété, être confortablement logés, posséder suffisamment pour organiser des shows, entretenir des monastères, élever des statues de bouddha plaquées or.
Ils ont le détachement intéressé, non ?
Que les égyptiens désespèrent de leur révolution qui part en eau de boudin. Que les « insurgés » libyens peinent à remporter une victoire sur le clan de Kadhafi, pour faire quoi d’ailleurs ? Le savent-ils eux-mêmes ? Installer la démocratie ? Laquelle ?
Je n’ai jamais oublié le jour où j’ai appris que l’Algérie indépendante avait inscrit dans sa Constitution, l’islam comme « religion d’état ». Ce jour-là, j’ai dit « Ils ont raté leur révolution, ils vont dans le mur ». Les femmes algériennes ont perdu les droits que leur lutte courageuse dans la révolution aurait du leur donner, et le parti unique a conduit à l’enterrement de la démocratie au profit d’une oligarchie militaire.
M. Bachar El Assad continue de généreusement écraser son peuple à coups de canon. Bonaparte avait agi de la sorte. En 1848, l’armée est aussi intervenue contre les insurgés, Badinguet a continué, Thiers est détenteur du record de tués et de déportés durant la semaine sanglante en 1871, et puis, il y a eu aussi quelques interventions musclées contre les viticulteurs, contre les mineurs.
Cameron se montre aussi vil que le fut la Thatcher à l’égard de la racaille plébéienne, mais comme il est le garant de la racaille en col blanc de la City, il préfère taper dur sur les petits prédateurs et rester compréhensif voire complice avec les requins de la finance.
A A A, le principe même de se faire noter par des gugusses, prétendument spécialistes, alors qu’ils se sont révélés incapables d’anticiper l’effondrement de Lehman Brothers, d’alerter à temps l’Islande et l’Irlande, relève de l’incompétence et du masochisme.
Comme des gosses qui craignent de se faire gronder par pôpa môman, il ne faut surtout pas que la France perde son triple A !
Ah ! Ah ! Ah ! Les triples cons émasculés incapables de s’imposer au marché et de redorer la politique. Des chiens couchés. Des larbins. Des fondés de pouvoir du capital.
Et encore des croyants.
Ils croient aux dogmes de l’autorégulation du Saint Marché.
Pauvres types !
Ils croient à la Sainte Croissance infinie, alors que nous vivons dans un monde fini. Ils ne savent même pas qu’ils habitent un satellite d’un des milliards de milliards de soleils qui constituent l’univers et qu’ils ne sont pas prêts d’en sortir. Que leur manière de gérer, d’exploiter, d’épuiser cette planète nous conduit inexorablement à notre perte, perte accélérée par les possibilités technologiques. Mais ils n’en n’ont rien à cirer. Le fric, le fric, le fric.
Ah ! S’ils pouvaient dégager comme la pseudo-vierge, vers l’immensité du vide interstellaire. Vœux pieux d’un athée qui ne croît qu’en la réalité du présent et prend encore beaucoup de plaisir à vivre.
Pour plagier une tautologie orientale bien connue « Il n’y a de vie, que la vie ».
Cela ne fait pas avancer le schmilblic, mais ça fait du bien.
16/08/2011