Ceux qui osent jouer un autre air sont éliminés d'office de l'orchestre. Normal ! Il y a des intérêts financiers en jeu, plus une soumission à l'Empire-US, de rigueur.
Vous trouverez ci-dessous quelques rappels intéressants parus dans Le Monde Diplomatique d’avril 2022, qui devraient faire réfléchir et vous aider à y voir plus clair dans un conflit qui nous mène à une IIIe guerre mondiale, si ce n’est déjà fait.
Ces rappels n’excusent pas l’attitude de la Russie poutinienne qui a envahi, de fait, un état indépendant, reconnu par les états de la planète.
Ils expliquent. C’est tout et ce n'est déjà pas si mal.
En 2017, l’américain Oliver Stone a réalisé un documentaire basé sur des entretiens avec le président russe. M. Vladimir Poutine y évoque la question de l’OTAN, puis de l’annexion d cela Crimée en 2014 (Conversations avec Poutine, Albin Michel)
« Je me souviens d’une de mes dernières rencontres avec le président [William] Clinton. Je lui ai dit que je n’excluais pas la possibilité que la Russie rejoigne l’OTAN et Clinton m’avait répondu : “Pourquoi pas ?” Mais cette idée semblait avoir rendu la délégation américaine très nerveuse. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient besoin d’un ennemi extérieur, et si la Russie rejoignait l’OTAN, alors il n’y avait plus d’ennemi extérieur, et l’OTAN perdait sa raison d’être. »
« Aujourd’hui, je n’entends que des voix proclamant que nos actions vis-à-vis de la Crimée n’étaient pas correctes, que les autorités centrales de l’Ukraine n’étaient pas d’accord. Mais laissez-moi vous rappeler que lorsqu’une décision a été prise sur l’indépendance du Kosovo la Cour internationale de justice des Nations unies a décidé que, sur les problèmes liés à l’indépendance et à l’autodétermination, aucun consentement des autorités centrales de tel ou tel pays n’était requis. En outre, [dans sa lettre] adressée au Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet, [le département d’État] déclarait soutenir de tout cœur la décision du Kosovo sur l’indépendance. D’autres pays européens ont parlé de la même manière. Donc, à cet égard, je ne comprends pas pourquoi les Kosovars auraient ces droits, alors que les Russes, les Ukrainiens, et les Tatars criméens qui habitent en Crimée, dans une situation similaire, ne les ont pas. Je pense que c’est absolument inacceptable. C’est ce qu’on appelle le “deux poids, deux mesures”. »
L’ancien conseiller diplomatique du président Jacques Chirac, M. Maurice Gourdault-Montagne, raconte au micro d’Europe 1, le 24 mars 2022, comment les américains ont sabordé une proposition de « neutralisation » de l’Ukraine faite par la France en 2006.
« Jacques Chirac m’a envoyé à Moscou (…) voir le conseiller diplomatique du président russe, qui s’appelait Sergueï Prikhodko. J’ai proposé une esquisse de plan (…) : une protection croisée de l’Ukraine par la Russie d’un côté, et l’OTAN de l’autre. Qui aurait été gérée par le Conseil OTAN-Russie qui avait été créé au début des années 2000. C’était une manière de neutraliser [l’Ukraine] tout en la protégeant, dans son intégrité territoriale et dans sa souveraineté. Le président Chirac avait considéré qu’il y avait dans l’Union européenne déjà six pays neutres : l’Autriche, la Finlande, l’Irlande, Malte, Chypre, la Suède. Donc la position de neutralité en Europe n’est pas une position aberrante, bien au contraire. Mon collègue russe m’avait (…) dit : “C’est intéressant pour nous, parce que ça nous règle la question de la Crimée.” La flotte de Sébastopol restait où elle était, et la Crimée pouvait rester ukrainienne. “— En as-tu parlé aux Américains ? — Pas encore, lui ai-je dit, je voulais d’abord vous sonder…”
Je suis allé voir ensuite les Américains, Condoleezza Rice à Washington, secrétaire d’État à l’époque, (…) dont je connaissais, je dirais, la dureté mais aussi la lucidité. Elle m’a dit, contre toute attente… (…) : “Les Français, ça commence à bien faire : vous nous avez bloqué pendant un certain temps l’adhésion de la première vague de pays de l’Europe centrale à l’OTAN, vous n’allez pas bloquer la deuxième vague.” C’est là que nous avons compris que l’intention américaine était d’intégrer à terme l’Ukraine dans l’OTAN. »
Lors de la conférence sur la sécurité de Munich du 10 février 2007, le président russe Vladimir Poutine s’exprime sans détour, en présence du secrétaire à la défense américain Robert Gates et de la chancelière allemande Angela Merkel.
« Profitant de mon séjour en Allemagne, je tiens à évoquer la crise que traverse le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe. Signé en 1999, ce traité était adapté à une nouvelle réalité géopolitique : le démantèlement du pacte de Varsovie. Sept ans se sont écoulés depuis, mais il n’a été ratifié que par quatre pays, dont la Fédération de Russie. Les pays de l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique nord] ont ouvertement déclaré qu’ils ne ratifieraient pas le traité. (…) L’élargissement de l’OTAN n’a rien à voir avec la modernisation de l’Alliance, ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est un facteur représentant une provocation sérieuse et abaissant le niveau de la confiance mutuelle. Nous sommes légitimement en droit de demander ouvertement contre qui cet élargissement est opéré. Que sont devenues les assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du pacte de Varsovie ? Où sont ces assurances ? On l’a oublié.
