Parfois, un groupe partageant des valeurs communes arrive à se donner du bonheur de vivre. Un pot en commun dans la douceur vespérale d’une ville de province où l’on parle des livres que l’on a lus, des pièces que l’on a vues et c’est un moment de grande espérance, de plaisir de vivre.
Et puis, soudain, balayant ce qui pourrait être la continuation de ce « Bonheur Fou » gionesque cultivé depuis des décennies, des remugles de fascisme banalisé viennent empuantir la conversation. La mort de Silvio Berlusconi est passée par là.
Et avec son sourire de vendeur de dentifrice, il y a son appartenance à la loge P2, ses deals avec les mafias, son concept abjecte de la télévision qui a contaminé les chaînes de toutes les démocraties à des degrés divers, son mépris pour les institutions et pour la Constitution Italienne, qu’il faut entendre commentée par Begnini, sa fausse générosité qui équivalait à l’achat de bulletins de votes, et sa dédiabolisation des idées fascistes qui a banalisé l’impensable pour moi, enfant né entre deux bombardements durant la Seconde guerre mondiale. Le recteur de l’Académie pour les Etrangers de Sienne a pris la décision de ne pas baisser le drapeau tricolore le jour de deuil national pour toutes ces raisons. « Car ce serait indigne de notre université ».
Deux guerres mondiales ! Deux horreurs ! Avec pour la seconde, l’industrialisation de la mort comme moyen d’éliminer des catégories de la population européenne : juifs, tziganes, homosexuels, malades mentaux, opposants politiques de tous bords.
Et le final, avec deux bombes atomiques pour prouver que les USA sont en avance sur l’URSS et qu’elle a intérêt à bien se tenir, le tout constituant un très beau « crime de guerre » parfaitement condamnable, sur le dos des japonais, ayant accepté de se donner à une armée impérialiste qui a sévi dans tout le Pacifique aussi bien qu’en Chine.
Et aujourd’hui, je vois naître un renouveau du « suprémacisme blanc » responsable de ces horreurs. Je crois n’avoir jamais connu un seul jour de ma vie sans qu’il y ait une guerre, quelque part sur notre planète. Toutes les cinq secondes, un enfant y meurt de faim. Mais cela, on l’oublie à peine l’avoir lu ou entendu. Id est. Et alors ?
Dès les années soixante, et même avant pour certains, l’on nous a prouvé que le système capitaliste qui repose sur « la croissance infinie dans un monde fini » constituait une menace à plus ou moins long terme pour la survie de l’espèce. J’ai lu au cours de mes études « L’Afrique Noire est mal partie » de René Dumont qui se présentera à la présidentielle en 1973.
Certains ont alors pris conscience de ce qu’il dénonçait. L’écologie devenait une science connue de tous. Mais la cupidité, le conservatisme des privilèges, la croyance dans la consommation, l’intérêt des actionnaires, la complicité des mondes politique et journalistique ont tout fait pour que les masses vivent dans le déni.
Ne rien savoir, ne rien voir, ne rien changer, croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, et la foi dans la technicité !
Les politiciens se sont transformés en technocrates-comptables, tous passés par les « Grandes Ecoles » si chères à la haute bourgeoisie. Nulle autre perspective que leur propre carrière. Pratique du pantouflage, ce va-et-vient entre public et privé si rentable pour ceux qui le pratiquent.
Du coup, la « représentation nationale » ne représente plus que la bourgeoisie moyenne et supérieure. Les représentants issus du peuple des travailleurs, des commerçants, des petits agriculteurs, des artisans ont été éliminés ou n’existent plus qu’à dose homéopathique.
Ne subsiste donc que « l’entre-soi ». Tous savent que leurs privilèges, leur manière de concevoir la vie, leur adoration de Mammon, les lobbies qui les tiennent avec leurs ficelles telles des marionnettes constituent un danger pour les générations futures. Et comme le peuple, jamais complètement stupide renâcle, ne restent plus que la « violence d’Etat » et les illusions portées par une extrême-droite garante d’un non-changement et même d’un retour en arrière quant aux quelques avancées sociétales acquises non sans lutte, mais qui ne remettent pas en question l’essentiel.
