Historien, anthropologue, essayiste, E. Todd a l’âge d’avoir une œuvre derrière lui. Il est le plus anglo-saxon de nos chercheurs, études à Cambridge, père anglais, mère juive d’exilés hongrois qui doivent leur survie aux USA, mais né en France et breton d'adoption, lecteur invétéré de la presse et de la littérature de recherche anglo-saxonne, on ne peut guère le soupçonner d’un anti-américanisme congénital, ni d’un anti-sémitisme.
Or, face aux faits, il analyse et il tape, n’en déplaise à nos gallo-ricains de service qui sont les chiens de garde de la première puissance militaire mondiale et pourtant en voie de perte de vitesse.
Alors, bien sûr, ça ne fait pas plaisir. Ça éveille des haines, des jalousies, et puis son ton professoral, en dépit de son humour et de ses aveux d’erreurs passées, ce n’est pas tout à fait le genre du milieu des médias et même de la recherche.
Son explication sur la guerre en Ukraine réécrit ce que l’on nous a vendu. Bien plus, et quasi sacrilège, l’Ukraine a perdu ose-t-il écrire, parce que l’UE et particulièrement la G-B, l’ont poussée dans l’OTAN-UE qui ne ferait plus qu’un, puisque les USA, n’ont qu’une crainte, l’union de l’Allemagne et de la Russie, donc de l’UE et de la Russie.
Les USA veulent demeurer la première puissance mondiale, imposant à tous, « sa manière de voir », ce fameux « American way of life » débarqué lors de l’Invasion au cours de la Seconde Guerre mondiale en Italie et en France.
Or, la carte, 11,1 page 307, du vote pour ou contre les sanctions à la Russie qui a envahi préventivement l’Ukraine, montre que l’Occident US est ultra minoritaire par rapport au reste des pays de la planète.
Ce qui explique que ces pays, en Afrique et en Asie, plus le Brésil, soit les Brics élargis, se sentent plus rassurés par la « méchante » Russie que par les « gentils » USA.
On le voit bien, nous autres gallo-ricains, avec les déboires que nous connaissons dans nos ex-colonies africaines.
Ben oui, pourquoi est-ce qu’on ne nous aime plus, sauf pour recevoir "avec cette humanité fraternelle dont nous sommes si fiers", des migrants qui fuient nos dégâts et croient qu’ils ont une chance de mieux vivre ici ? Les anciens empires coloniaux doivent leur richesse, si mal répartie, grâce à leurs exactions dans les pays colonisés. Normal, qu’on tente sa chance chez eux, surtout quand on parle la langue imposée par le colonialisme, et que ces pays sont en manque de main d’œuvre faute de natalité, ne serait-ce que de remplacement.
L’anthropologue s’appuie sur ses recherches antérieures : constitution des familles, croyances religieuses, coutumes, héritages différents, acceptation de régimes autoritaires ou non… Oui ! C’est agaçant, mais il faut avouer que ça joue aussi, que ça nous plaise ou non !
Par ailleurs, le facétieux « chercheur » et « scientifique » ose transformer le PIB, tel qu’il est calculé aux States, en PIR, soit en Produit Intérieur Réel, après un calcul des plus amusants dont nous sommes d’ailleurs prévenus : « Je vais proposer un exercice qui devrait amuser le lecteur : dégonfler le PIB au moyen d’estimation un peu libres pour parvenir à une évaluation réaliste de la richesse annuellement produite au Etats-Unis, le PIR…J’y parviendrai moyennant un calcul dont l’audace et la précision devraient me valoir un Prix Nobel. La Banque royale de Suède, qui a décerné ce hochet à tant de comiques méticuleux, pourrait pour une fois, récompenser un esprit simple et clair. »
Tout bon lecteur, a compris que ce calcul, dont je vous laisse le loisir de le lire, possède cette grâce de l’humour British. Est-ce du lard ou du cochon ? Mais comme tout humour, cela fait aussi réfléchir.
Quant à l’avenir qui nous attend…Prudence d’Emmanuel Todd que l’on a connu plus prophétique. Mais, depuis son erreur sur les retombées bénéfiques du Brexit en G-B, on sent que le professeur demeure modeste et se contente de nous rappeler le passé et d’analyser le présent, ce qui n’est déjà pas si mal, d’autant qu’il possède toujours l’art de remettre les pendules à l’heure.
Son livre était déjà chez l’éditeur lorsque le 7 octobre 2023 a surpris le monde entier, sauf les services de surveillance de la frontière avec Gaza.
Qu’a fait Joe Biden ? Un discours du 20 octobre : « Hamas = Poutine, Israël = Ukraine » en oubliant qu’en Israël, il y a près d’un million de citoyens venus de Russie et qui n’ont aucune haine envers leurs origines.
Le « village » de Washington où règne le Blob des va-t-en-guerre a donné son feu vert pour alimenter en armes et munitions Israël, car le nihilisme qui sévit dans le monde occidental ne peut que réagir par la violence.
Blob, village et nihilisme sont à découvrir dans le livre.
Livre qui ne peut plaire à la majorité de nos gallo-ricains habituels.
Quant à ceux qui veulent comprendre et avoir une autre musique que d’habitude, c’est
23 € chez leur libraire habituel.