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Billet de blog 17 décembre 2009

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Qu'est-ce qu'être français en 2009 ?

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QU’EST-CE QU’ÊTRE FRANÇAIS EN 2009 ?

Posons-nous la question sans arrière-pensée. Mais est-ce possible ?

A l’heure de la mondialisation, sont français, ceux qui désirent l’être et qui reconnaissent donc à notre pays des valeurs dans lesquelles ils se reconnaissent, une manière de vivre qu’ils veulent partager et une histoire de ce pays qu’ils sont prêts à revendiquer, même s’ils sont issus d’une autre histoire qui, bien souvent, au travers de la colonisation, se croise avec le passé de la France.

Le désir de vivre en commun. Déjà, Renan l’avait souligné. Quant à la complexité de l’identité française, Fernand Braudel, l’avait définie, démontrée magistralement dans un ouvrage hélas inachevé.

Quelles sont les valeurs typiquement françaises ?

Elles sont contenues dans la devise républicaine qui orne le fronton de nos mairies et parfois quelques églises tombées dans le domaine communal à l’occasion de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

A « Liberté, Egalité, Fraternité », il faut donc ajouter « Laïcité », ce que peu de pays, y compris en Europe connaissent réellement.

Ces valeurs fondamentales se sont imposées dans la douleur depuis la Révolution française, elles sont le résultat de Révolutions, de Constitutions, de massacres du peuple par l’armée au service de la bourgeoisie, de luttes syndicales, de guerres internationales.

Car, les ultimes valeurs typiquement françaises datent de la seconde guerre mondiale et ont été définies par des citoyens, politiquement rivaux mais unis par leur même amour de la patrie.

Ce sont les principes définis par le Programme du Conseil National de la Résistance :

- rétablissement de la démocratie le plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;

- pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression,

- liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances de l’argent et des influences étrangères,

- liberté d’association, de réunion et de manifestation,

- inviolabilité du domicile et secret de la correspondance,

- respect de la personne humaine,

- égalité absolue de tous les citoyens devant la loi.

Oui, ça fait rêver ! Si l’on observe attentivement la politique menée en Sarkosie, on s’aperçoit qu’il y a comme un dé-tricotage systématique de ces principes qui permirent à une France humiliée, trahie, anéantie de ressusciter de ses cendres, de recouvrer sa place parmi les nations, voire son honneur qui sera hélas, terni par des guerres coloniales imbéciles et injustifiables.

Ajoutons à ces considérations éminemment politiques quelques autres principes qui ont permis à notre pays de paraît-il mieux résister que d’autres aux scandales financiers récents.

Il était dit dans ce programme que sur le plan économique, il faudra :

- l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

- une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des Etats fascistes ; (…)

- le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

Enfin sur le plan social :

- (…)

- un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

- la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;

- la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation économique et sociale,

- un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat ;

- la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

suivaient des garanties pour les paysans, les personnes âgées et le dédommagement des sinistrés, des allocations et des pensions aux victimes de la terreur fasciste.

Pour conclure, le Programme exigeait que « tous les petits français puissent bénéficier de l’instruction, d’accéder à la culture la plus développée quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui en auront les capacités requises pour les exercer et que soit promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires. »

(…)

En avant pour le combat, en avant pour la victoire afin que VIVE LA FRANCE !

Oui ! Je sais. Cela fait tout drôle de relire ce programme qui ne fut réalisé qu’en partie et que les gouvernements récents, de gauche hélas, comme de droite, se sont acharnés à sacrifier sur l’autel du néo-conservatisme capitalistique depuis les années Reagan jusqu’à aujourd’hui.

L’on comprend mieux l’acharnement de l’actuel gouvernement à régler son compte à l’Histoire-Géo. Les citoyens qui ont de la mémoire menacent les illusionnistes et autres joueurs de flûte, élevés avec Pimprenelle et Nicolas. « Dormez bien les petiiiits ».

Eh bien non ! Ce n’est pas le moment de dormir. Car ce qui réunit tous ceux qui se veulent français, ce sont justement ces valeurs-là. Or, elles sont de plus en plus menacées.

A commencer par ceux-là mêmes qui flirtent avec les idées de l’extrême droite xénophobe, fascisante, homophobe et bien sûr islamophobe. La bête barbare et brune demeure tapie en Europe, donc aussi en France. Peut-être est-elle moins spectaculaire qu’en Russie et dans les anciens pays soviétisés, mais elle envahit les stades de foot, en France, en Grande-Bretagne, en Italie. Elle macule les synagogues et les mosquées. Elle viole les sépultures et les monuments commémoratifs. Elle s’insinue dans le rock hard. Elle phagocyte une police qui se coupe de plus en plus du peuple d’où elle est issue et qui se substitue à une justice mise au pied comme les chiens policiers. La chasse au faciès est de rigueur et les suicides dans les prisons font encore plus de morts que ne le faisait « la peine de mort », ce crime légal, que A. Camus vomissait.

Être français, c’est vouloir vivre avec ceux qui partagent les valeurs de la République laïque issue de la Résistance. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans ces valeurs ou qui les combattent, si j’en crois les déclarations présidentielles, n’ont pas leur place dans ce pays. Qu’ils aillent rejoindre leurs amis, réfugiés fiscaux suisses ou monégasques, wahabites d’Arabie, chiites iraniens sur le déclin, hyper-sionistes israéliens, super-catholiques vaticanais, ou nostalgiques du communisme soviétisé en Corée du Nord ! Le monde est vaste.

Et en écrivant cela, je m’aperçois, effrayé, que cela concernerait une majorité de mes concitoyens qui ont voté pour Notre Seigneur…

Voilà pourquoi, cette consultation nationale n’est qu’un rideau de fumée de camouflage d’une politique qui nous mène droit dans le mur de la honte, dans des déficits abyssaux et nous conduit en arrière, toute !

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