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Vieux lucide, donc sans illusions, mais toujours pas encore sans espoir quoi qu'il écrive.

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Billet de blog 21 mars 2020

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Journal d'un amoureux de la vie au temps du Corona Virus

5e Jour de confinement Vendredi 20 mars

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Ce matin, retour de la grisaille et quelques gouttes à l’image de ce que fut cet hiver 2019-2020 qui a connu des tempêtes en série.
Les ordures ménagères ont été ramassées comme d’habitude. On vient d’apporter le nécessaire à la perfusion mensuelle de ma femme qui supplée à sa maladie génétique et lui permet de vivre à petit souffle.
L’infirmier passera tout à l’heure.
Un très bon article sur Médiapart qui fait la preuve que le gouvernement, par le discours du Président, l’autre jour, parle de « guerre au virus », mais n’agit pas pour autant en économie de guerre. Ce ne sont pas tant les populations qu’il faut sauver, mais les entreprises, les bénéfices et surtout recommencer comme devant, le plus tôt possible.
Macron et sa bande sont indécrottables. La Pénicaud et le Le Maire, comme le Darmanin and co ne voient que reprise économique après période de baisse. Le célèbre « à la fois » sévit au sommet de l’Etat.
Il faut « à la fois » observer le confinement strictement ET aller travailler, y compris sur des chantiers du BTP, non utiles à la fabrication d’hôpitaux nouveaux, ou d’ateliers de fabrication de matériel médical qui constitueraient, en effet, ce qu’on attend d’un gouvernement vraiment en guerre contre le virus.
Il y a des baffes qui se perdent. Clémenceau ne voulut pas entendre parler de la grippe « espagnole », il avait une guerre à finir. Les milliers de morts dus à la grippe n’ont donc pas compté dans les statistiques des morts au champs d’horreur. Et pourtant…
Autre aspect surréaliste du discours « oxymoriste », la lutte contre les contrevenants qui sortent de chez eux pour aller se promener sur les plages que l’on va interdire, dans les champs et les bois. Il ne faut pas s’éloigner de plus de 1 ou 2 km de chez soi. Sauf, si l’on est chauffeur routier, bien sûr. Pas question non plus de faire du vélo dans la campagne ou en ville.
D’autant que l’on a supprimé toutes les courses cyclistes habituelles, que le Giro est reporté ou annulé, que le Tour de France n’aura pas lieu ou plus tard.
Comment des athlètes, toutes catégories peuvent-ils continuer à s’entraîner ? Et pourtant, à ce jour, le CIO n’entend toujours pas reporter les J.O. de Tokyo. Il y a tellement de fric en jeu ! Sauf que je compte sur les sportifs pour dire : « On ne joue plus ! Pouce ! Allez vous faire « coroniser » en rond dans vos réunions internationales ». Comme si des milliers de spectateurs venus du monde entier allaient envahir les gradins et apporter avec eux le virus à un pays, qui, pour le moment semble à peu près épargné. D’ailleurs les japonais semblent réclamer la suppression de ces jeux corrompus par la finance et la chimie fine.

L’idée de départ était belle. Mais la renaissance des jeux a vite été phagocytée par les militaires, les nationalistes et l’esprit de revanche. La devise olympique « Citius, Altius Fortius », "plus vite, plus haut plus fort" est issue du cerveau d’un certain Didon, prêtre dominicain, proviseur du lycée Albert Le Grand d’Accueil. Anti dreyfusard notoire.
On a oublié que les Jeux Olympiques grecs, s’accompagnaient de concours de chants, de poèmes, de spectacles théâtraux. De Coubertin et ses successeurs n’ont gardé que l’aspect physique. C’est un peu un très beau concours agricole où sont récompensés les meilleurs produits des races dans diverses catégories. Ce qui avait fait tousser le moustachu à Münich quand Jessie Owen avait ridiculisé la « race supérieure ». J’en ris encore.

