Berlusconi est l’un des meilleurs représentants de l’esprit d’entreprise, de la compétition, de la concurrence, de l’utilisation de la télévision dans nos sociétés « libérales ».
C’est un homme qui est sans scrupules, sans pudeur, sans « virtù ».
Tous les moyens sont bons pour gagner des voix, quelles que soient ces voix. L’important, c’est d’être un « winner ». D’ailleurs, c’est là-dessus que repose sa rhétorique : « Moi ? Je suis parti de rien. Je me suis fait tout seul (faux). J’étais comme vous, un enfant de pauvre. Voyez ce que je suis devenu. Un cavaliere. (Celui qui donne du travail à des milliers de salariés). Donc, si moi, j’ai pu réussir, vous aussi, vous le pouvez. Et je ferai tout pour que vous le puissiez. (mon œil) ».
A l’occasion d’une visite au mémorial de la déportation des juifs italiens vers les camps de la mort, il vient de déclarer que Mussolini a commis une erreur politique en choisissant de coopérer à l’éradication des juifs de la planète, mais « qu’il n’y avait pas que du mal dans ce qu’il avait fait. »
Sous entendu, à moi les nostalgiques du fascisme, à moi les nouvelles chemises noires, à moi les arrière-petits-enfants de la Louve.
Mussolini, comme Hitler ou Staline, Roosevelt ou Churchill sont des êtres humains. Donc complexes. Et bien entendu, ils avaient tous, sûrement, de bons côtés.
Nul doute qu’Hitler aimait ses chiens. Important, ça, d’aimer les bêtes. Au point d’être végétarien comme un hindouiste.
Il n’empêche que ce « brave homme » a éliminé de la surface de la terre quelques millions d’individus qui l’encombraient, sans le moindre remord et avec une détermination de décideur de haut niveau.
Même démarche pour les autres noms cités plus haut. Tous avec du sang sur les mains. Tous éclaboussés. Avec des millions d’innocents dans le paquet de cadavres, morts sous les bombardements, dans les fossés, sur les plages, dans la boue, la neige et le froid.
Mais au demeurant, possédant tous un humour décapant, aimant leurs femmes et leurs enfants, enfin presque. Croyant être dans le vrai et sachant, non sans une certaine satisfaction, qu’ils écrivaient l’Histoire.
Le pire qui pourrait arriver à l’Italie, c’est qu’il se trouvât suffisamment d’électeurs pour faire confiance à cet homme prêt à tout pour échapper à la justice.
Collectionneur de casseroles comme son ex ami Sarkozy, fornicateur impénitent comme un DSK, copain comme cochon avec Kadhafi comme beaucoup d’autres, propriétaire de chaînes télévisées et de journaux, ce qui le rend original, il possède cette gouaille populacière avec laquelle il caresse l’électorat machiste dans le sens de la montée du pic de jade, ce qui peut aussi séduire celles qui aiment en jouir.
Aidé à ses débuts par la mafia, il se ferait passer pour une victime des juges intègres comme tous les voyous et autres sportifs de la débrouille et de l’embrouille, de la démerde et de l’économie parallèle. Or, c’est ce genre de pitre qui a donné le ton et pollué les esprits des représentants des états européens à quelques exceptions notables, fort heureusement. La plupart n’en pensent pas moins, agissent de concert, mais avec plus d’hypocrisie, plus de chic et autant de choc.
Comment les citoyens peuvent-ils respecter une démocratie quand elle permet l’arrivée au pouvoir de ces « caïmans » de la société libérale ?
Il en va de même dans les pays du printemps arabe où cette même « démocratie » a permis aux ennemis de la démocratie d’accéder au pouvoir. Il y a là, un paradoxe insurmontable.
Toutes les autres institutions se révèlent pires. Nous sommes donc condamnés à vivre avec la démocratie tout en en connaissant les déceptions et les limites, mais aussi, ses qualités incomparables.
Inlassablement, nous avons le devoir de faire vivre, de donner corps à la devise de la République Française : Liberté, Egalité, Fraternité. Auquel je serais tenté d’ajouter Laïcité.
Quatre concepts indispensables pour que les hommes puissent vivre en bonne intelligence.
Est-il nécessaire qu’il y ait beaucoup de pauvres pour l’enrichissement de quelques-uns ?
Peut-il y avoir démocratie sans que n’existent quelques respects de valeurs vertueuses ?
Doit-on demeurés soumis à la loi du plus grand nombre quand ce plus grand nombre est manipulé par une élite qui met tout en œuvre à sa Gloire ?
De mauvaises lois peuvent-elles faire une bonne justice ?
La représentation nationale phagocytée par des méthodes électorales trompeuses ne crée-t-elle pas ce fossé entre le pays réel et sa représentation d’élus cumulards et tenus en laisse par ceux qui les financent ?
Tout citoyen responsable n’est-il pas continuellement partagé entre un devoir d’obéissance aux lois et une devoir de résistance ?
Plus de libertés, plus d’égalité, plus de fraternité passent par moins d’intérêt égoïste, personnel et va à l’encontre des mœurs mises en place depuis quarante ans par les néo-conservateurs, chantres de la réussite individuelle et qui ont divisé les masses pour mieux les dominer.
L’heure est à la résurrection de la conscience collective.
Les valeurs du Conseil National de la Résistance haïes par le patronat français autant que par les profiteurs du monde entier sont toujours d’actualité. Les luttes des travailleurs de jadis ont été trahies, bafouées, rongées, grignotées et abolies pour le plus grand profit des adorateurs du Veau d’Or. Il serait du devoir d’un gouvernement qui se dit de gauche de reprendre à son compte ces valeurs, de les restaurer, de les proposer à nos partenaires européens, de les imposer en y ajoutant la dimension écologique nouvelle. Ce qui signifie renoncer au dogme « de la croissance infinie dans un monde fini ».
La lecture attentive de l’Atlas du Monde Diplomatique est éloquente. On y voit noir sur blanc la fin de notre monde tel qu’il tourne et les décisions urgentes qu’il faut prendre afin que l’humanité de la planète continue à vivre. A vivre autrement.