Les « vieux » ont eu raison de gueuler qu’ils étaient réfractaires à l’assignation à domicile comme s’ils étaient des pestiférés. Selon le Monde de ce matin, l’Elysée a fait savoir qu’au-delà du 11 mai, toujours si tout va mieux, la levée du confinement sera pour tout le monde, avec mise en garde pour les personnes « fragiles », à risques.
Ah ! Quand même, le problème va désormais se poser au sein des familles. Est-ce que les enfants et petits-enfants vont laisser papy-mamie sortir selon leur bon plaisir ? Il va y avoir des pressions pour prolongation du confinement, toujours pour leur bien…
L’amour peut être parfois bien encombrant. Mais, le pire de tout, ne serait-ce pas l’indifférence ?
Mais au moins, avant de sombrer dans la dépendance, cette horreur absolue, ils pourront prendre leurs responsabilités, soit agir en citoyens presque libres.
Et puis, peut-être s’est-on aperçu, en haut lieu, dans ce monde parallèle des ors de la technocratie triomphante, que les associations qui constituent le ciment de la société était dirigée essentiellement par des bénévoles du troisième âge.
Que la plupart des communes de France ont des maires de plus de soixante cinq ans, et que, enfin, laisser les vieux à la niche, c’était mettre le Sénat en quarantaine. Tiens, tiens ! Les seniors jouent un rôle important dans la vie de la Nation ?
Fragiles face au virus, comme un porte-avion sans équipage. Ils devront se protéger, encore plus que les autres, puisque nous basculons inexorablement dans le « monde nouveau » de la suspicion permanente, de la séparation des corps, des poignées de mains et embrassades interdites, de « Pourriez-vous, vous éloigner un peu, s’il vous plait. Merci ! »
Avant de flirter, il faudra présenter son test de contrôle du matin en croisant les doigts si la rencontre a lieu en soirée. Parce que, le 11 mai, le Sras-CoV-2, il s’en balance. Il sera encore là en recherche de support humain pour survivre. Il rôdera, voyagera, avec les hommes et les femmes, s’adaptera à la situation jusqu’à ce que les humains trouvent le remède et le vaccin efficaces qui le tueront inexorablement, le condamnant à muter.
Quant à la manière dont est organisée cette lutte contre la pandémie…
Ce matin, je passe à tout hasard chez mon pharmacien pour lui acheter des masques, les miens, venant à expiration et relevant plus de la comm’,- « Vous voyez, les gens ! le petit vieux se protège et vous protège ! » que de l’efficacité. Eh bien en ce 34e jour de confinement obligatoire, en cette lutte sans merci, qui fut même au départ, une « guerre », toujours pas de masques pour les civils. Sont exclusivement réservés au personnel médical.
La compagne de mon fils, à Paris, rhumatologue, a été appelée en renfort, a reçu, vite fait une formation d’aide-soignante pour renforcer les équipes médicales. Elle n’a pas le matériel qu’elle devrait avoir. Charlotte et sur-blouse sont contingentées et les masques qu’elle devrait changer toutes les quatre heures au minimum, elle se les garde la journée. Elle est, en première ligne, à soigner, à torcher les malades, à les bouger, et les hôpitaux, sont si bien gérés, au plus juste depuis des années, qu’ils ne sont pas foutus de protéger leur personnel.
Cela relève de la criminalité organisée. Les tribunaux vont être surchargés en sortie de crise, parce qu’on ne va tout de même pas voter des crédits pour féliciter et sabrer le champagne à ceux qui nous ont mis dans une telle situation, quand même !
Et je n’habite pas au fin fond de la Creuse ou de la Lozère, mais dans la métropole de Rouen qui nous promet, via la presse locale en sursis, la distribution de masques lavables à tous les citoyens dans les prochains jours.
Le retard sur l’Asie devient inquiétant et il ne date pas d’hier.
