Je conchie la loi Gayssot, je conchierai la loi sur le génocide arménien si elle est votée.
Par principe.
Attention ! Je ne nie pas la caractéristique essentielle du nazisme qui est un amalgame de fascisme et de racisme.
Je ne nie pas l’existence de la politique systémique de ce régime qui avait programmé l’élimination non seulement des juifs, accusés de tous les maux possibles, mais aussi des tziganes, des communistes assimilés à une race, des fous, des homosexuels, d’une partie des slaves, des opposants allemands et européens et plus largement de tout ceux qui n’étaient point aryens, ces races inférieures qui polluaient ou risquaient de polluer la race aryenne.
De même, je ne nie pas que les Turcs aient commis ce qui ressemble à un génocide à l’égard du peuple arménien, comme la France en a commis à l’égard des malgaches, des algériens au moment de la conquête de l’Algérie comme au cours des massacres de Sétif et de Guelma, sans oublier le Rwanda, ni comment étaient traités les populations noires au moment de la construction de la ligne de chemin de fer du Congo…
Mais, je refuse, en tant que citoyen, comme en tant qu’ancien enseignant d’histoire que les députés m’obligent par la loi à enseigner une « histoire officielle » comme c’est la coutume dans tous les régimes totalitaires.
On viendra m’opposer que les négationnistes sont des criminels. Non ! Ce sont surtout des réfractaires à la vérité historique. Ce sont des gens animés d’une volonté d’imposer leur propre « histoire officielle ». Ce n’est pas une loi qui les empêchera de continuer à délirer.
En Histoire, il y a les faits, les documents, les preuves, les témoignages.
Après, les historiens selon leur honnêteté intellectuelle les interprètent, les expliquent, reconstituent le passé, élaborent des thèses, des explications, des commentaires. Il s’en suit des confrontations, des contre-expertises, des débats. C’est la vie, car l’Histoire n’est pas une science exacte, elle est la vie de notre mémoire et donc sujette à fluctuations.
Il faut être continuellement ouvert à toute nouvelle découverte.
Ainsi, Lutèce est bien à l’origine de Paris, du moins dans sa version gallo-romaine. Mais en réalité, il appert, vu les dernières découvertes archéologiques qu’il existait du côté de Nanterre une cité gauloise qui lui était antérieure. Il y a là sujet à révision de nos connaissances.
Si une loi avait décrété que l’origine de Paris, c’est l’île de la Cité, point final, les archéologues n’auraient plus qu’à aller pointer à Pôle Emploi.
Alors que nos législateurs laissent les spécialistes des sciences dures, des sciences humaines libres de leurs recherches, de leurs vérités, comme de leurs erreurs.
Libres !
Qu’ils n’oublient jamais qu’ils siègent dans des assemblées sous la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ». Ils devraient avoir perpétuellement à l’esprit ce que signifient ces trois concepts sacrés auxquels ils devraient ajouter « Laïcité » ce qui pourrait donner lieu à un autre débat bien plus passionnant et bien plus urgent et constructif que de savoir si les massacres turcs à l’égard des populations arméniennes n’étaient que des massacres ou un génocide, tellement la différence entre les deux horreurs est parfois impossible à déterminer.
Y a-t-il eu une loi de « Solution Finale » proclamée contre les arméniens ? Je pose la question parce que je connais mal le dossier.
Par contre, je connais bien le principe qui consiste à jouer de la démagogie pour capter des voix, ce qui est la seule raison de cette déraison qui consisterait à légiférer en matière de recherche historique.
Pas d’Histoire Officielle s.v.p. ! Pas de ça chez nous !