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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 19 avril 2012

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Petit bilan de campagne, ouf !

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Le 22 avril 2012, « les grenouilles vont aller désigner leur roi ». J’en suis une.

Décidément, M. de la Fontaine et de la Boétie se révèlent les auteurs les plus modernes, les plus actuels, les plus en phase avec  ce temps d’élection. Nous sommes condamnés à « volontairement », nous donner un « maître », un « souverain quinquennal », en réalité, un « nouveau caïd ».

La Ve Constitution est ainsi conçue, que le « peuple souverain », en désignant son président, abdique sa volonté qu’il  délègue à un chef de bande, constituée des caciques de son parti, et de son carnet d’adresses dans le monde de la finance. D’où l’importance de ces dîners du Siècle où ce petit monde se retrouve pour peaufiner l’ordre d’exploitation des citoyens.

L’évolution de l’économie, sa mondialisation a détruit les fondements de la démocratie, soumis les systèmes politiques aux caprices des marchés, et asservi les peuples aux délires des financiers compulsifs qui ont transformé la spéculation en un Las Vegas mondial permanent.

Trois thèmes auraient dû capter l’attention des électeurs, trois questions fondamentales :

-       Comment sortir de ce système politique ?

-       Comment modifier ce système économique ?

-       Peut-on continuer à « croire » à une croissance infinie dans un monde fini ?

Le Président sortant, avec un bilan catastrophique, a continué à pédaler plus vite que d’habitude en reniant certaines de ses assertions puisqu’il est absolument dépourvu de convictions. Il a accumulé les mensonges, et entraîné la campagne présidentielle dans des détails, reposant sur la peur pour coller au sous-tif de Mme Le Pen, championne toutes catégories de la haine et de la division, du repli sur soi et du bâton de gendarme.

Nicolas Sarkosy a renié ce que Sarkosy Nicolas avait fait et avait été, ce serait un nouveau caïd que nous aurions, le représentant des « gens modestes ». Les carottes sont cuites. Il n’y a pas que des imbéciles à droite, il est carbonisé.

M. Hollande, avec un programme légèrement plus acceptable et quelques velléités de légers changements va faire le plein au deuxième tour. Ses amis se voient déjà à la tête des ministères. Lui-même, a refoulé sa nature primesautière, potache, amicale, conciliante, ironique pour endosser le rôle de Président des Français, tout de sérieux, de componction, de hauteur, voire de mépris mitterrandien, plus Dieu que Tonton.

On n’oublie pas qu’il est passé par le même moule que la plupart des politiciens de droite, l’ENA, cette prestigieuse école que le monde nous envie, et qui donne des professionnels de la politiques qui n’ont qu’un désir, arriver au sommet, soit par la voie de droite, soit par celle de gauche. Mais ils ont, les uns et les autres, la capacité de changer à tout moment. D’où leur extrême compréhension des « affaires telles qu’elles se présentent ».

Quant à des changements profonds, radicaux, on verra un autre jour. Ils ne peuvent venir d’en haut. Donc, ils sont obligés de venir d’en bas. Zut ! revoilà le peuple !

M. Bayrou, joue les professeurs, comme d’habitude. Il s’entête dans une troisième voie qui est celle de la soumission à la mondialisation, à l’Europe des banquiers, aux valeurs chrétiennes et, à la rigueur telle que l’exige le Saint Marché. Non sans certaines qualités, sa valse hésitation en fait un derviche tourneur incapable de s’allier avec qui que ce soit. Ses électeurs, gens hésitants, le cul entre deux bénitiers, seront obligés, en fonction de leurs revenus ou de leur honnêteté intellectuelle à choisir entre le caïd de banlieue chic ou le rédacteur professionnel de motions de synthèse.

Marine Le Pen continue à faire prospérer la maison Le Pen & Fille, en jouant sur les peurs, en remplaçant les juifs par les musulmans, en allant danser à Vienne au bal des nazillons, en divisant, en excitant les haines, en promettant des retours en arrière vers une époque où l’obéissance aux pères, aux chefs, aux princes, aux prêtres était la Loi.