Néanmoins, je me permettrai de rappeler aux personnes présentes dans cette salle ce qui a été dit. Je tiens à citer des paroles tirées du discours de M. Wörner, alors secrétaire général de l’OTAN, prononcé à Bruxelles le 17 mai 1990 : “Que nous soyons prêts à ne pas déployer les troupes de l’OTAN à l’extérieur du territoire de la RFA, cela donne à l’Union soviétique des garanties sûres de sécurité.” Où sont aujourd’hui ces garanties ? Les blocs de béton et les pierres du mur de Berlin sont depuis longtemps des souvenirs. (…) Or, maintenant, on s’efforce de nous imposer de nouvelles lignes de démarcation et de nouveaux murs. Même s’ils sont virtuels, ils ne manquent pas de diviser, de compartimenter notre continent. »
Dans ses mémoires, Barack Obama présente une Russie en décalage avec les ambitions de ses dirigeants politiques?
« Je me suis mis à prendre avec méfiance l’idée que le bien résiderait uniquement de notre côté, et le mal du leur, ou qu’un peuple qui avait donné naissance à Tolstoï et Tchaïkovski était intrinsèquement différent de nous. (…) [Quand j’étais président], le pouvoir de Vladimir Poutine ne tenait pas qu’à la coercition. C’était un homme véritablement populaire (…) qui remportait l’adhésion par un nationalisme à l’ancienne, la promesse de ramener la mère Russie à sa gloire passée. (…) Un seul problème subsistait : la Russie avait perdu le rang de superpuissance. En dépit de son arsenal nucléaire qui n’était devancé que par le nôtre, le vaste réseau d’alliances et de bases, qui permettait aux États-Unis de faire planer leur puissance militaire aux quatre coins du globe faisait défaut à la Russie. (…) Rares sont les jeunes Africains, Asiatiques ou Sud-Américains qui ont pris la Russie comme source d’inspiration dans leur combat pour réformer leur société, ont senti leur imagination attisée par les films et la musique russes, ou ont rêvé d’y étudier ; encore moins d’y immigrer. »
Source : Barack Obama, A Promised Land, Crown, New York, 2020.
Le 21 février 2022, soit trois jours avant l’invasion de l’Ukraine, le président Poutine prononce un discours dans lequel il suggère que l’Ukraine appartient à ce qu’il nomme la « Russie historique ».
« Je tiens à souligner à nouveau que l’Ukraine n’est pas seulement un pays voisin pour nous. C’est une partie inaliénable de notre propre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. Ce sont nos camarades, ceux qui nous sont les plus chers — non seulement des collègues, des amis et des personnes qui ont servi ensemble, mais aussi des parents, des personnes liées par le sang, par des liens familiaux.
Depuis des temps immémoriaux, les personnes vivant dans le sud-ouest de ce qui a été historiquement la terre russe se sont appelées elles-mêmes Russes et chrétiens orthodoxes. (…) L’Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie ou, pour être plus précis, par la Russie bolchevique et communiste. Ce processus a commencé pratiquement tout de suite après la révolution de 1917, et Lénine et ses associés l’ont fait d’une manière extrêmement dure pour la Russie — en séparant, en coupant ce qui est historiquement une terre russe. Personne n’a demandé aux millions de gens qui vivaient là ce qu’ils pensaient. (…)
Même deux ans avant l’effondrement de l’URSS, son destin était en fait prédéterminé. C’est maintenant que les radicaux et les nationalistes, y compris et surtout ceux d’Ukraine, s’attribuent le mérite d’avoir gagné l’indépendance. Comme nous pouvons le constater, c’est absolument faux. La désintégration de notre pays uni a été provoquée par les erreurs historiques et stratégiques des dirigeants bolcheviques et de la direction du PCUS [Parti communiste de l’Union soviétique], des erreurs commises à différents moments dans la construction de l’État et dans les politiques économiques et ethniques. L’effondrement de la Russie historique connue sous le nom d’URSS est sur leur conscience. (…)
Dans le même temps, les autorités ukrainiennes ont commencé par construire leur État sur la négation de tout ce qui nous unissait, en essayant de déformer la mentalité et la mémoire historique de millions de personnes, de générations entières vivant en Ukraine. »
Bien entendu, je ne me fais aucune illusion sur la suite qui sera donnée à ce billet de blog qui ose remettre en question l’unanimité des médias qui ont pris fait et cause pour le soutien inconditionnel à l’Ukraine en évitant de choisir la diplomatie au profit d’une guerre à outrance à condition que ce soient les ukrainiens qui en paient le prix, l’Occident-US se contentant de fournir les armes.
Nul doute que dans quelques jours, on y enverra des avions après avoir hésité à y envoyer des chars.
Et après ?
Le printemps pourrait être favorable aux champignons… atomiques ?
Réponse de N. Khrouchtchev à Fidel Castro qui le pressait d’attaquer les USA à l’arme atomique, le 30 octobre 1962 :
"Dans votre message télex, vous suggérez que nous aurions dû être les premiers à frapper d’une attaque nucléaire le pays de l’ennemi. Vous vous rendez naturellement compte des conséquences d’une telle décision. Il ne se serait pas agi d’une simple attaque, mais du prélude à une guerre thermonucléaire mondiale. Cher camarade Fidel, j’estime votre suggestion erronée, bien que je comprenne vos motivations. (…) Les États-Unis auraient sans aucun doute essuyé de lourdes pertes, mais l’Union soviétique et l’ensemble du bloc socialiste en auraient pâti eux aussi. (…) Par-dessus tout, Cuba aurait été la première à brûler sous les feux de la guerre. (…) Nous n’engageons pas le combat contre l’impérialisme dans l’optique de mourir, mais pour faire plein usage des possibilités qui s’offrent à nous, de sorte à gagner davantage dans cette lutte que nous y perdons, et à faire triompher le communisme."
Cité par Volker Skierka, Fidel Castro. A Biography, Polity Press, Cambridge (Royaume-Uni), 2004.