Il y a plus de 20 ans, nous sommes allés faire un tour en Malaisie. L’autre grand-père de nos petits-enfants est parti avec un problème sérieux à un œil. A Kuala-Lumpur, dès notre arrivée nous allons chez un ophtalmologue dans un immeuble neuf, recommandé par l’ambassade de France. Reçus immédiatement. Examen. « Continuez ça et ça, dans trois jours arrêtez ceci et revenez dans 15 jours »
La quinzaine passée, retour, examen : « All is right ! » « Continuez les gouttes. Attendez ! » Et il nous donne la cassette vidéo de ses examens afin que l’ophtalmo français puisse voir l’évolution de la guérison. Bien entendu, malgré toute sa compétence, en France, pas de magnétoscope chez son ophtalmo pour enregistrer et lire les consultations.
Depuis, tout est enregistré dans l’ordinateur. Nous avons rattrapé notre retard.
Mais pas quand il s’agit d’une épidémie de cette ampleur.
L’Après :
Ça piaffe d’impatience au MEDEF en connivence avec la Secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher de demander à ces « salopards » de salariés confinés de revenir dès que possible, de faire une croix sur ce qu’il leur reste de droits du travail, et de réduire RTT et jours de vacances pour vite, vite, vite rattraper les pertes.
« Vous vous en sortez vivants, eh bien ! Vous pouvez vous crever un peu au boulot, les actionnaires ont faim ! » Le gouvernement tente de calmer le jeu. Bévue. Et de tortiller du cou pour scier droit : « Ce n’est pas qu’il ne faudrait pas faire des efforts, mais on ne peut pas exiger plus que ce que la loi nous autorise. » Je ne vous dis pas comment les managers vont ménager les salariés à la fin du confinement.
Cette engeance-là ne veut rien comprendre. Des obtus, des têtus, des trous du cul. Ils ne veulent pas comprendre que c’est leur système ultra-libéral qui a amplifié l’épidémie, que le marché déjà flageolant AVANT, va en effet être en piteux état APRÈS, mais qu’on n’en veut plus de ce système fou qui conduit l’humanité à sa perte.
Oh ! Les premiers de cordée à la manque, vous entendez ? On n’en veut plus de votre course à la croissance infinie. C’est fini ! Vous avez bousillé la planète, vous continuez à déforester, à souiller les océans, à polluer l’air, à vider les soutes du satellite comme si elles étaient inépuisables et vous n’êtes même pas capables de faire face à une épidémie de plus, avant la prochaine. Vous êtes nuls ! Alors, fermez-la et écoutez les gens qui ont réfléchi à l’Après, à un autre monde que le vôtre.
Restez au chaud avec votre Lallement, nous ne sommes pas du même camp. Bien vu, bien dit.
Nous voulons un autre univers, un autre monde, un autre système où l’humain recouvre la noblesse de la politique et où l’intendance, c’est à dire l’économie, obéit.
Changement de plan ! Renversement de table. Ré ? Non, non ! Pas île de Ré. Révo… Non, non ! Pas révolu… Ré-vo-lu-tion !
Vouiii Monsieur Roux de Béziers. Cela s’appelle une révolution, parce qu’on a fait le tour complet de votre incompétence en matière de gestion et d’organisation de la société mondiale. Eh oui ! Je conchie le « Saint Marché" auto-destructeur plus qu’auto-régulateur.
Nous aussi, on sait parler internationalement. Et même socialement.
La « sociale » ? Je sais, pour vous c’est flou, ça sent le drapeau rouge et la vinasse, hein ? Vous préférez de beaucoup, la société anonyme. La société fiduciaire. La société privée. La haute société. Sauf qu’en face, et surtout en bas, qui les supporte vos sociétés ?
Ceux qui réclament d’être respectés, d’être payés suffisamment pour vivre décemment.
Soyez rassuré, pas l’intention de thésauriser pour acheter des montres à 10 ans de Smic ou des collections d’œuvres d’art à un siècle de vie de travail. Non ! Manger correctement, se loger confortablement, se distraire intelligemment, prendre le temps de voir pousser les enfants et leur permettre de faire des études, de voyager modestement, et de se conserver en bonne santé. C’est bêtement cela la « sociale », puis aussi participer plus activement à la vie de la Nation, directement, en devenant pour ceux qui le désirent les représentants élus du peuple et issus du peuple.
Oh lalalala ! Vous seriez bien aimable de tousser dans votre coude, s’il vous plaît ! Et ce n’est pas fini.
