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Billet de blog 16 août 2013

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Jean Giono: "Le bestiaire"

J'ai eu l'autre jour, la chance de trouver chez un bouquiniste, un livre de Jean Giono que je n'avais pas lu.

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J'ai eu l'autre jour, la chance de trouver chez un bouquiniste, un livre de Jean Giono que je n'avais pas lu.

Pour quatre euro, le bonheur était en vue. Je le paie, je l'emporte, je le lis.

J'ai eu droit à mes quatre heures jubilatoires comme prévues.

Ah ! Le coquinou ! Ce Jean le Bleu, à cause de la couleur de ses yeux, possède plus d'un tour dans son sac de conteur.

Là, histoire de se sortir du travail prenant que fut la création du "Bonheur fou", il nous donne des textes "récréatifs", avec comme fil d'Ariane, des animaux, réels ou imaginaires, dont il décrit les mœurs, les facéties, les us, les coutumes vraies ou fausses, et le tout pimenté d'allusions aux individus homonymes.

L'ours n'est pas tant l'animal que l'homme ainsi qualifié.

Connaissez-vous "la bestiasse", "le cheval-bistrot", "le minus", "l'oiseau bleu" ?

Chaque animal est suivi de "Marginalia", qui ne sont en réalité que des citations d'auteurs connus ou rares, voire inventées. Elles sont fort réjouissantes et, à chaque fois, l'on se demande si c'est du lard ou du cochon.

J'aime beaucoup : "N'ayez pas peur, mais ne vous rassurez pas" (L'anonyme)

Bon ! Vous avez compris, il nous roule encore dans sa farine de poète des collines, de visionnaire des bords de Durance. Il est tellement roublard qu'il pastiche un peu les autres, mais sans s'oublier.

Comme tout romancier, tel que défini par Aragon, c'est un menteur qui sait "mentir vrai". On se fait avoir, mais on en redemande.

Je me souviens de son aveugle qu'il prétendait avoir rencontré et qui savait l'heure qu'il était à cinq minutes près sans posséder de tocante, ni percevoir le carillon du clocher. Hein ? Pas facile. Eh bien ! Le chant des insectes, le bruissements des élytres lui permettaient de voyager dans le temps.

Ouahouuu ! C'est beau comme du Giono.

Pure littérature ! Mensonge éhonté. Les insectes sont exclusivement sensibles à la température. En conséquence, impossible qu'ils puissent indiquer l'heure puisque d'un jour à l'autre la température n'est pas la même à la même heure. Mais le conte était bon, raconté avec cette conviction qui nous fait prendre les vessies pour des lanternes et le PS pour un parti de gauche.

Mais tout cela, on s'en balance.

Il faut se laisser aller. S'en laisser conter. Se laisser entraîner par les roublardises du bonhomme, trop lyrique avant guerre, voire mystique, mais tellement dyonisiaque, solaire, avec un style qui se stendhalisera après l'épreuve de la haine des gens subie à la Libération, son emprisonnement pour collaboration, lui qui abrita des juifs et des résistants.

"Lehussard sur le toit" s'apparente au western. Un western qui le conduit d'Aix en Provence aux environs de Gap.

Angelo traqué par la populace dans les rues de Manosque, c'est lui.

C'est nous.

Il n'est pas qu'un auteur régionaliste, mais un initiateur au grand banquet de la vie.

Avec Colette, il m'a appris à jouir de la vie et de l'exaltation de mes sens. Tous deux ont su transcrire leur sensualité, leur soif de vivre. L'un avec pudeur, l'autre avec une pointe de provocation sexuelle.

Avec Camus, Céline, Stendhal, Montaigne, Proust, et quatre autres, il fait partie de mon top des dix auteurs qui m'ont fait et que je relis toujours avec plaisir.

Rien de tel que de suivre "Les Grands Chemins" du grand homme de Manosque pour échapper aux turpitudes de l'actualité.

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