Je pressens que si jamais l’épidémie se poursuit plus que prévu, ce ne sera pas à cause de la légèreté coupable du gouvernement français mais de ces citoyens qui ne sont pas restés chez eux, tout en devant aller travailler s’ils ne peuvent faire du télétravail. L'oxymore au quotidien.


Entendu à la radio, ce matin, qu’en Seine Saint Denis, la vie continuait comme avant. On discute au pied des immeubles, ces dames descendent vendre leur plats préparés à même le trottoir comme là-bas, en Afrique, et les gosses entassés parfois à plus de cinq ou six dans un deux ou trois pièces, vont jouer dehors. Comment pourraient-ils faire autrement ? Les pouvoirs publics n’osent même pas aller organiser la vie anti-Corona, ni verbaliser.
Car, miracle du fisc, désormais, on va verbaliser à coup de 135 € la prune et plus si récidive, ceux qui oseront défier les consignes. Même s’ils sont seuls dans leur sortie. Taper au porte-feuilles. Et "Ubu revient ! Alleluïa !". A Lyon des flics ont vernalisé un ou des sans-abri qui ne respectaient pas le confinement. Cela nous donne une idée du niveau de recrutement de ce beau métier de la gardien de la ... je n'ose même plus utiliser le mot Paix.

Alerté, le préfet va enquêter. Mais nous vivons de beaux et bons moments de rigolade, non ?


Bon ! Donnons-nous un petit rayon de soleil avec Jacques Prévert qu’il est toujours bon d’avoir à portée de main.
C’est tiré de « Grand bal de Printemps »
« Paris est tout petit
C’est là sa vraie grandeur
Tout le monde s’y rencontre
Les montagnes aussi
Même un beau jour l’une d’elles
Accoucha d’une souris

Alors en son honneur
Les jardiniers tracèrent
Le Parc Montsouris

C’est là sa vraie grandeur
Paris est tout petit.

17 h 23
Un petit tour sur le Net après une balade près de chez moi. J’ai la chance de pouvoir monter une départementale délaissée par la DDE, suite à un retraçage de la voie, coincée entre un bois et des prés. On monte sur le plateau est de Rouen. On voit la vallée de l’Aubette et ma banlieue campagnarde couronnée de forêts. J’ai croisé quatre hommes qui s’activaient, deux jeunes et deux moins jeunes.

C’est qu’il faut se bouger, nom de Dieu ! Moi, si je reste assis à taper sur mon clavier, à regarder des films et à lire, je vais avoir à nouveau une sciatique dont je me suis débarrassée  il y a cinq ans mais qui me titille toujours et j'ai des douleurs à toutes les articulations qui risquent de me diminuer, voire de me clouer en chaise roulante.

Bien entendu, nous nous sommes salués en gentlemen en vacance de confinement et complices de notre souci de respecter nos corps, tout en gardant les distances réglementaires.


Sur le Net, ça barde en Italie. ANSA.it annonce que les contrôles se multiplient à Rome. Bergame est un peu dépassée par les évènements, le pic n’est pas encore atteint. Un hôpital de campagne est opérationnel à Cremona. Une nouvelle contagion à Vo’ Eugenio en Vénétie où l’on croyait pourtant avoir vaincu le monstre. et d'où était partie l'épidémie dans cette région.
Si, en plus, une fois infecté puis guéri, on peut repiquer la saloperie, l’épidémie peut encore durer quelques années. D’autant plus que les bombes à retardement de l’Inde et des pays africains n’a pas encore vraiment, officiellement, explosé. L’avenir s’annonce radieux. D’ailleurs, les tulipes commencent à fleurir pendant que le mimosa s’étiole jusqu’à l’an prochain si Coco Rona ne nous a pas fait la peau.