Et même avoir quelques sièges dans les conseils d’administration, serait bien venu afin d’éviter d’être mis devant le fait accompli comme lorsqu’une direction veut fermer une entreprise rentable pour aller gagner cent sous de plus à l’autre bout du monde. On a vu ce que ça donnait les délocalisations et les pays-usines.
Comment se fait-il que vous ayez un bon masque et que nous, nous soyons obligés de nous les fabriquer sans savoir s’ils sont efficaces ? Hein ?
Vivre. Et non survivre.
Allez ! J’arrête mon délire. C’est samedi. Il fait printemps et la vie est si belle, pour ceux qui ne vivent pas en enfer comme ces migrants d’à côté, ou du bout du monde. Comme ces familles entassées dans des appartements bien trop petits.
Conseil de lecture :
À peine ai-je arrêté mon délire contre ces velléités d’un après pire que l’avant, dont rêve le patronat français, que le hasard, -(mais en est-ce un ?), de mes errances sur la toile, m’amènent à cette nouvelle préface d’ une réédition du célèbre livre d’Hobsbawm, « L’ère des extrêmes ».
Pour tout historien, ou amateur d’Histoire, Hobsbawm, historien anglais du siècle dernier, soit, hier, est incontournable. En fait, ce n’est pas « L’ère » mais « L’âge des extrêmes » « ou le court vingtième siècle » qui avait tant eu du mal à être traduit et publié en France.
Pourquoi ?
Parce que cet historien mondialement reconnu fut victime de l’intelligentsia franchouillarde anti-communiste, après l’avoir été, communiste. En effet, il a toujours revendiqué être resté marxien plus que marxiste, ce qui ne l’a pas empêché de critiquer le stalinisme comme il le devait, mais sans jeter l’eau du bain, le bébé et la cuvette, pratique courante chez nos « filousophes » contemporains qui firent la pluie et le beau temps dans les années 70 jusqu’à nos jours, aidant à enterrer la gauche pour le plus grand bonheur des 10% les plus aisés.
Serge Halimi, rédacteur en chef du Monde Diplomatique a écrit la préface à la nouvelle édition qui paraît chez Agone. La voici, la voilà. C’est une remise en mémoire de ce que nous avons vécu.
Il y a du règlement de comptes, toujours, chez Halimi, c’est pourquoi, je l’adore. Il met les pieds dans le plat, et saute comme un cabri en éclaboussant tous les "cons frères", et autres faux-culs de première.
Il y a de l’horloger, chez cet homme-là, dans la mesure où il a l’art de remettre les pendules à l’heure et de dé-marabouter les esprits pollués par la presse des milliardaires qui lobotomise notre démocratie qui part en quenouille de sorcière.
C’est aussi pour cela qu’il existe un sérieux contentieux entre notre cher moustachu Plenel et lui, qui, à une autre époque, se serait terminée sur le pré et aujourd’hui n’est devenu que bouderie et mépris réciproque s’étendant à ceux qui ont pris parti pour l’un contre l’autre.
Confinement + week-end, vous avez tout le temps de la lire tranquillement, cette préface. Je vous souhaite un beau et grand moment d’intelligence et d’ouverture d’esprit qui devrait nous servir à construire le futur.
Car nos racines, nos fondations, le socle sur lequel se bâtit le présent et l’avenir, se trouvent dans notre passé, que ça nous plaise ou non. Malheur aux peuples sans mémoire !
Et on termine avec un poème de Paul Eluard :
TOUT DIRE
Le tout est de tout dire et je manque de mots
Et je manque de temps et je manque d’audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J’ai mal vécu et mal appris à parler clair
Tout dire les rochers la route les pavés
Les rues et leurs passants les champs et les bergers
Le duvet du printemps la rouille de l’hiver
Le froid et la chaleur composant un seul fruit
Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l’anime et qui le désespère
Et sous ses saisons d’homme tout ce qu’il éclaire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine
Je veux montrer la foule immense divisée
La foule cloisonnée comme en un cimetière
Et la foule plus forte que son ombre impure
Ayant rompu ses murs ayant vaincu ses maîtres
La famille des mains la famille des feuilles
Et l’animal errant sans personnalité
Le fleuve et la rosée fécondants et fertiles
La justice debout le bonheur bien planté.