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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 18 juillet 2016

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On peut, on doit résister à la violence!

Comme le bacille de la Peste qui arrive dans la ville d'Oran, dans le roman éponyme d'A. Camus, la violence, constitutive de notre être, loin d'être apprivoisée par une éducation, une morale, une culture de la compréhension et de la paix, est aujourd'hui encouragée par le système économico-politique dominant. Nous sommes tous des assassins ou des complices.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les mythes fondateurs de l'Histoire de l'Humanité commencent souvent par un meurtre. Caïn tue Abel. Romulus tue Rémus. Les dieux eux-mêmes se massacrent entre eux, le père, Chronos, allant jusqu'à manger ses enfants.

La guerre est le recours quasiment normal dans le règlement des conflits, dans l'expansion géographique d'une population, dans les rivalités entre tribus, entre peuples. Le tout avec la bénédiction des intermédiaires religieux qui mettent en place des tabous et qui les lèvent selon le désir des princes ou leur propre envie d'hégémonie sur les esprits.

Si l'Humanité a accompli des progrès technologiques extraordinaires dans bien des domaines, elle a conservé une mentalité et un comportement qui n'a que très peu évolué. "Si vis pacem para bellum" est toujours d'actualité en dépit de l'existence de l'ONU.

Bien plus, l'ultra-libéralisme prône l'égoïsme, la réussite individuelle, à n'importe quel prix, la concurrence des uns CONTRE les autres, et ce darwinisme social qui s'empare des gouvernants politiques et économiques à l'occasion de "chocs" pour toujours et encore enrichir les riches, et les plus voraces des humains. Culte du winner, mépris pour les perdants, les perdus. Exaltation tacite des humains blancs supérieurs aux peuples de couleurs, en totale ignorance des nuances de blancs. En parfaite mauvaise foi, compte tenu du comportement de cette civilisation européenne capable du meilleur ( arts, découvertes scientifiques, philosophie) comme du pire (guerres de religions, croisades, Inquisition, deux guerres mondiales, régimes totalitaires, fausses démocraties, empires coloniaux, esclavage, utilisation de l'atome à des fins militaires).

Cette violence se retrouve, non seulement dans les rapports entre les pouvoirs et les citoyens ( négation des referenda négatifs européens, recours au 49-3 pour imposer des législations rejetées par les citoyens) mais aussi dans les relations au travail ou dans le voisinage si ce n'est dans la vie des couples. Volonté d'accéder à des postes de responsabilité bien rémunérés en écrasant les concurrents. Imposer "Sa Loi" par des menaces, des chantages, ou par des cris. Violences faites aux femmes et aux enfants.

Certes, nous ne sommes pas tous fabriqués de ce bois pourri. Il existe aussi des individus évolués, compatissants, généreux, solidaires et qui essaient de résister au poids implacable du Talon de Fer qui nous écrase.

Ajoutons quand même que cet "american way of life" qu'on nous impose depuis quelques décennies est le fait d'une civilisation imbue d'elle-même puisque "choisie par Dieu", réalisée avec la Bible dans une main et une arme dans l'autre, avec à la clef le génocide des amérindiens, à la fois par l'introduction de nos virus et par des guerres impitoyables via l'extinction quasi totale des troupeaux de bisons ou le recul de la forêt brésilienne, le pillage de la Nature non seulement aux Amériques mais in the world, selon les mêmes prétentions que celles des européens de la vieille Europe, si merveilleusement chrétienne, donc d'amour pour les prochains très proches, mais implacables pour les prochains éloignés ( disparition de civilisations, guerres coloniales, incitation à des conflits armés entre peuples rivaux, découpage des frontières à la règle dans le mépris total pour les "indigènes" habitant ces espaces).

Une partie non négligeable de la production cinématographique repose sur la violence, parfois hypocritement dénoncée, souvent subsumée. "On ne fait pas de bons romans avec de bons sentiments". Ni de bons scenarii.

Et puis relisons la littérature classique. Des tragédies grecques aux drames shakespeariens, des romans russes ou balzaciens aux romans noirs, Eros et Tanathos sont bien dans le même bateau puisqu'ils sont ce que nous sommes.

