On l’a constaté lors de ses rencontres avec Macron ou Lavrov, où il se tient à un bout de table et oblige son interlocuteur à se placer à 5 m de lui de peur d’attraper le virus contre lequel le vaccin Sputnik, l’un des premiers sortis, ne semble guère efficace. Ce n’est pas le seul, si j’en juge par cet appel à une quatrième dose pour les sujets de plus 80 ans. Ici, en France.
On le voit dans sa façon de ne pas admettre la mise en place d’une opposition comme dans toute démocratie, bourgeoise, d’ailleurs y en a-t-il d’autres ? A l’exception des sociétés anarchistes qui ont existé jadis, et qui se passaient très bien de chef. Voir le livre de David Graeber & David Wengrow « Au commencement était… ». Il n’a pas compris qu’une opposition permet de vider les abcès et de donner l’illusion aux citoyens qu’ils ont le choix. Ce qui, d’ailleurs peut arriver, mais jamais très longtemps. La victoire de forces qui remettraient en cause le capitalisme ou la domination des USA, est systématiquement vouée aux gémonies et débouchent sur « des dictatures amies », voir l’Histoire de l‘Amérique du Sud et Centrale.
Peur que la voie prise par l’Ukraine qui venait de se donner un chef d’Etat, issu du show-bizz, et qui est rapidement passé du monde de l’imaginaire distrayant à la réalité, en ayant un comportement que peu de chefs d’état possèdent, n’éveille des envies de changement en Russie.
En effet, « si les ukrainiens (ces ploucs dans la pensée russe) sont capables de changer de système et de devenir une démocratie à l’Occidentale, alors pourquoi pas nous, les russes qui leur sont tellement supérieurs » ? Hum ! Il n’y a guère de grandes différences et c’est bien là le problème.
Oui ! Mais alors, c’est la fin du pillage de la Russie au profit de la bande à Poupout’ , cette junte depuis que le « tsar-padrone » a plus ou moins mis sur la touche le FSB au profit des militaires. Mauvais choix.
Je suppose qu’Emmanuel Todd rappèlerait que la démographie russe n’a pas les moyens d’une guerre meurtrière longue. Quant à ses élites, conscientes de la situation dans laquelle les délires nostalgiques de Poutine les plongent, elles quittent leur pays pour aller tenter de vivre ailleurs où l’on accueillera leurs compétences.
Il y a un côté suicidaire dans ce réactionnaire sans cœur, qui n’est pas sans nous faire craindre le pire. A savoir sa menace d’utiliser l’arme nucléaire qu’il brandit en bravache, mais serait bien capable d’utiliser quand même, perdu pour perdu. Souvenons-nous de la fin d’Aldol H., armant les gamins et les vieillards dans une ultime fureur de croire plutôt une Allemagne détruite que la honte d’avoir échoué. Avec final en suicide.
Que se passe-t-il dans la tête de Poutine ? On ne peut que subodorer, bien sûr ! Mais, sa politique à l’égard de l’Ukraine est complètement bancale comme l’a été sa gestion de la pandémie. Il n’est pas le seul en ce domaine.
Ses généraux lui ont bourré le crâne : l’armée ukrainienne s’effondrerait, les russes seraient accueillis en libérateurs et, en trois jours, le drapeau russe flotterait au-dessus de la place Maïdan. Nous en sommes bientôt à un mois de guerre et les villes sont assiégées comme cela se faisaient au Moyen-Âge. Quel merveilleux spectacle de la modernité selon Vladimir ! Marioupole, Kharkiv, Nikolaïev, Soumy sont bombardées comme de nouvelles Alep. On y pratique le martyr des civils, histoire de démoraliser et de contraindre le gouvernement ukrainien à capituler.
Or, la résilience ukrainienne n’a d’égale que celle des russes. Plus on leur tape dessus, et plus ils sont motivés pour se défendre. La haine monte. Et je ne crois pas que l’armée russe soit très motivée. D’où le recours aux milices tchétchène, syrienne et aux Wagner, annonciateurs du crépuscule de la Sainte Russie reconstituée, dont rêve « Vlad’ l’Ecraseur » avec l’appui de l’Eglise orthodoxe de Moscou, qui voue une haine confite contre cet Occident matérialiste, jouisseur, où les homosexuels peuvent se marier, les femmes devenir l’égale des hommes, et où la religion est remisée majoritairement aux contes pour enfants.
Car il y a de la croisade dans cette affaire ! Et à partir de là, il faut s’attendre à tout.
D’autant plus que les occidentaux eux aussi ont des valeurs sacrées à défendre : le Saint Marché, l’American Way of Life, donc le consumérisme et les valeurs de la démocratie bourgeoise.
