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Billet de blog 18 janvier 2013

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Papy, c’est quoi la Françafrique ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Essayons d'expliquer. Pas facile.

Au XIXe siècle, après avoir pratiqué le trafic triangulaire depuis le XVIe siècle entre les côtes africaines et les Antilles, la France a colonisé une grande partie de l'Afrique de l'Ouest, laissant quelques rares régions, au Portugal, à l'Allemagne et la partie Est du continent à la Grande Bretagne, ainsi que le Sud.

Suite à la seconde guerre mondiale, un courant d'indépendance s'empare de ces colonies qui ont combattu auprès de leurs colonisateurs dans une Europe, qui s'est quasiment suicidée. Ces colonisés ont vu, que des peuples de couleurs, les Japonais pouvaient tenir la dragée haute aux occidentaux, détenteurs de "La Civilisation". Très belle civilisation, avec au compteur deux guerres mondiales en dépit d'une tradition chrétienne reposant sur l'Amour du prochain.

Les Vietnamiens demandent leur indépendance, ne l'obtiennent pas et, un peu soutenus par la Chine se rebellent contre la France qui perd. Les USA suite à la guerre de Corée prennent la relève. Politique des dominos. Si l'Empire ( les USA) cède, alors tout le Sud-Est asiatique va devenir communiste en plus des deux puissances l'URSS et la Chine déjà au pouvoir.

Heureusement, les USA ont la bombe. Equilibre de la terreur entre les deux grands, MAIS, guerres entre les petits avec les "grands" tirant les ficelles. Les complexes militaro-industriels ont besoin de guerres et les Empires capitaliste et communiste se défient. Même après l’implosion de l’URSS, les guerres se poursuivent. Elles n’ont pas arrêté depuis 1944.

Attention ! En Algérie, à partir de 1954, pas mal d'algériens reviennent de la guerre d'Indochine et se disent, pourquoi n'aurait-on pas notre indépendance ? D'autant que la France libérée, s'était conduite en parfaite dictature au cours des massacres de Sétif en quarante quatre, qui durèrent plusieurs jours et où les "indigènes" furent tirés comme des lapins.

L'Empire britannique accorde l'indépendance à ses colonies. Pas de gaieté de coeur, ni sans quelques milliers de morts, mais le Commonwealth voit le jour sans trop de guerres. L'Inde acquiert sont indépendance. Deux Pakistan sortent du néant. Bon ! Tu m'as compris, les peuples veulent vivre libres.

C'est beau la Liberté, l'Egalité, la Fraternité.

C'était même inscrit au fronton des mairies un peu partout dans nos colonies.

Sauf que... et c'est là que ça coince, les indigènes, c'est à dire les autochtones, les gens du pays, ceux qui étaient là depuis des siècles et des siècles, en tant que colonisés, étaient moins libres, pas égaux du tout et certainement pas considérés comme des frères. Non mais !

Pour faire de la chair à canon : pas de problème. Les tirailleurs sénégalais, le Mangin, il en a consommés des milliers. La main d'oeuvre pas chère, formidable ! Bon ! « Ils ne veulent rien foutre », donc on les chicote un peu, on ne leur donne pas trop à manger, et on s’étonne du manque de rendement et qu’ils crèvent plus vite que nous (relire les récits de Gide dans son Voyage au Congo, ou Voyage au Bout de la Nuit de ce vieux génial salaud de Céline).

Donc, au lieu de reconnaître le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, que font les gouvernements de la Quatrième République ? La Guerre d'Algérie.

D'autant que l'Algérie, c'était la France avec trois départements.

Des français qui demandent à la France l'indépendance de la France, c'est une aberration. Une rébellion. Une "affaire intérieure". Et pendant des années, l'ONU n'aura pas à mettre son nez là-dedans, car nous ne faisions que du "maintien de l'ordre", que de la police.

Que de la lutte contre "le terrorisme". Déjà !

Faut se souvenir que les "résistants", les vrais, pas ceux de la dernière heure. Tous des "terroristes". Tous !

