Les religions, c’est comme le curare, tout dépend à quelle dose et pour quoi on les utilise.
A l’occasion de cet embrasement d’une partie du monde musulman à propos d’une vidéo provocatrice qu’aucun ou presque des manifestants n’aura vue, il faut rappeler quelques vérités premières et prendre conscience du monde médiatique dans lequel nous vivons.
Tout d’abord, toute religion, quelle qu’elle soit, est une invention humaine. Donc, il n’existe pas de religion plus révélée que les autres, il n’existe que des personnages plus culotés que d’autres qui ont osé déclarer qu’ils avaient été avertis par Dieu, IWH Adonaï ou par l’un de ses représentants, l’ange inspirateur de Mohamed.
En conséquence, la notion de Livre Sacré est une aberration. Tout livre est une œuvre humaine qui appartient à la littérature et qui a été écrit le plus souvent à plusieurs mains et à des époques différentes.
Les historiens en reconnaissent les influences, les exégètes les interprètent, les enjolivent, et font parfois prendre des vessies pour des lanternes.
Tout lecteur attentif de ces textes d’origine sémite, en remarque les contradictions.
Dieu, Allah ou IWH, même dieu unique est à la fois « miséricordieux » et « dieu des armées ». Il pardonne ou condamne à la géhenne, selon le verset, l’hadith, le chapitre que l’on consulte. Ce qui prouve son Histoire, magistralement mise en mots par Régis Debray, et qui permet à de multiples auteurs d’en faire leurs choux gras.
Au passage, il faut remarquer l’anthropologie de la notion de Dieu qui est ce que n’est point l’Homme : omniscient, omniprésent, omnipotent, éternel.
A partir de là, peut naître la caste des brahmanes, que l’on assimile à tous les religieux, et médiateurs entre les textes et le commun des mortels. Ils ont pour fonction d’introduire les tabous, donc de les lever, parler au nom de Dieu qu’ils connaissent mieux qu’eux-mêmes, et s’imposent aux rois eux-mêmes.
Ces contempteurs du respect de la Vie, « tu ne tueras pas », n’ont point encore renié les aumôniers militaires de toutes confessions, parce que justement, ils sont là pour lever le tabou et bénir les armes et les militaires. « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » est plus que jamais d’actualité. Ils assistent les condamnés à mort sans trop remettre en question la justice des hommes.
La sainte hypocrisie est de mise. A laquelle s’ajoute, pour les religions sémites, la haine du corps.
En toute simplicité, ces schizophrènes déclarent que les humains ont été créés « à l’image de Dieu », mais ils se permettent d’inculquer la honte de certaines parties du corps, osant ainsi retoquer ce qu’ils appellent la Divine Création.
Enfin, on aura beau tortiller du cou pour scier droit, à partir du moment où d’aucuns se persuadent qu’il s’agit d’obéir à la parole de Dieu, il n’y a plus de discussion ou de débat possible. Qui oserait remettre en question la parole divine ?
On peut donc douter de la conception démocratique de nations qui ne peuvent être que théocratiques à partir du moment où elles inscrivent une religion officielle dans leur constitution.
N’y aurait-il point là incompatibilité entre les textes dits sacrés et les textes de loi de la République ? C’est ce qui explique les difficultés que rencontrent les pays du printemps arabe qui ne s’en sortiront que s’ils réussissent à réformer l’Islam.
C’est en effet, la Réforme, en Occident qui a dégagé la réflexion et ouvert la voie à une approche raisonnée si ce n’est raisonnable. Or, il ne me semble pas que le monde musulman ait connu une telle approche même s’il est lui-même divisé en de multiples courants de pensées qui se font une guerre aussi impitoyable que ce que la chrétienté a connu en son temps.
Enfin, l’apport des technologies de communication modernes, loin de « rationaliser » les esprits sert de caisse de résonnance, de tam-tam pour ameuter.
On le voit avec ces appels à la réunion publique, à la manifestation, à la signature de pétitions, mais aussi à la rumeur. Bientôt appel à la prière ?
Il va falloir apprendre d’urgence à maîtriser ces nouveaux outils de communication ce qui nécessite une réflexion, un recul, le doute raisonné qui sont tout le contraire de la foi, de la croyance, et des véhémences qu’elles entraînent.
D’autant qu’il appert que, derrière ces appels à manifester au nom du respect dû à l’illuminé de la Mecque, il y a bien eu des implications politiques pour fêter, comme il se doit, l’anniversaire de l’écroulement des Twin’s, si semblable à tous les écroulements volontaires de tours et autres immeubles à raser.
La manipulation des esprits n’est pas nouvelle. La guerre psychologique, la guerre médiologique font rage. Apprendre à trier le vrai du faux est un combat de chaque jour qui nécessite esprit d’ouverture, raison, expérience, connaissance du passé, et harmonie avec soi-même. Toutes qualités difficilement compatibles avec la soumission à de la littérature dite sacrée, quelle qu’elle soit.