Ajoutons la multitude de jeux électroniques qui reposent sur la guerre, et banalisent le meurtre. Tuer n'est plus une horreur mais le moyen "normal" de remporter la victoire, d'être "le meilleur".

Les réseaux sociaux ajoutent leur lot d'images fortes. Elles dénoncent les excès des forces de l'ordre ou fascinent les petits cerveaux en vantant un certain djihad vu sous son caractère le plus sanglant. L'assassin de masse qui partage son suicide avec des victimes innocentes est catalogué de "martyr" de la foi. N'oublions pas que nos "résistants" de la II nde Guerre Mondiale étaient, eux aussi, des "terroristes". Idem pour tous les mouvements de libération nationale dans les colonies. Mais, les buts à atteindre n'avaient rien à voir avec ceux de daesch qui consistent à placer les terriens sous le joug de la charia que cela leur plaise ou non. Paravent à des trafics, des enrichissements, et même complicité avec ceux-là mêmes qu'ils dénoncent. La "guerre perpétuelle" enrichit le secteur militaro-industriel, permet la surveillance accrue des citoyens dans les démocraties bourgeoises, crée des emplois dans le secteur de la sécurité, instille la peur dans les esprits et excite les haines.

Deux générations après l'horreur de l'industrialisation de la mort perpétrée par les nazis, en réaction aux délires de la résurrection d'un califat, et en réponse à la médiocrité des gouvernants contemporains, on voit ressortir des groupes nationalistes, épris de violence raciste, de défense de la race blanche, prêts à marcher au pas et au bord de commettre des pogroms contre ceux qui sont les premières victimes des fondamentalismes sunnites et chiites, les musulmans eux-mêmes.

Bien mieux, la violence se rencontre aussi sur les routes où, en dépit d'une baisse significative des accidents et des morts, le bilan annuel demeure quand même celui d'un bilan de guerre. La recrudescence des suicides dans certains secteurs (burn-out des salariés, petits patrons acculés à la faillite, agriculteurs abusés par les banques et la FNSEA, policiers à bout, personnes âgées...) constitue une violence "ordinaire" que la presse minimise car la dénoncer exigerait d'en trouver les racines et cette recherche remettrait en cause le système économico-politique dominant.

Or que nous proposent les "responsables politiques" face à ces violences ? Le spectacle affligeant de galopins en train de se chamailler dans la cour de récréation des primaires pour désigner celui ou celle qui sera le plus fort pour berner les pleupleus. La violence des propos est telle que tout dialogue devient impossible, que tout débat devient inaudible. Et c'est valable aussi bien en France qu'aux USA ou en Turquie. L'exemple vient toujours d'en haut. On comprend combien peuvent être dépourvus des enseignants pour transmettre des valeurs morales de justice, d'honnêteté, de franchise, de respect des autres, , de courage, de rigueur quand les "affaires" collent au cul des élus de droite et de gauche, et des repris de justice ou en coquetterie avec elle, leur sont proposés comme modèles.

Apprendre à se respecter, à se retenir, à se dominer. Enseigner l'Histoire pour mieux concevoir le futur. Vivre en harmonie avec la Nature dont nous sommes parties constituantes, que nous devons respecter puisque nous en sommes responsables et la préparons pour les générations futures. Tout cela nécessite une révolution des esprits qui place l'humain au centre de sa réflexion et de ses soucis.

Même si cela peut choquer certains et certaines, nous n'avons qu'une seule vie. Ne nous la gâchons pas ! Faisons attention à retenir nos pulsions, nos haines, nos réflexes cachés dans la parie reptilienne de notre cerveau. Apprenons "à ne pas souffler dans la figure des autres de peur de les contaminer". C'est très fatiguant de demeurer attentif à dominer nos violences, à apaiser nos craintes, à apprivoiser nos peurs. Cela exige une attention constante. Et une résistance psychique à toute épreuve.

Mais c'est la seule condition pour demeurer humain et vivre en bonne compagnie, libre et debout.

Naïveté ? Indubitablement. Utopie ? Absolument. Mais hélas, quand les fous sont au pouvoir ou veulent le prendre, il n'est pas complètement indifférent de leur opposer une autre façon de voir les choses, une autre éthique, une autre philosophie, si naïve et utopique soit-elle. Icare, ce grand utopiste, voulait voler...

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