Avec les résultats des cantonales de mars 2011, nous sommes obligés de constater que la majorité de nos concitoyens ne se reconnaissent ni dans les institutions, ni dans les élus censés les représenter, alors que dans le même temps des populations versent leur sang, comme jadis le firent nos ancêtres afin d’accéder à la démocratie.
Certes, les élections cantonales n’ont jamais été un grand temps de la mobilisation des électeurs. Tout le monde sait cela, voyons !
Mais une fois que l’on a reconnu cette réalité, on peut se demander alors pourquoi Nicolas Sarkosy, le gouvernement, la presse, les élus n’ont guère lutté pour mobiliser l’électorat.
Une guerre en Libye a même servi à détourner l’attention d’une défaite annoncée vers cet extérieur qu’il faudrait que nous redoutions comme la peste.
Plus le temps passe, plus les décisions, les « coups » du roué de l’Elysée, la communication, la « jogging politique » de notre président apparaissent comme des « gamineries » d’enfant mal élevé et gâté qui a perdu la main.
Ou plutôt qui se révèle être ce qu’il a toujours été, un mégalomane compulsif et narcissique, entièrement concentré sur sa Gloïre, comme l’aurait écrit Boris Vian, quel qu’en soit le prix à payer pour le Peuple. Il n’est guère éloigné de son « ami » Kadhafi qui s’était payé sa tronche dans les grands mensonges d’achats de jouets coûteux et dangereux pour tout le monde.
Le style fait l’Homme. Ah ! Quelle réussite que cette « droite décomplexée » !
Désormais, nous sommes face à l’UM-Pen, ce qui ne manque pas d’émoustiller les plus réactionnaires des umpistes qui viennent de l’extrême droite et y retournent (Longuet, Devedjian, Buisson etc) et d’inquiéter la droite républicaine héritée du gaullisme ou de la démocratie chrétienne.
Après le Géant Vert, on a le Guéant Bleu. Voir la règle du ni-ni, qui est une « réussite » absolue et dont on se souviendra.
Les thèmes mis en avant par le Vibrion de Neuilly, ce n’est plus « le pouvoir d’achat », ce ne sont plus les réformes réactionnaires fleurant bon la Restauration, non ! C’est l’appel aux pétochards, aux islamophobes, aux lobotomisés par TF1 et son grand-prêtre l’inénarrable Pernaud qui évoque les multiples apéros entre copains et qui fout le trouillomètre à zéro à des breneux, qui ne savent plus qui ils sont tellement ils sont persuadés qu’on va les violer ou les égorger.
Gouverner par la peur ! Créer, amplifier l’insécurité, et réussir à convaincre des rurbains que des hordes mauresques ou cannibales vont venir piétiner leurs pelouses, raser leurs plates-bandes, violer la famille entière, à se demander s’ils ne le désireraient pas un chouïa.
Ajoutons à cela la précarisation de leurs emplois, les menaces réelles de la concurrence internationale qui met en concurrence employés et ouvriers non seulement de l’Europe mais aussi du monde entier.
On n’a plus honte de voter pour le Front National de Mlle Le Pen, ci-devant héritière du parti néo-nazi de papa qu’elle repeint en bleu-marine mais qui n’en demeure pas moins une machine à attraper les imbéciles.
« Tous pourris ! », tel est leur cri de ralliement.
Les patrons qui les exploitent et s’en mettent plein les poches, les élites politiques qui les ont trahis, les religions qui ne servent qu’à croire à l’impossible, les enseignants qui leur ont dit qu’avec des diplômes ils s’en sortiraient, les syndicats qui n’empêchent guère le salariat sous payé et l’augmentation régulière des travailleurs pauvres, la presse qui les oublie ou les méprise, la justice qui est une justice de classe. Tous pourris !
Y compris les futurs élus du FN quand on se souvient des exploits des anciens et à commencer par cette Marine, qui, si l’on appliquait son programme, coulerait la France en moins de six mois.
Mais, au point où l’on en est, plus rien à foutre. Il faut que ça casse ! Il faut que ça pète ! Le plongeon dans la « politique du pire ». Un grand chamboule-tout, une espèce de soir rougeoyant comme Zola le décrivait dans Germinal.