Téléphoné en début d’après-midi à une amie plus âgée que nous, mais qui a des enfants du même âge que nos deux aînés. Celle qui a le même âge que ma fille, expat’ à Madrid, est revenue se faire soigner à Paris forte fièvre, des frissons, une éruption de boutons, un grossissement de ganglions qui n’a pas duré, comme si le corps se débattait avec furie contre une attaque de virus. Mais est-ce le Covid-19 ? Pas de dépistage. Elle est chez elle, allongée, seule avec son Doliprane. Son mari, resté à Madrid, lui aussi, est atteint sérieusement. Apparemment pas trop de difficultés à respirer. Ils ont tout juste dépassé la cinquantaine. Simone se fait du souci. Normal. Je n’ose imaginer si nous apprenions que l’un de nos enfants ou petits enfants était en cette situation.
Nous sommes obligés de sombrer dans une sorte de fatalisme. C’est la grande loterie de la santé, si inégale pour tous. Il y a des morts, pas tant que ça d’ailleurs, mais on peut s’attendre à quelques millions pour la planète où nous grouillons à plus de 8 milliards. Alors…


Obsession ! Mise en condition. Répétition générale pour voir triompher un monde Big Brotherisé. Je sens venir une accélération de la surveillance des individus, une explosion de l’I.A. pour accélérer la reconnaissance faciale. Les chinois possèdent en ce domaine, une sacrée longueur d’avance et surtout un régime politique et une mentalité pour accepter cette absence de libertés fondamentales. Apparemment, ils trouveraient normal de jouir d’un système à points qui les classe, leur donne des avantages ou les punit selon qu’ils se montrent obéissants ou osent sortir des clous.
« Jamais ça ne marchera chez nous , voyons ! » Attendez ! Regardez un peu comme nous sommes conditionnés. Il y en a, autour de moi qui en redemandent. Ce putain de virus, comme toute guerre, s’avère un sacré exercice d’entraînement à la soumission à la tyrannie. Ça me bouffe l’entendement. Mais je suis peut-être trop épris de libertés. Je l’ai toujours été.
Ce qui ne m’empêche pas de prendre des précautions, d’être responsable, pour moi, et pour les autres. Mais je n’ai pas besoin qu’on me surveille comme un gosse mal élevé. Il est vrai que je n’appartiens pas à cette génération TPMG (Tout Pour Ma Gueule) si bien représentée par nos plus jeunes gouvernants. J’ai appris le « nous », la solidarité, la vie en commun, le respect des autres.
Heureusement, la génération d’après semble plus responsable. Mais est-elle éprise de libertés comme nous le fûmes ? C’est qu’il y a des ayatollahs verts parmi nos jeunes écolo-vegan and co.

Et pour finir cette belle journée quelques chiffres :
Chine : 81 250 contaminés 3 353 décédés 71 266 guéris
Italie : 47 021 4 032. 4 440
Espagne : 20 410. 1 043 1 588
Allemagne : 19 848 67 180
France : 1 479. 459 12
Si l’on en juge par les chiffres de l’Italie et de l’Espagne, la France est loin d’avoir atteint le pic où l’épidémie redescendrait. Montée en puissance à prévoir pour les prochains jours.
Par contre, la stagnation se poursuit en Chine, ce qui tenterait à prouver que le confinement est efficace. Mais les chinois s’attendent depuis des années à devoir faire face à ce genre d’attaque de nouveaux virus et possède des moyens, du matériel et des méthodes.
En Europe, nos institutions sont, comme l’avait remarqué A. Camus, toujours dépassées par ce genre de catastrophe. Il est vrai que nous payons aussi les politiques austéritaires mises en place pour casser les services publics et traiter les hôpitaux comme de simples start-up, considérant les personnels comme des « variables d’ajustement ». Merci l’ultra-libéralisme de nos dirigeants !

Terminons par un autre petit poème de Jacques Prévert : ET DIEU CHASSA ADAM…
Et Dieu chassa Adam à coups de canne à sucre
Et ce fut le premier rhum sur terre

Et Adam et Eve trébuchèrent
dans les vignes du Seigneur
La Sainte Trinité les traquait
Mais ils s’obstinaient à chanter
D’une enfantine voix d’alphabet
Dieu et Dieu quatre
Dieu et Dieu quatre
Et la Sainte Trinité pleurait
Sur le triangle isocèle et sacré
Un biangle isopoivre brillait
Et l’éclipsait.

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