Ce lundi à 10h, s'ouvrira la 17ème Conférence de l'ONU (COP17) sur le climat à Durban, en Afrique du Sud. Au même moment, une première assemblée générale pour Occuper la COP17 est appelée à se tenir devant le centre de conférence officiel.
Sur le thème de la « justice climatique », et « dans l'esprit de toutes les assemblées tenues dans le monde entier », il s'agira « de discuter sur la façon de réagir au niveau international face aux dérèglements climatiques ». A l'intérieur des négociations, « les besoins des 99 % n'ont pas été entendus ». « Les entreprises privées occupent nos places » et « des gouvernements corrompus par l'influence des entreprises prétendent nous représenter ». Rejetant « les structures qui ont permis que les famines, inondations, ouragans et massacres s'accroissent sans relâche », sont appelés à participer tous ceux qui veulent que « l'actuel mode de vie des 1% de la population mondiale ne crée plus d'injustice sur le futur des 99 % ».
Occupy COP17 !
Cet appel pour « Occupy COP17 », disposant déjà d'un hymne officiel, n'est pas une simple mode. L'ancien président Costa-ricain lui-même, Jose Maria Figueres, qui n'est autre que le frère de l'actuelle secrétaire exécutive de l'UNFCCC, Christiana Figueres, a affirmé qu'il y avait « sans doute besoin d'un Occupy Durban » qui pourrait se matérialiser par « un sit-in des délégations des pays les plus touchés par les dérèglements climatiques ». Se réunissant pour la 17ème fois sans avoir le début du commencement d'une solution sérieuse aux défis de l'humanité confrontée aux dérèglements climatiques, les chefs d'Etats et de gouvernements, ou leurs représentants, notamment issus des pays du Nord, peuvent-ils encore prétendre détenir la légitimité pour mener à bien ces négociations ?
Depuis le flop de Copenhague, Etats et négociateurs disent préférer la stratégie des petits pas. Pourtant, cette stratégie ne fonctionne pas et les dispositifs mis en place ne font qu'aggraver la situation globale. Un nouveau record d'émissions de gaz à effets de serre est battu quasiment chaque année : + 6 % en 2010. Les niveaux d'émissions sont aujourd'hui plus hauts que le pire des scénarios publiés par les scientifiques il y a à peine 4 ans. Nous allons vers 3 à 4°C de réchauffement climatique global et la consommation d'énergie carbonée s'accroît. Les conséquences à travers le monde sont désastreuses (voir le dernier document du GIEC) : sécheresses en Australie et en Afrique, inondations au Pakistan et en Thaïlande, feux de forêts en Russie, montée des eaux qui menacent les îles du Pacifique, changement des saisons des pluies dans les Andes ou en Asie du Sud-Est, etc.
Pourtant le climat a quasi disparu de l'agenda politique international. C'est dans une indifférence quasi-générale que va se tenir cette nouvelle COP.
Les COP, des Conférences de Pollueurs ?
Si le sommet de Cancun avait entériné le pseudo-accord de Copenhague, Durban risque d'enterrer le protocole de Kyoto, seul instrument légal et contraignant existant. Comme l'analyse Pablo Solon, le plus vraisemblable est que le protocole soit conservé pour ne pas trop braquer les « opinions publiques » mais qu'il soit en même temps complètement vidé de sa substance, ie sans nouvelle période d'engagements. A partir de 2012, les pays ne seraient plus tenus par aucun engagement, chacun se limitant à lister ses propres engagements, possiblement sans rapport avec les objectifs de réduction globaux qu'il faudrait atteindre.
Si les COP ne permettent pas de lutter efficacement contre les dérèglements climatiques, elles sont devenues de véritables foires aux propositions inadaptées, injustes et dangereuses. Elles ont d'abord suscité les marchés et la compensation carbone qui permettent surtout aux pays du Nord d'éviter de réduire leurs émissions domestiques tout en étant un formidable effet d'aubaine pour les entreprises du Nord. Aujourd'hui, les négociations climat prévoient d'étendre ces mécanismes aux forêts, à l'usage des sols et à l'activité agricole. Il n'y a pas de limite à l'imaginaire financier et néolibéral. Wall Street, les financiers et multinationales de la planète, ainsi que les Institutions Financières Internationales ont mis le grappin sur les négociations climat. Au point que c'est aujourd'hui JP Morgan qui presse les gouvernements d'agir au risque de voir le prix de la tonne carbone, déjà très bas, s'effondrer complètement.
Si l'on y rajoute la géo-ingénierie, il n'est pas aberrant de se demander si les COP ne sont pas malheureusement devenues des Conférences de Pollueurs.
Que faire alors ?
Occuper l'espace, occuper les consciences pour construire l'alternative. Le climat étant un enjeu international qui sera résolu pour l'ensemble des populations de la planète ou pour aucune, cela passe nécessairement par cette exigence d'obtenir un accord international juste, contraignant et à la hauteur des enjeux. Mais nous ne pouvons pas attendre (voir cette vidéo). Construisons l'alternative à partir des milliers d'expériences de relocalisations d'activités socialement utiles et écologiquement soutenables. A partir des très nombreuses luttes contre un modèle productiviste prédateur des ressources naturelles et mettant en compétition les populations. A partir des nombreuses expériences et réflexions pour faire de l'eau, l'air, l'énergie, la biodiversité, etc. des biens communs de l'humanité. A partir de la conscience et de la compréhension toujours plus vives et précises selon lesquelles « ça ne peut plus durer comme ça ».
Nous n'avons pas d'autres solutions que d'imposer cette alternative à celles et ceux qui n'en veulent pas. Durban, OccupyCOP17, est un moment pour construire cette histoire commune selon laquelle nous avons les solutions pour une véritable transition écologique et sociale de nos sociétés. Seule une mobilisation citoyenne sans précédant (voir cette vidéo) pourra inverser le rapport de force et débloquer la situation. Reprenons le pouvoir sur nos existences et notre avenir.
Maxime Combes, membre de l'Aitec et d'Attac, engagé dans le cadre du projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)
Pour aller plus loin, quelques liens :
Décryptage des enjeux de Durban : Cancun avait entériné Copenhague, Durban risque d'enterrer Kyoto. Occupons Durban et la COP-17 !
- Communiqué de l'Aitec et d'Attac France : Durban : face à l'emballement climatique et l'inaction gouvernementale, occupy COP-17 !