Lorsqu’on passe d’un compte-rendu à l’autre, d’un récit à l’autre, d’un discours à l’autre, il y a des moments où l’on se met à douter du sérieux de la démocratie.
La Ve République fonctionne avec un monarque quinquennal, tout puissant, à l’abri de la justice, chef des armées et qui a fait du Premier Ministre, un « collaborateur » entouré de secrétaires sans véritables pouvoirs, si ce n’est de satisfaire les « caprices » du monarque.
Cela exige un ego surdimensionné. Un individu normal, comme vous et moi, dépourvu de paranoïa, est inapte à un tel poste, fût-il pourvu d’idées justes, de valeurs démocratiques, de connaissances des affaires internationales, et de notions sérieuses en économie.
Avec l’actuelle candidature de Nicolas Sarkozy, non seulement, nous sommes confrontés à un paranoïaque de première grandeur, mais doublé d’un schizophrène.
En effet, le candidat, ami des riches pendant cinq ans, représentant officiel de leurs intérêts, qui n’a qu’une obsession :les rejoindre au plus vite, conseillé par Alain Minc, déjeunant régulièrement avec les responsables du CAC 40, couvrant leurs exactions financières, se dit le candidat des petites gens, du peuple et dénonce les élites, les corps intermédiaires, en un mot pour reprendre le vocabulaire frontiste, le « système ».
« Marianne » en son temps, sous la plume de J-F Kahn avait en 2007 averti de l’équilibre psychique du candidat de l’UMP.
Les électeurs avaient passé outre.
En 2012, la situation s’est aggravée.
Devrions-nous en conclure qu’il existe un pourcentage non négligeable d’électeurs qui sont prêts à reconduire au sommet de l’Etat, un caïd de banlieue chic, chef de gang ET déséquilibré reconnu ?
Pendant 5 ans, ils ont pu constater que c’est bien un agité du bocal qu’ils avaient élu.
Se contredisant, courant au propre et au figuré, le corps agité de tics, se précipitant sur tous les évènements qui pouvaient faire parler de lui au 20 H, légiférant plus vite que son ombre, dépensant des sommes astronomiques en déplacements inutiles, faisant preuve d’une inefficacité notoire dans tous les domaines à l’exception de la Sécurité Routière, dénaturant le sens des mots, « réformes » devenant synonyme de « régressions », acceptant la politique de Poutine dans le Caucase tout en se proclamant celui qui a réglé la situation grâce à son intervention, sauveur régulier de l’Europe, de la Crise alors que rien n’est résolu si ce n’est la possibilité à la finance spéculative de continuer à jouer au casino international des marchés en folie, bombardant un pays en faisant plus de 70 000 morts pour « sauver ses habitants », un nombre non négligeable de « braves gens », cocufiés magistralement, en redemandent !
Il est vrai qu’en face, la sérénité de M. Hollande n’a d’égale que son peu de pugnacité à remettre en question le système en place, se contentant de quelques suggestions pour introduire un zeste de solidarité dans un flot d’égoïsme financier.
L’on sait que la rigueur de gauche succédera à la rigueur de droite.
M. Bayrou tortille du goupillon pour aguicher la droite chrétienne. Il est partisan d’une rigueur bénite, guère différente de la rigueur absolue du sortant champion du chômage et de la désindustrialisation. « Produisons français ! », tel est son programme !
Mme Eva Joly joue sa partition écologiste avec rigueur, honnêteté, courage mais n’enthousiasme guère.
J-L Mélenchon, lui, tente de reconquérir le peuple en faisant de la pédagogie. Il est le seul candidat qui s’excuserait presque de l’être dans la mesure où, il ravive les couleurs de la démocratie en redonnant à ses auditeurs cette conscience de classe que l’on leur a extirpée du cerveau depuis les années 90.
Il n’est pas du genre à jouer des claquettes en chantant « Vive la Crise ». Il n’est pas du genre à dire « Votez pour moi et allez dormir ! » C’est plutôt « Votez pour vous, et retroussez vos manches ! » car il y a une société à reconstruire, il y a une guerre à mener, et ce n’est pas la plus facile, puisque, dans cette Guerre Economique où nous sommes jusqu’au cou, nous sommes parfois, aussi, les ennemis de nos propres intérêts.
Est-ce qu’une solution sortira des urnes ?
Honnêtement, j’en doute.
Mais ce que je sais, c’est que s’abstenir serait la pire des folies et la mort de la démocratie.
Et qu’on ne vienne pas nous parler de « vote utile » pour nous obliger à américaniser encore plus la vie politique française ! La folie des folies.
(Si je n’ai point évoqué « la Madone des Pétochards », c’est parce que je parle de politique et non d’entreprise familiale qui vend du néo-fascisme en ayant remplacé « juif » par « musulman »)
Et qu’on ne vienne pas me titiller l’entendement avec l’effet Goodwin, ce n’est pas moi qui suis allé valser à Vienne au bal des nostalgiques du nazisme.