Quant au racisme et à la pollution de la planète… on verra cela plus tard.
Ainsi, les affaires passent avant tout. Ne vient-on pas d’apprendre que des armes ont été vendues à la Russie par les pays européens en dépit de l’embargo. Armes que les ukrainiens doivent apprécier. Il y a quelques temps, je dénonçais ce trafic en rappelant que le secteur militaro-industriel nous conduisait à recevoir un jour, sur la tête, les conséquences de nos marchés si juteux et qui font l’objet d’enrichissement personnel de ceux qui les contractent.
Peut-on être fiers de vendre des milliards d’armes létales aux dictatures arabes du Golfe ? A une Arabie saoudite qui détruit le Yémen comme le duo Poutine-Bachar Al Assad l’a fait en Syrie et qui vient de battre le record Guiness d’exécutions de condamnés à mort, 81 en une journée.
Qui est prêt à aller mourir pour l’Ukraine, exception faite des amateurs d’adrénaline et de militaires professionnels qui sont en manque ?
L’Occident en est arrivé aux guerres sans pertes militaires humaines. D’où le recourt aux drones, bombardements, tirs dits chirurgicaux et sans doute bientôt, robots tueurs.
Or, la guerre en Ukraine nous prouve que conquérir un territoire nécessite des sacrifices humains et de matériel. Une fois de plus, le sang coule à flots. Nous faisons un vaste bond en arrière de plus de 70 ans pour ce qui concerne l’Europe, si l’on néglige ce qu’il s’est passé dans les Balkans. Que des jeunes gens, contraints au service militaire aillent perdre leur vie pour satisfaire les lubies d’une camarilla de nostalgiques d’un monde révolu constitue une régression sans précédent sur le continent européen.
Belle revanche pour le Moyen-Orient à feu et à sang, et pour les états africains qui ne nous tiraient pas une larme. Avec comme preuve de notre racisme de blancs qui se croient « supérieurs », (le suprémacisme blanc est de mode aux USA avec Trump, en France avec Zemmour, ou en Russie et un peu partout en Europe avec les néo-nazis ) la manière dont sont traités les migrants arrivant d’Europe et ceux arrivants de plus loin où ils sont tout aussi en danger que les premiers. Il est, chaque jour, un peu plus difficile de se regarder dans la glace qui nous renvoie ce que nous sommes vraiment.
Liberté, Egalité, Fraternité ! C’est beau ! C’est universel, c’est fédérateur ! Vouiiii mais… Et de nous tortiller la conscience qui fait que l’on ouvre les maisons, les salles, que l’on vide les armoires, que l’on récolte de l’argent à condition que ça aille à nos amis ukrainiens, européens comme nous.
Les afghans, les syriens, les africains eux, peuvent rester dans le froid de leurs tentes quand on ne les fait pas déchirer par cette police macronienne si semblable alors à la police poutinienne. Et avec la complicité d’une partie de la population.
J’ai bien peur que l’avenir s’assombrisse, que le printemps européen nous prépare un été pourri, d’autant qu’en plus, en France, on continue de jouer à voter pour un futur roi-président.
Qui veut reconduire le président des ultra-riches et des riches ? Qui veut une autre Constitution et une autre politique ? Telle est la question.
Les français auraient-ils, eux aussi, peur ? Peur du changement. Peur de la réalité ? Peur de l’avenir ? Peur de prendre leurs responsabilités ? Peur des autres, des « étranges étrangers » ? Peur de la bombe ? Peur de la planète en décomposition ?
Savoir apprivoiser ses peurs. Les surmonter. Les conjurer. Les vaincre.
Nous n’avons pas d’autre choix.
A moins d’aimer vivre à genoux et de subir.
De croire en des sauveurs de pacotille.
Se défausser.
Ponce-pilater en couards avec des remuements d’épaules de caïds à la manque.
Pleurnicher sur un passé mythifié.
Vivre dans le déni. Ainsi, ne surtout pas avouer que la IIIe Guerre Mondiale a commencé. Ben non ! Aucun gentil européen atlantisme, à part quelques journalistes, n’est tombé au champ d’horreur.
Il va bien falloir prendre quelques risques, non ?
Allez ! Sans illusions, nous sommes condamnés à demeurer optimistes.
On sait bien que tout finira par des pourparlers, des colloques, des rencontres, des arrangements. Pour les survivants.
Guerre courte qu’il croyait « Vlad’ l’Ecraseur » : la Syrie va sur ses 11 années de guerre. Guerre civile, attention ! Pas mondialisée du tout. Absolument pas.
Comment dans un monde mondialisé, interconnecté, aux économies imbriquées, une guerre ne peut pas être qualifiée de mondiale ?