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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 20 décembre 2012

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La repentance

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Que quelqu’un qui a commis personnellement une faute exprime à sa « victime » ou à sa famille, ses excuses, ses regrets, normal.

Nous pratiquons quotidiennement ce genre de repentance. Cela consiste à être poli. La politesse, c’est l’art de vivre de la « polis », la ville. Elle est la contrainte nécessaire pour que la promiscuité inhérente à la vie en ville soit supportable.

« Excusez-moi ! » ne coûte pas cher, n’efface nullement l’erreur commise, mais en atténue les conséquences et signale que l’on est conscient d’avoir commis une erreur (écraser un pied, laisser se refermer la porte, bousculer autrui sans désir de nuire). La politesse ramène les  actes à leur juste valeur.

Depuis quelques années, avec la notion absurde de « devoir de mémoire », il y a une mode qui voudrait que l’actuelle génération se repentît pour les méfaits commis par les générations précédentes.

Cela revient à tenir pour coupables les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de ceux qui se comportèrent en tortionnaires, en génocidaires, en bêtes assoiffées de sang, en mercenaires, en tueurs immondes.

Tout individu naît innocent.

C’est un devoir de morale universelle que les humains s’entendent sur cette reconnaissance du statut d’un être humain. C’est ce qui met un terme à la vengeance, à la vendetta, au désir de punir.

Pour autant, il faut prendre conscience que l’Histoire n’a pas de poubelle, et que, que cela nous plaise ou non, nous sommes l’aboutissement de cette Histoire qui nous est imposée. Il faut donc apprendre à vivre avec. Le seul devoir que nous ayons, c’est d’essayer de la mieux connaître, de la faire connaître, et de l’assumer. De la digérer.

Oui, la conquête de l’Algérie, comme toutes les conquêtes coloniales a été une boucherie infâme. Oui, les habitants du Maghreb ont été trop longtemps niés en tant que citoyens français à part entière, ce qui les a naturellement conduits à se battre pour recouvrer leur liberté.

Mais dans le même temps, on n’oublie pas que la côte algérienne était l’aboutissement de la route de l’or venu des profondeurs de l’Afrique, que ce commerce était doublé par celui de l’esclavage.

Tout le monde sait qu’Alger fut le port d’où partaient les pirates barbaresques, qui vient de berbères, qui écumaient les rives de la Méditerranée, faisaient des incursions à l’intérieur de la Provence ou de l’Italie, pillaient, enlevaient, violaient.

On a en mémoire que la construction de la civilisation française repose sur des défaites. La Gaule soumise à Rome, puis le monde gallo-romain soumis aux germains pour devenir le royaume des Franks, le Frankreich, c’est à dire la France. Elle-même a été envahie par les Vikings, les Arabes, après qu’elle ait été traversée par les Wisigoths, les Burgondes, les Huns vite rejetés, les Celtes, les Ostrogoths…

A chaque fois, tueries, esclavage, puis stabilisation, fusion, assimilation, mélanges ethniques, culturels, linguistiques, sociétaux.

Que vient faire l’idée de repentance là-dedans ? Car, à partir du moment où l’on tiendrait les vivants d’aujourd’hui, responsables des crimes commis par les morts, il n’y a plus de limites à la repentance généralisée et à la division des êtres entre eux. C’est ouvrir en grand les portes de la guerre.

La seule attitude regrettable consisterait à refuser de s’entendre pour expliquer honnêtement les faits historiques.

Or, pour ce qui concerne l’Histoire des rapports franco-algériens, des historiens y travaillent. Puissent-ils agir et faire leur métier en toute indépendance, en toute liberté ! Non pour que certains se repentent, mais pour que tout le monde sache et comprenne que l’Histoire commune de nos deux peuples nous réunit plus qu’elle ne nous sépare afin que, demain, nous bâtissions des relations amicales et fructueuses pour le plus grand bien des peuples.

Ce n’est qu’en agissant de la sorte que le sang versé jadis et qui imprègne si fort le sol de l’Algérie n’aura pas été versé en vain.

Il y a un « devoir de vivre en paix » qui doit être bien plus fort que la mémoire édulcorée, bafouée, arrangée par les uns et les autres sous prétexte de « devoir mémoriel », imposé par quelque parti que ce soit.

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