Même chose itou en Palestine avec le shinbet. Les services secrets de commandos juifs sionistes qui te faisaient de l'attentat à la bombe, du massacre de palestiniens, histoire de préparer le terrain pour implanter Israël. Tous des terroristes.

Bon ! On s'embourbe dans la guerre d'Algérie. Le pouvoir politique pourrit l'armée. Les grands colons retirent leurs fortunes et s'exilent. Ils laisseront la majorité de la population pieds noirs se faire rapatrier en France avec leurs valises dans chaque main. Les gouvernements se succèdent comme les portes claquent dans une pièce de Labiche.

Le 13 mai 58, putsch à Alger et recours au sauveur suprême : De Gaulle.

Fin de la Quatrième République, début de la Cinquième.

De Gaulle a compris que le temps de la colonisation n'est plus de mode. Donc, on va donner leur indépendance aux états de l'Empire. D’où l’impression de trahison ressentie par les pieds noirs auxquels il avait lancé : « Je vous ai compris ».

On va mettre en place, dans ces anciennes colonies,  des institutions calquées sur les nôtres. Et on s'arrangera pour que les gouvernements « démocratiquement élus » soient favorables aux intérêts des entreprises françaises en place.

C'est cela la Françafrique : l'addition de gouvernements favorables à la France, avec une bourgeoisie locale partageant les intérêts et les affaires de l'ancien colonisateur, la mise en place de réseaux de connivences, de corruption pour que telle entreprise française soit choisie plutôt qu'une autre d'un autre pays.

Ajoutons à cela le franc CFA, jadis reposant sur le franc.

Et, pour aider, bien sûr, une présence militaire venue de la métropole, qui entraîne les armées locales, mais surtout protège nos ressortissant au cas où il y aurait une révolte populaire contre cette continuation de la colonisation.

L’armée d’un pays africain est divisée en deux : une garde prétorienne, bien équipée, bien entraînée qui protège la marionnette en place, grand ami de la France, et une armée de bric et de broc, mal payée quand elle est payée, qui parade de temps à autre et essaie de faire peur aux voisins.

On peut donc dire qu’avec cette « décolonisation », comme dans "Le Guépard", de Lampedusa, un livre remarquable et admirablement porté à l'écran par Visconti, "il faut que tout change, pour que rien ne change".

Là, on a donné l'Indépendance à nos colonies, tout en mettant tout en oeuvre pour qu'elles demeurent plus ou moins, et plutôt plus que moins des colonies.

Les administrations africaines sont "aidées" par des conseillers, des visiteurs, des pro en tous genres, des entremetteurs, d'honnêtes spécialistes parfois ou de francs margoulins. Voir les relations de nos partis politiques avec la famille Bongo, par exemple.

La mode est à l'ONG, une merveille, made in Kouchner,  pour faire supporter aux peuples asservis l'insupportable.

Diviser pour régner demeure la règle.

Jusqu'au jour où, le nationalisme apparaît, à moins que ce ne soit la religion, excellent lien pour unir des peuplades qui ne parlent pas la même langue, qui n'appartiennent pas à la même ethnie et que le colonisateur avait unis en se fichant pas mal de leurs désirs, de leur histoire, de leur dignité.

Les coups d'Etat se succèdent dans certains pays.

 D'autres réussissent à obtenir plus de liberté ou passent sous la coupe de puissances concurrentes, USA et aujourd'hui, la Chine.

Ainsi va le monde. Ainsi l'Afrique qui continue d'être pillée.

Voir ce qui se passe au Kivu. Dans la région des lacs. Mais là, ce n’est plus la Françafrique…

Le Congo belge possède une « merveilleuse histoire » qui a abreuvé son sol, là aussi, du sang et des larmes de millions d’innocents africains.

Pour comprendre le début de la guerre au Mali voir : http://www.lemonde.fr/afrique/video/2013/01/18/video-la-carte-du-mali-decryptee-en-5-minutes_1818849_3212.html

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