Enfin… dans les urnes.
Parce que descendre dans la rue et manifester 24h/24 comme les « bougnoules » pour « qu’ils dégagent », il y a trop de traites à payer et on n’a pas envie de se faire virer de sa boite vu qu’il y a du monde qui est prêt à vous remplacer fissa, dehors, même pour un salaire qui fait que les fins de mois commencent le quinze quand ce n’est pas plus tôt.
Parce que cela m’étonnerait que la majorité des électeurs du FN aient le courage de penser une « révolution » qui ne soit pas que nationale. Non !
C’est de l’engeance qui veut un chef et qui veut obéir en restant peinard à regarder pousser ses poireaux. Même si l’on trouvera facilement parmi eux une minorité d’amoindris du bulbe, futurs bourreaux, futurs matons qui taperont sur le socialo-gaucho ou le démocrate de droite comme en Argentine ou au Chili.
Ils seront aidés par une police et une gendarmerie qui votent d’ailleurs assez majoritairement pour la couleur de leur uniforme, bleu-marine. Ce qui devrait sérieusement interpeller les élus quant au degré de décomposition de notre démocratie.
Il ne faudrait pas les mettre tous dans le même panier ? Voir !
Certains folliculaires essaient de « comprendre » ces électeurs du Front pour mieux les séduire. Ils le font avec une condescendance d’hommes d’expérience, d’analystes professionnels et parlent de « braves gens égarés », de militants syndicalistes « déçus », de « désespérés de la politique », « d’âmes quasi généreuses qui lanceraient des appels au secours ».
Désolé ! Mais je me refuse à me bauger dans la soue de la démagogie.
Ce sont des adultes, pas des galopins, ce sont des citoyens qui savent ce qu’ils font et qu’il faut responsabiliser. Ce sont pour la plupart des Dupont la Joie, des beaufs, des abrutis, des peine-à-jouir, des racistes et surtout des antirépublicains et des islamophobes, des écoeurés par un système politique qui n’est plus à l’écoute du peuple, qui ne tient pas compte de ses votes (voir le referendum sur la prétendue constitution européenne), qui en ont marre de toujours voir les mêmes binettes passées au moule de l’ENA ou en rupture provisoire de siège dans une société du CAC 40. Ils haïssent les intellectuels « tous menteurs » surtout quand on ne les lit pas, les « berniques » qui cumulent les sièges dans les différentes assemblées, qui squattent les étranges lucarnes, et vont même faire le pitre dans des émissions de divertissement quasi obligatoires pour qu’on ne les oublie pas.
Si tu ne passes pas à la télé, tu n’existes pas ! Cela rend fou, on le sait, mais c’est ainsi.
Depuis le temps qu’existe le FN, on connaît sa genèse, on voit son évolution et il entre dans le mouvement de lente résurrection de l’extrême droite européenne, ce « Monstre Doux » qu’a analysé Rafaele Simone dans son livre éponyme.
De même que la politique bushienne a fabriqué des terroristes, de la même manière, la droite conservatrice et le socialisme mou fabriquent du nationaliste anti-tout, rappelant ainsi les bases du fascisme italien sans les uniformes et sans la propagande. Enfin, pas encore !
On est passé de la mobilisation des masses derrière un chef, à la décomposition de l’unité de la nation par la jouissance solitaire de la vision des écrans en tous genres, avec une captation des cerveaux au profit des marchands de rêves matériels. L’espoir, c’est la Française des Jeux et le PMU qui l’apportent, il n’y a qu’à voir la géographie des bureaux de tabac les plus rentables, ils se superposent à ceux des quartiers aux revenus les plus bas.
D’aucuns disent que nous sommes déjà en campagne présidentielle.
Ah bon ! On n’y était donc pas encore en dépit des sondages dont on nous saoule depuis des mois.
La grande parade est avancée. Les coups bas, les ch’tites phrases, les sondages bidonnés, la guerre des egos, tout le capharnaüm, tout le barnum est parti. Cela va coûter des sommes faramineuses, nécessiter des levées de fonds avec retour d’ascenseur obligatoire pour les généreux donateurs.