Une épidémie de Covid où les scandales se sont accumulés, la mise sur orbite d’un Trump aux USA dont la politique demeure la même « Nous sommes les premiers et nous le resterons » ce que contestent les Chinois et quelques autres, une montée des responsables dits illibéraux un peu partout en Europe, une Afrique toujours contaminée par les restes de colonisation, exploitée, avec des politiciens aussi véreux qu’ailleurs, une néo-colonialisme rampant, et devenue poubelle des pays riches et pourvoyeuse des matières premières qui font le bonheur de ceux qui font son malheur.
Cela me ronge, m’étouffe, me gâche la vie. Le peu de vie qui me reste.
Mes combats, mes luttes, mon militantisme n’auront servi à rien.
Et puis ces guerres dans une Europe que l’on nous a fait croire à l’abri d’un retour de l’horreur. Guerre des Balkans, le cœur de l’Europe, et aujourd’hui, l’Ukraine où l’on participe hypocritement au conflit, en testant nos engins de mort, et en appuyant les ukrainiens dont la Russie a violé les frontières, ce qui ne se fait pas chez les pays civilisés. Sauf quand la civilisation de référence est elle-même quelque peu encline à ne pas respecter les règles qu’elle impose aux autres.
Horreur quotidienne de part et d’autre de la frontière. Innocents tués ou blessés des deux côtés. Oui ! Mais, merveilleuse avancée dans l’art de faire la guerre : importance de l’information et du nombre de drones de toutes tailles avant que n’apparaissent des robots tueurs comme dans les films de s-f.
Nous avons gardé une mentalité de général romain « Si vis pacem par bellum » avec des outils hautement sophistiqués. Et cela peut faire peur aux plus conscients. Non ?
Devant les multiples rapports du GIEC, ( ne devrait-il pas être dissous ?), devant le recul des glaciers difficile à nier, devant la montée des océans et l’accélération du recul du trait de côte, devant le réchauffement que plus personne n’ose nier, - quoique, devant l’aggravation des catastrophes climatiques, les sécheresses comme les cyclones et autres feux de forêts, les responsables dits politiques prennent des mesures, lancent des propositions, font confiance au système pour qu’il s’auto-régularise et osent timidement imposer parfois. Ma non troppo ! La FNSEA veille.
Les réserves des minerais nécessaires à la fabrication des engins électriques ? On s’en balance.
L’électricité est devenue une source d’énergie « propre » ! Tout est repeint en vert. Programme de centrales nucléaires à gogo ! Les avions de demain ne pollueront plus fonctionnant au carburant vert-caca, le méthane en avant, et l’IA et ses DATA grands consommateurs d’électricité… Pas de problème, puisque l’électricité est verte, nom de Dieu !
Comme la IIIe Guerre mondiale qui n’est absolument pas commencée.
Et couronnement de toutes ces perspectives hautement réfléchies : ce sont les violences commises par quelques rares jeunes au cours de manifestations pacifiques contre la folie au pouvoir qui dégénèrent pour le plus grand bonheur des chaînes en continu, qui sont considérées bien pires que les politiques économico-politiques suicidaires menées par les pays les plus riches de la planète.
« On sait que l’humanité, à long terme disparaîtra. Donc, où est le problème ? Que rien ne bouge ! Que rien ne change ! Du moment que ça rapporte. » Telle semble être la doctrine ambiante camouflée hypocritement par des décisions et colloques écologiques. Tu parles !
La violence de ce système ultra-libéral mondialisé n’est rien à côté de quelques jets de pierres sur les gardiens de l’ordre bourgeois.
Car ces régimes qui osent se dire démocrates savent qu’ils sont en danger et ne tiendront que par la force, la violence, l’injustice et leurs forces de polices. D’où la remontée de ces partis nauséeux d’extrême droite, qui détournent les responsabilités du capitalisme dominant vers les minorités de couleurs, les migrants dont ils se servent aujourd’hui, comme ils se sont servis des juifs jadis.
Oui ! Tout cela me remue les méninges et même les tripes, d’où cette nausée dont je ne sais comment m’en débarrasser sans éclabousser le voisinage.
Je suis « Les soulèvements de la Terre ».
Et pas d’hier.
Les prétoriens des criminels en place peuvent venir m’engeoler, je serai sans armes.
Juste une cuvette à la main. Au cas où…
21/06/2023 Fête de la musique.
Max Angel alias Gérard Planterose