Cela plait aux pétochards, si nombreux, aux petites têtes sans conscience, aux bas bleus des extrémistes catho. et aux éternels suiveurs, incapables de se responsabiliser. Elle est l’incarnation de la maîtresse des amateurs de sado-masochisme, et la « Madone des Peureux ».

La plus honnête des candidats, Mme Joly, aura fait une campagne courageuse, mais dès le départ plombée par ses propres « amis ». L’accord avec le PS en a fait une supplétive, comme d’habitude, et surtout à son corps défendant, elle est la preuve qu’un parti écologiste n’a aucun avenir en France. Dommage ! Mais c’est ainsi.

L’écologie est trop importante pour la confier à un seul parti.

Poutou est allé au turbin, contraint et forcé. Il est frais, il est vrai, il est sans illusion, il progresse vite dans la société du spectacle, il possède une analyse assez juste de la situation mais n’a guère de solutions et surtout, pas question de prendre le pouvoir. Candidat pour ne pas gouverner ! Comprenne qui pourra.

Autant comme M. Cheminade rassure, intelligent, brillant, délirant parfois dans ce qu’il écrit, mais sachant retourner ceux qui l’interviouvent, il étonne, autant Mme Artaud fait peur. Cela tient à la fois, à son faciès, sa bouche asymétrique retombe en un perpétuel rictus méprisant, et au débit de ses propos assenés avec une conviction de sectaire cherchant à entraîner des âmes perdues. Elle ne propose pas, elle ordonne, elle exige. Elle ne suggère pas, elle impose. Son « communisme » a conservé à la fois les dérives trotskistes et staliniennes. Elle fait plus de mal que de bien à l’idéologie des partageux.

J-L Mélenchon aura été la révélation de cette campagne. D’abord, en construisant un programme avec plusieurs composantes de la gauche, y compris avec le PCF que l’on disait sous perfusion, ensuite en redonnant une fierté, une conscience, un espoir à  une classe ouvrière et salariale que la pensée unique avait tenté de mettre à la poubelle.

Charisme de vieux politicien, une faconde, une puissance d’orateur, une haute idée de ce que doit être un responsable politique, il a donné des leçons à tous ses concurrents et adversaires ainsi qu’aux médias dont il a su à la fois dénoncer la médiocrité et l’arrogance.

Il est le seul à avoir élever le débat, à viser juste, à réclamer une Constituante, à envisager une rupture d'avec le système en place, à convaincre les français qu’ils étaient encore une grande nation, non seulement à l’échelle de l’Europe, mais aussi à l’échelle mondiale.

Enfin, tout son discours se  situe dans une continuité historique avec des racines solides, et une approche pédagogique fraternelle où l’identité de la France n’est pas celle de Lavisse et consorts, mais celle de la diversité, que cela nous plaise ou non.

Premier grand port de France, Marseille n’a jamais que 2500 ans et a été fondé par des phéniciens. C’est cela les racines de la France !

Il a sorti les électeurs de leur torpeur en les invitant à des manifestations en plein air où il a fait plus que le plein ! Imité, son concurrent et son adversaire principal ont quasiment fait deux bides. La « France silencieuse » est restée au chaud, pour l'un et l'esplanade de Vincennes ne fut pas comble.

Quant à la décroissance, à la menace du pic du pétrole, à l’impérialisme états-unien, à l’évolution de la planète au cours du siècle, les perspectives à long terme… Quelques remarques de Cheminade, notre Cassandre. C’est tout. C’est peu. C’est dramatique et angoissant.

L’on sait ce qui nous attend.

Les urnes vont parler. Mais, quel que soit celui qui en sortira, qu’il sache, dès aujourd’hui, que les forces vives de la nation, le peuple de France, au moins une partie de ce qui le constitue est prêt à retourner dans les rues pour recouvrer sa souveraineté bafouée par le système politico-économique en place.

Il ne peut en être autrement si nous voulons freiner avant de nous écraser sur le mur de fer de l’argent et tenter de le contourner ou de le fissurer.

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