Ras le bol de cette corrida pendant que les queues s’allongent aux Restos du Cœur ou dans les Banques Alimentaires et autres ONG qui n’ont même plus besoin d’aller au-delà des mers pour « rustiner » une société crevée.
Est-ce qu’il ne serait pas grand temps de revoir sérieusement cette Constitution qui a transformé en Monarque, un Président de la République qui devrait être un arbitre et non un chef de gang, un symbole de la Nation et non le représentant de commerce des entreprises du CAC 40, un garant de nos institutions et non un détricoteur d’icelles ?
Redonner le goût de la politique à nos concitoyens, c’est les responsabiliser en leur permettant de s’exprimer, et surtout d’avoir des élus qui les représentent vraiment.
S’il faut une majorité pour mettre en place une politique, il est contraire à la démocratie que les différents courants politiques soient écartés de la représentation nationale. D’où la nécessité de réserver une partie des sièges de l’Assemblée Nationale dont les titulaires seraient élus à la proportionnelle.
La suppression du Sénat permettrait de solides économies.
L’indépendance de la Justice doit être effective et non truquée.
Un sérieux toilettage des codes, vers une simplification, permettrait à cette justice d’être mieux comprise et acceptée des français. Ce qui exige un arrêt de cette boulimie de lois nouvelles votées sous le coup de l’émotion du prince relayée par les animateurs-présentateurs de JT pour capter l’attention des ménagères de plus de cinquante ans.
Le gouvernement, émanation de la majorité de l’Assemblée Nationale doit gouverner dans l’intérêt du plus grand nombre. Une remise à plat de l’impôt est capitale et doit aller vers plus de justice, une extinction des niches fiscales, une contribution aux dépenses de l’Etat de chaque foyer en proportion de ses revenus, qu’ils soient salariés, spéculatifs ou rentiers.
Ajoutons à cela une politique de désengagement du nucléaire, un encouragement à tout ce qui relève d’une moindre utilisation des énergies, à un encouragement pour une agriculture raisonnée.
Enfin, bien loin de nous replier sur nous-mêmes, nous devons revoir le fonctionnement de l’UE, et en particulier le fonctionnement de la Banque Européenne qui constitue une honte à croire que face à la Chine, à l’Inde, au Brésil et aux Etats-Unis, il faudrait que nous soyons en infériorité permanente. Concurrence déloyale.
Des barrières douanières protègent tous ces pays, mais surtout pas l’UE, il faut obéir au FMI. D’où l’idée lumineuse de revenir au franc. Compte tenu de l’état des finances de notre pays, j’ai l’intuition, n’en déplaise à Olivier Todd que le « nouveau nouveau franc » ne vaudrait pas plus que la monnaie de mon Monopoly. Et puis, surtout, ce serait l’explosion de l’UE, à un moment où au contraire nous devrions être plus unis que jamais.
Mais pour cela, il faudrait que la politique l’emporte sur l’économique, que ces agences de cotation qui ont magistralement fait preuve de leur incompétence au moment de l’implosion du système soient remises à leur place et qu’une imposition de la spéculation fasse recouvrer aux banques le droit chemin de leur utilité.
Mais je ne me fais pas de souci. Dans les quatorze mois qui viennent nous allons avoir droit à une prise en compte des aspirations du peuple. Des têtes nouvelles vont venir nous rassembler, nous unir, nous faire espérer un avenir meilleur. Les illusions vont s’effacer pour nous apporter du concret.
La Renaissance est en marche. Il suffit que nous le voulions.
Quant à l’avenir de notre Conducator qui semble vouloir jouer sur la peur, la veulerie, la haine des autres, l’insécurité qu’il entretient plus qu’il ne combat, je ne me fais aucun souci : une Libye blessée, une Libye écrabouillée, mais une Libye libérée l’accueillera et pourra lui assurer des revenus confortables avec maison avec vue sur la mer d’un côté et sur le désert et ses forages de pétrole et de gaz de l’autre.
29/03/2011