Voici mon 200e billet de blog. Déjà !
C'est pour moi, l'occasion de remercier Médiapart qui nous permet de nous exprimer en toute liberté, même si elle est un peu surveillée.
Mais, il n'y a de liberté réelle, effective, que si elle est incluse dans quelques règles acceptées par tous.
Merci de m'avoir fait rencontrer des gens qui osent dire ce qu'ils pensent, avec un sens de l'humanisme assez remarquable. Voilà, de quoi me réconcilier avec l'humanité qui, trop souvent, me désespère.
Pouvoir s'exprimer, commenter, discuter, ce sont là les fondements de la démocratie participative qui repose sur le logos. Certes, de temps à autre, les débats sont pollués par des trolls. Mais il faut savoir les débusquer et passer outre, ils ne méritent que notre indifférence.
Merci d'enquêter, d'investiguer, de réclamer de ceux qui nous gouvernent un minimum de vertus sans lesquelles il n'y a point de démocratie possible, même si les personnes sensées ne se font plus aucune illusion sur la qualité des démocraties contemporaines.
Je m'efforce, avec lucidité, avec passion, avec, j'ose l'espérer, le plaisir de dire, de réveiller ceux qui me font l'honneur de me lire, à propos de nos libertés menacées, de notre démocratie en lambeaux, de nos désillusions de naïves grenouilles réclamant un roi.
Ou bien j'attire leur attention sur l'une de mes lectures afin de partager mes plaisirs.
A l'instar d'A. Camus je ne crois pas que l'on puisse "être heureux tout seul".
Il me semble retrouver ces partages et souvent ces exigences dans les articles et enquêtes des journalistes de Médiapart, cet espace de libre critique et d'information à haute valeur morale où, à la qualité des titulaires doit correspondre la qualité de ceux qui tentent de les rejoindre au travers de leurs billets.
Tenir un blog oblige à une gymnastique de l'esprit, une certaine rigueur intellectuelle, qui retardent le vieillissement de l'individu.
Vieillir c'est sombrer dans l'à-quoi-bonnisme, dans la résignation, dans l'indifférence à ce qu'il se passe dans le monde, et à côté de chez soi.
Nul doute qu'il y a chez ceux qui tiennent un blog un désir d'être entendus, d'être écoutés, de rompre l'anonymat dans lequel ils vivent, même s'ils utilisent un pseudonyme qui n'est jamais qu'un peu de pudeur dans un monde qui en manque sérieusement.
Il y a indéniablement un mélange d'orgueil et de désir d'aller vers les autres, une volonté de rompre une solitude tout en la conservant.
Il faudra bien, si ce n'est déjà fait, que quelque thésard en sociologie, étudie la composition sociologique, l'âge, la fréquence, la teneur des interventions sur tel ou tel site. Une comparaison s'impose. Est-ce qu'un blogueur est sur deux sites, régulièrement, de temps à autre, à quelle fréquence...
Il faudra surtout, essayer de définir le poul de la catégorie sociale concernée. Ce que doivent faire les renseignements généraux que l'on appelle plus comme cela, mais qui sont toujours bien en place pour informer le Pouvoir de ces cahiers de doléances permanents que sont les parfois les billets de blog.
D'aucuns se moquent de ces "révolutionnaires" barricadés derrière leur ordinateur. Mais les idées qu'ils échangent aident à construire, à bâtir une société qui devrait être un peu moins injuste à défaut d'être idéale. Ce ne serait déjà pas mal.
Oui ! Merci à Médiapart d'exister et de continuer à vouloir assumer ce rôle indispensable de "contre-pouvoir", pilier solide des démocraties et de la République.
Dans le monde des médias, la majorité des folliculaires est trop souvent constituée par les "chiens de garde" des puissants qui les stipendient.
Ici, même s'il y a surveillance et sûrement, une autocensure latente, tacite, mesurée, passe un certain souffle de liberté que des grincheux, des envieux tentent de nier ou de salir.
A plusieurs reprises, les lecteurss ne se privent pas, parfois, d'en remontrer à ceux qui écrivent des erreurs, des mensonges ou qui veulent leur faire prendre des Tapie pour des carpettes. Et c'est là, la force de ce genre de site qui condamne le journaliste professionnel à être immédiatement sermonné pour peu qu'il fasse mal son métier.
C'est le seul endroit médiatique où une telle correction, un tel dialogue peut avoir lieu, presque d'égal à égal.
La presse papier ne prend en considération le courrier des lecteurs que selon son bon vouloir, les artistes du JT, ne sont que des prêtres seulement sensibles à ceux qu'ils ont invités.
Ici, l'erreur, la mauvaise statitistique, la mauvaise foi éventuelle, sont immédiatement sanctionnées avec preuves à l'appui.
Merci, aux journalistes de Médiapart, de relever un tel défi. D'autant que si notre sociologue posait la question de savoir quel est le degré de confiance des lecteurs dans leur journal, il serait peut-être étonné de la réponse plutôt négative. Non point que l'on le considère comme de la petite bière, sinon, on ne s'abonnerait pas, mais tout en le respectant, chacun, ici, conserve intact son esprit critique, son doute cartésien, bien ancré et prompt à la réplique.
Faire vivre, donner du sens à notre devise républicaine que nos élites bafouent trop souvent.
C'est si beau : Liberté, Egalité, Fraternité.
Surtout, quand on s'efforce de les mettre en pratique.
Puissions-nous encore longtemps pouvoir nous exprimer en toute liberté et transmettre, si possible, notre part de lucidité sur ce monde d'où nous ne pouvons nous échapper que par la mort !
Oui, sans flagornerie, merci à Médiapart.