Leçons de Morale
A l’occasion des frasques de DSK, et de lamanière dont nous nous comportons sur chaque rive de l’Atlantique, je vousrecommande, si ce n’est déjà fait d’écouter les propos de Denise Bombardier,journaliste québécoise bien connue. Les français, en prennent pour leur grade,non sans raison.
Est-ce que pour autant, elle a elle-mêmeraison ?
Selon moi, j’approuve ses propos à 98%.Pourquoi ?
Parce que je refuse la médiatisation dusystème judiciaire états-unien, que j’estime dégradant, voire inhumain. « Non je ne suis pas choquée, comme nordaméricaine des images que j’ai vues, même si au Canada on ne menotte pas… »
Un Afghan n’est pas choqué par lalapidation d’une femme reconnue coupable d’adultère. Un saoudien n’estnullement choqué que l’on tranche la main à un voleur. Un texan trouve normalque l’on assassine légalement un assassin ou reconnu tel, avec les erreurs quel’on connaît.
Eh bien, moi, ça me choque, dans la mesureoù je me fais une autre idée de la justice.
Quel que soit le criminel, un état dit dedroit, s’honore à le juger dans la dignité, dans la sérénité, dans l’équité. Ledroit, c’est le contraire de la vengeance. Être civilisé, c’est surmonter notrepulsion animale de mort définie par cette abominable Loi du Talion.
Que nous soyons tous égaux devant la loi aété une avancée définie dans la Déclaration des Droits de l’Homme et duCitoyen, avec quand même une restriction de taille, à savoir que dès la mise enplace du Code Napoléon, la femme est considérée comme « mineure »c’est à dire au même niveau que les enfants, et les aliénés mentaux.
Et j’ai bien peur que cet état d’espritperdure dans beaucoup de cerveaux, y compris dans ceux de certains de nosdirigeants tous partis confondus. Il n’y a qu’à considérer le nombre d’éluesaux plus hautes fonctions pour constater le machisme politique ambiant. Et jene parle pas des de la « beaufitude » régnante dans les jeux de motset autres lazzi en cours à propos des « aventures de DSK ».
Pour reprendre une remarque d’une femmequi m’est très chère, féministe modérée, elle a toujours refusé le militantismede « guerre des sexes en usage aux States à l’époque du Women’sLib ». En France, pays de Rabelais, de Voltaire, les hommes et les femmesauraient plutôt tendance à s’aimer qu’à se haïr.
De là, à minimiser le viol, à ledécriminaliser, il y a un gouffre que d’aucuns ont sauté avec une légèreté biencondamnable.
La complicité des journalistes pour lesfrasques des pipeules devrait sûrement être revue. A condition que ces pipeulesaient, eux aussi, la décence de ne point étaler leur vie privée quand ça lesarrange, et de la camoufler selon leur bon plaisir. Mais que la médiatisationdes hommes et des femmes politiques s’arrête au seuil de leur domicile privé meparaît être une excellente solution, bien loin de l’hypocrisie crasse quidomine dans l’Empire.
Il est vrai qu’ils n’apprécient guère J-JRousseau, ont voué certains de leurs écrivains aux gémonies parce qu’indignesdans leur vie privée, ce qui ne les a pas empêché d’élire un George W Bush, un « parangonde vertu », qui déclencha une guerre en mentant à la planète sans que celane l’empêche d’aller jouer au golf pour occuper sa retraite pépère, après avoirlégalisé la torture et créé une zone de non-droit à Guantanamo. Il a quelquescentaines de milliers de victimes sur la conscience, mais « c’est pas lui,c’est l’autre ».
En attendant, ce « fait divers »new-yorkais, nous renvoie l’image de notre société. Et elle n’est pas belle.
Mépris pour la victime, mise à mort médiatiquepour le coupable présumé, défense absurde des faits, admiration stupide pour unsystème judiciaire soit disant moins hypocrite que le nôtre, à cette différenceprès qu’il fait la fortune des avocats, tout puissants, entretient la peine demort, et théâtralise la justice pour la remettre entre les mains de procureurs« élus », ce qui exige une soumission à une clientèle, avec desshérifs élus, et des juges soit disant indépendants mais déléguant à des grandset petits jurys.
Il me semble qu’un tel système s’avèreêtre une machine à condamner assez souvent des innocents.
Je ne lui opposerai pas le systèmefrançais que notre avocat de président veut américaniser. Magistrats sousdomination de l’exécutif, enterrements d’affaires, comportement machiste de lapolice, et taux de remplissage des prisons maximum. Preuve s’il en est que lesystème est sérieusement à revoir.
Que voilà des thèmes de campagneélectorale qui mériteraient de souder et réunir les citoyens. Ce qui supposeune sérieuse éducation et réflexion de chacun.