Presque trois semaines d’errance en camping-car, avec radio et très peu de télévision, des procurations données à des amis, et peu d’Internet. Pas assez pour vraiment écrire.
Du coup, une impression de recul par rapport aux évènements, et surtout la prise de conscience que nous vivons dans des France parallèles, dans des juxtapositions de vision, de compréhension, d’approche, de rythme de vie.
Urbain exilé à la campagne. Là où les jours s’écoulent avec le temps de la pousse, du murissement des céréales, de la lente digestion des bovidés, de l’art de faire pousser les vignes pour produire du vin honnête ou de la vinasse. Partout ou presque, recours aux produits chimiques. Machines. Des maisons, des fermes, des hameaux abandonnés, aux volets clos et pimpants parce que résidences secondaires, ou aux volets en éclats, déglingués, pendants comme des appels au secours.
Après le vote de notre président, l’éviction du petit excité hystérique, et le triomphe des abstentionnistes, une impression de déjà vu, de rendez-vous raté, de gueule de bois, d’épine de rose en travers de la glotte.
Tousse camarade, le vieux monde est toujours debout !
« Le changement, c’est maintenant ! » qu’on nous a vendu à longueur de campagne présidentielle. Ah ?
Certes, il y a des jeunes, des femmes, de la parité au gouvernement, des déplacements moins coûteux, moins Catherine de Russie et villages Potemkine.
J’ai même entendu des propos, des envies de respecter les rythmes scolaires dans l’intérêt des enfants. Ah, ah !
Les syndicats d’enseignants, les lobbies des loisirs vont-ils devoir plier devant une volonté politique ? Ce serait le changement. Attendons ! Ils n’ont pas dit leur dernier mot. Voyagistes et marchands de soupe de tous les pays, unissez-vous !
Nos rapports avec Mme Merkel ont un côté Gainsbar, « Je t’aime, moi non plus », du plus bel effet.
La Grèce, se donnant un gouvernement de droite a été chaudement félicitée par notre flambyant Président. C’est en effet le changement. Avant, on se serait réjoui d’une franche victoire de la gauche.
Le coup d’ongle du pouce au SMIC va permettre de s’offrir huit carambar de plus par mois. Ouahouhouuuu ! Oh les dangereux gauchistes aux commandes ! Triple erreur : politique, économique et sociale.
http://www.mediapart.fr/journal/economie/260612/la-triple-faute-de-francois-hollande
Bien ! Bon début ! Et le Tour de France n’est même pas encore parti, alors que les fouteux bleus sont déjà de retour.
A Rio, c’est peau de lapin et perlimpin peau ! Du vent. De la frime. « Après nous le déluge ! » Les politiques de tous les pays sont unanimes pour ne point chagriner le système économique en place. Donc, les générations futures sont gentiment sacrifiées sur l’autel du profit immédiat. Rentes et bénéfices d’abord. L’avenir de l’humanité, rien à cirer. Qu’ils se démerdent ! Ils nous traiteront de fous, d’imbéciles, de salopards, d’irresponsables, d’assassins, de pervers, de cyniques ? Et alors ? On aura bien vécu, nom de Dieu ! Et les générations futures, on s’en branle ! Qu’elles le sachent ! Na ! Vive la croissance infinie dans un monde fini !
« Valls avec Bachir » (pas el Assad, quand même !) est bien dans la continuité de ses prédécesseurs quant aux expulsions de sans papier. Il paraît qu’il ne faut pas lui dire. Cela l’énerverait, le pauvret ! Eh ! L’idéologie dominante fait des ravages partout.
Et puis, cette idéologie est enseignée, à l’ENA, cette école merveilleuse que le monde nous envie. Or, comme énarques aux commandes de l’Etat ou à celles des grandes entreprises, c’est fastueux.
Chacun sait que le jeune qui sort du moule de l’ENA a le choix de monter au sommet, soit par la face gauche, soit par la face droite. Question de flair. De toute façon, ils sont tous interchangeables, à n’importe quel moment.
Ce qui assure une continuité certaine et tue la démocratie.
Car entre balades à pied et virée à vélo, entre bains de soleil et plongée dans la piscine, la vie de château permet de mieux analyser.
Dans le cadre du changement, je propose que les énarques soient tenus de demeurer à leur place : être aux ordres des hommes et des femmes politiques issus de tous les milieux. D’où interdiction à un ancien énarque de devenir un « professionnel » de la politique. C’est un professionnel de l’administration, par choix, par formation. Qu’il le demeure ! J’entends déjà les hurlements ! Et pourtant…
Etendre le non cumul des mandats des membres du gouvernement aux responsables des collectivités territoriales d’importance ne serait pas mauvais non plus.
Quant à l’UE ou ce qu’il en reste, comme Diogène, je cherche celui ou celle qui aurait une vision politique à long terme sachant qu’il est absolument illusoire de croire en un fédéralisme unificateur alors que chacun veut demeurer maître chez lui.
Et la Banque Européenne ? Toujours à la botte des banques privées ? Toujours contre les états ? Où est le changement ?
En ce qui me concerne, je ne changerai pas ! Je vais m’efforcer de demeurer lucide. Et ce n’est pas rose tous les jours !