Prix de cette victoire à la Pyrrhus : des institutions de plus en plus douteuses, une illégitimité des élus, un effondrement de la vie démocratique, et un goût amer de frustration. Mais un grand merci au couple Macron-Darmanin qui a tout fait pour qu’il en soit ainsi, avec la complicité de certains candidats qui, dès les régionales, ne pensent qu’à la présidentielle.
Pour Macron, son Tour de France, en maillot jaune de futur candidat aux frais de la Nation n’a d’égal que la victoire de Xavier Bertrand qui prend la France de haut, puisque président des Hauts de France aujourd’hui, c’est être président des Bas, demain, soit un costume complet.
Reste à se demander pourquoi les français ont boudé les urnes.
Les causes sont multiples :
1°) Un rejet des partis politiques même si ceux-ci ont conservé leurs acquis avec prime aux sortants.
PS et LREM, et même RN ont trahi leurs électeurs depuis des décennies pour l’un, depuis quelques années pour les autres. LREM s’est révélé à l’usage, le parti des super-riches et donc bien de droite, d’autant qu’il a repris à son compte les thèmes du RN.
Le PC par son appellation même subit des années et des années de dénigrement et a perdu son électorat, idem pour la FI, dont on a du mal à supporter, parfois à tort, le leader charismatique et colérique.
Demeurent les écolos qui gagnent un peu en voix, dans la mesure où ne remettant pas en question ni le système politique, ni le système économique en place, ils donnent bonne conscience à bien des gens de tous âges qui savent la nécessité de mieux respecter la planète.
2°) Les peurs :
Les journaux papier des milliardaires, les chaines en continu, les chaines télévisées étatiques instillent quotidiennement des peurs qui peuvent paralyser les citoyens :
- pour les plus jeunes la précarité des emplois, le chômage, la compétition perpétuelle reposant sur le principe du un contre tous ;
- la lente prise de conscience qu’il faudrait changer profondément notre manière de vivre face aux pollutions mondiales, aux épidémies, à la montée des régimes autoritaires, aux migrations dues aux guerres et au changement climatique, effraie les plus veules et en particulier les plus âgés ;
- les « faits-diversions » sont montés en épingle, à écouter les informations-déformations nous vivrions dans un pays à feu et à sang où les grandes villes seraient aux mains de hordes barbares de couleur, violant, torturant, pillant et imposant des drogues à une jeunesse innocente ;
- et puis, ces khmers-verts qui parlent de décroissance alors que cela fait plus de deux siècles que l’on nous inculque le dogme de la croissance infinie dans un monde fini…
3°) Un conflit générationnel :
Comme d’habitude, la majorité des anciens craint le changement, la remise en question de leur jeunesse, se trouve dépassée par les nouvelles technologies, la vitesse, l’égoïsme prôné par les Grandes Ecoles.
Or, c’est surtout eux qui votent, par habitude, par « devoir », par fidélité à une éducation civique, et pour conserver la bienveillance d’un gouvernement qui les a tant protégés durant l’épidémie.
Enfin, c’est ce qu’on leur a inculqué, même lorsqu’ils ont dû attendre des mois leur première injection faute de vaccins et de moyens de communication pour s’inscrire via Internet.
Quant aux jeunes, ils sont sacrifiés sur l’autel du profit. Méprisés par une énième réforme de l’EN, sans grandes perspectives d’avenir puisque peinant déjà à trouver des stages de formation, ils apprennent qu’il faudrait absolument que les retraites soient prises encore plus tard, ce qui bloquera autant de postes.
Comment peuvent-ils avoir confiance en un gouvernement dirigé par un président omnipotent et apparemment jeune qui agit en vieillard aigri ?
Mains arrachées pour être descendus dans les rues, pour avoir voulu faire la fête, privés de vie sociale sous prétexte d’épidémie, avec une gestion absurde, contradictoire, avec faux confinement. Mensonges à répétitions…
4°) Cumul d’aberrations :
- confusion voulue de mélanger élections régionales et élection présidentielle ;
- nous sommes passés du « port du du masque dangereux » au vaccin obligatoire ;
- blocage des salaires, légère augmentation pour ceux que l’on se contentait d’applaudir, suppression d’emplois industriels en dépit du discours désirant faire revenir la production ;
- continuation de la primauté de l’individualisme et culte à l’argent, marqueur exclusif de la réussite sociale ;
- poursuite de la suppression des lits d’hôpitaux en pleine épidémie ;
- brutalité des forces de l’ordre bourgeois, qui ne sont plus au service du bien public mais d’une élite mise en place par le capital et qui, en plus, pratiquent le contrôle au faciès, entretient le racisme ordinaire
- primauté de l’agriculture industrialisée de profit sur une agriculture biologique efficace avec perpétuation des intrants chimiques nocifs pour les plantes, les animaux et donc les consommateurs.
Heureusement que face à cela, les gens, un peu partout s’organisent. Les associations se multiplient, les ONG prospèrent. Les distributions de vivres, de vêtements permettent aux plus pauvres de ne pas couler. Des solidarités locales s’organisent. Mais, tout le monde sent bien que la France se trouve à un tournant de son Histoire.
La France est engluée par ses traités d’alliance au sein d’une UE qui demeure un marché commun, incapable d’avoir les moyens de sa puissance face à l’Empire US entre les mains duquel elle s’est placée, face à la Russie, à la Chine et à l’Inde. Alors, là-dedans, elle n’est plus qu’un petit pays, qui va devoir bientôt quitter l’Afrique où survivait sa politique post-coloniale en l’abandonnant aux « fous de Dieu islamistes et aux intérêts chinois qui ont repris la politique des empires du XIXe siècle qui l’avaient conquise.
A quoi bon, donc faire confiance à des marionnettes qui n’ont plus aucune politique à long terme si ce n’est leur propre gloire ?
Il n’est que de constater le ramage du phœnix des Hauts de France tellement brillamment élu qu’il se voit déjà conquérir les Bas de France afin de compléter son habillement de futur Président de la Gaule. Il continuera à jouer le gaulliste de gauche, soit l’héritier du CNR dont le patronat a presque réussi à effacer toutes les valeurs.
Reste à trouver la solution qui consistera, non pas tant à s’emparer des institutions, qu’à les transformer et à mettre en place, ici, en France mais aussi, dans les autres pays, une politique compatible avec la survie de l’humanité que le « capitalocène » que nous vivons conduit à la disparition.