Le showman ou woman a été précédé par des chauffeurs de salle, plus ou moins bons qui sont là pour exciter les neurones, capturer l’attention, combler une attente et surtout, galvaniser les présents. Toujours insister sur la chaleur communicative, le nombre, toujours gonflé, et l’enthousiasme. Avec, en arrière plan, la mise en condition psychologique, afin que chaque présent ressorte convaincu, qu’il est le porte-parole de la victoire possible et va donc prêcher la bonne parole auprès de ses amis et connaissances.
La part de l’émotion est capitale !
Se pose alors la question : dois-je voter émotionnellement ?
Bien entendu, il faut accompagner le tout de gadgets afin de remplir les caisses. Cela fera des « souvenirs ». Et puis, on a des spécialistes de l’entourage immédiat du leader. Seul ou seule pendant son discours, à la fin il est rejoint par les caciques, les barons, le cercle des sachants, des porte-paroles officiels, mais aussi d’un panel où les spectateurs doivent se retrouver : jeunes, moins jeunes, vieux, gens de couleurs et sexes dans leurs variétés.
L’idéal serait de livrer aux chaînes et aux folliculaires des clés USB avec des enregistrements préparés de la réaction « spontanée » des participants. Mais il existe encore un semblant de liberté de la presse dont nul n’est dupe quand il sait à qui appartient le média qu’il consulte.
C’est le triomphe de la « société du spectacle », avec heureusement, pour ceux qui savent lire, un programme plus ou moins détaillé, que l’on peut lire et relire en soulignant ce qui compte et surtout qui aidera à faire le bilan si la vedette a remporté le pompon.
Tel est l’héritage de la démocratie à l’américaine tel qu’on nous l’impose désormais. Il fait partie du charme de ce « monde libre », cette société « occidentale » qui n’est jamais que le monde américanisé. L’Empire !
Liberté d’entreprendre ! Liberté d’expression ! Liberté de manifestation ! Obligation de ne pas choisir un autre système que le système économique et politique dominant.
« Cause toujours, tu m’intéresses ! »
On a vu ce que cela donnait quand, horreur absolue, quelques peuples européens ont refusé d’approuver le referendum sur l’UE.
Les républiques sud-américaines et centrales savent bien que si les peuples mettent en place des gouvernements qui osent se délivrer de la tutelle de Washington, ils seront à nouveau plongés dans le chaos, et condamnés à subir une dictature dont les USA auront entraîné les tortionnaires et les militaires.
Ce bonheur de « l’americain way of life » a débarqué avec les troupes US, une première fois en 1917 puis, une deuxième fois en 1944. Il se caractérise par le dogme de « la croissance infinie dans un monde fini » qui conduit l’humanité à ce suicide collectif dont on voit les effets sur le satellite que nous habitons. Ce que j’appelle avec quelques autres « le capitalocène ».
Cela induit le consumérisme débridé qui épuise les soutes de ce satellite. Cela conduit à entretenir une croissance exponentielle de la fortune d’une élite au détriment d’une paupérisation du plus grand nombre à l’échelle planétaire où un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes, et aussi à l’intérieur même des pays « développés » où le nombre de sans-abri, de gens vivant au-dessous du seuil de pauvreté ne cesse de croître, tout en profitant à un nombre restreint de terriens qui feront tout pour conserver leurs privilèges.
Bien entendu, on excuse ce scandale des inégalités par les épidémies, « gloire au Covid et ses variants » !, la fatalité, la culpabilité des perdants, les systèmes d’aides qu’il faut casser afin de fouetter ces chômeurs qui sont incapables de créer les emplois dont ils ont besoin, cette société trop protégée par ses services publics qu’il faut privatiser et qu’on se charge de démanteler tout en admirant le courage des fonctionnaires au bord du burn-out mais dont certains ne travailleraient guère.
Le summum est atteint par les peureux, les frileux, les pétochards qui reportent sur les minorités migrantes les conséquences du système en place. Les arabes ont remplacé les juifs et sont donc des terriens dangereux et de seconde zone, tout comme ces gens de couleur venus d’ailleurs. Le tout démontré mathématiquement à l’aide de chiffres, dits arabes puisqu’indiens d’origine, et de l’algèbre, lui, typiquement arabe. Mais quand on a le cerveau dans les tripes on ne peut que penser qu’en chiasseux de première.
Pour moi, le racisme est l’acmé de la bêtise humaine dans la mesure où il consiste « à reprocher à quelqu’un d’avoir mal su choisir ses parents ». Quelle idée d’avoir choisi des parents noirs ou arabes !
Face à cette société ultra-libérale dans tous les sens du terme, existent des courants de pensée anti-occidentales, confuses.
Jadis, la caricature de communisme que connut l’URSS, divisa le monde en deux. Le capitalisme privé d’un côté, le capitalisme étatisé de l’autre. La propagande dans chacun de ces mondes décrivait l’autre comme un enfer. Très chouette point commun qui n’empêchait pas certains de vouloir aller vivre dans l’enfer de l’autre. On a vu le résultat. Conséquence de la course aux armements et mise en place d’Internet : implosion de l’URSS qui ne pouvait plus suivre financièrement et empêcher sa population de connaître la réalité mythifiée parfois du niveau de vie de l’autre bloc.
Les Chicago-boys ont déferlé sur les ruines l’URSS et en quelques années ont miraculeusement transformé les apparatchiks d’hier en oligarques d’aujourd’hui, sur le dos courbé d’une population qui en a subi les conséquences : misère, déconsidération d’elle-même, perte de ses repaires, alcoolisme redoublé, baisse de l’espérance de vie, recul de la natalité déjà bien entamée.
Puis, il y a eu une lente remontée et l’accès à la consommation sans files d’attente. La profusion s’est abattue, le luxe a fait son apparition, les jeans à la portée de tous et le Coca-Cola, en vente libre jusqu’au-delà du cercle polaire.
Mais pas question de copier le système politique libéral ! Surveillance du peuple, police omniprésente, contrôle de l’information et capture du pouvoir par la bande à Poutine, nouveau tsar béni par l’Eglise orthodoxe de Moscou. Défense des valeurs traditionnelles, donc mépris à l’égard des LGBTI, haine à l’égard d’un Empire Occidental qui encercle l’espace russe de bases de l’OTAN qui n’a pas disparu en même temps que le Pacte de Varsovie.
Ce qui unit les extrêmes droites des pays occidentaux, USA compris, avec la Russie poutinienne, c’est la nostalgie nationaliste et traditionaliste.
Tout comme dans le monde musulman, se maintient un rigorisme artificiel d’un islam fondamental parfaitement anti-féministe, bien dans la tradition sémite que l’on retrouve chez les juifs orthodoxes qui considèrent leurs filles comme faisant partie de leur cheptel.
Idem pour les sectes évangéliques qui pourrissent les états occidentaux un peu partout dans le monde. On les voit contre le droit des femmes à la liberté de leur corps, ils ont réussi à mettre en place Trump et Bolsonaro. Avec les ultra-catho., ils portent Zemmour le candidat de Bolloré si proche de l’opus dei. Et qui a eu les yeux de Chimène pour Vladimir l’Ecraseur de villes.
On peut donc dire que l’ennemi est parmi nous.
Reste l’influence grandissante de la Chine, pays ultra capitaliste sous tutelle du PCC qui a une revanche à prendre après les humiliations subies par l’Empire du Milieu au XIXe siècle de la part des empires coloniaux occidentaux.
Le « village planétaire » des ultra-libéraux des années 90 a volé en éclats. Nous sommes dans un monde multipolaire avec la constitution de zones d’influence et une économie imbriquée, mondialisée, interdépendante qui condamne les empires à se ménager.
Les rodomontades de Poutine valent bien celles de Joe Biden.
Tout le monde sait que si jamais, volontairement, ou par accident, le recours à une bobinette atomique était utilisée, ce serait la disparition d’une grande partie de l’humanité après escalade des répliques. In-envisageable ? Voire !
L’Histoire est facétieuse et les hommes condamnés à toujours recommencer.
Parfois les mêmes sottises.
Et c’est bien cela qui angoisse.
J’ai bien peur que la IIIe Guerre Mondiale ne soit déjà commencée. Elle oppose les valeurs libérales au sens anglo-saxon du terme aux valeurs nationales-capitalistes des autres grandes puissances, donc porteuses de guerre.
C’est bien pourquoi, la prochaine présidentielle française est polluée par cette situation internationale, par ce choix de société, par cette montée de la bête immonde avec un couple infernal qui se fait la courte échelle afin que l’un ou l’une d’eux se retrouve face au muscadin sortant, à moins que ce ne soit à l’insoumis en chef.
Reste à vaincre la lassitude des électeurs qui sont saoulés de commentaires et de reportages sur les candidats avec boules puantes de service et souvenirs des promesses non tenues. On n’a pas le droit de parier sur un candidat jamais élu, histoire de voir, comme ça, par curiosité.
Il faut raison garder et bien lire et comprendre vers quoi il est de l’intérêt du plus grand nombre d’aller. Pour ce qui est du 1% les plus riches ainsi que les plus aisés, pas de problème. Mais les autres ?
Ce n’est pas en rejoignant le plus grand parti de France, celui des abstentionnistes que l’on fera avancer les choses, même si il ne fait pas trop se faire d’illusions sur le pouvoir des urnes. Mais on a connu déjà, jadis, des résultats électoraux qui ont changé la face du monde et débouché sur bien des malheurs et d’autres sur quelques bonheurs.
Alors ?