Le fait d’être né sous la troisième république me permet de contempler les événements actuels avec un certain recul et d’y trouver des similitudes en rapport avec des périodes déjà vécues.
Ainsi, je me souviens des inconditionnels de Moscou. Ceux qui vénéraient l’Union Soviétique quoiqu’il arrive. Souvent de bonne foi, des œillères bien ajustées leur cachaient tout ce qu’ils ne voulaient pas voir, du Goulag aux procès de Moscou. Si tu émettais des critiques à l’égard de l’URSS, cela voulait dire que tu étais anticommuniste, et donc contre la classe ouvrière. Aujourd’hui il y a des inconditionnels d’Israël. Aucune critique de cet état n’est tolérable, quoiqu’il fasse. Si tu te permets de critiquer la politique de l’état d’Israël tu es antisémite. Le simple fait d’évoquer les massacres de Gaza est un signe d’antisémitisme. Toute inconditionnalité est une irrationalité, qui peut mener aux pires dérives.
Une autre réminiscence historique me ramène à l’époque de la guerre d’Algérie. A l’époque de la censure de l’information, du climat de suspicion, de l’ambiance délétère qui séparait les familles. Si tu condannais la torture et les crimes de guerre, tu étais catalogué dans l’antiFrance. Aujourd’hui la grande majorité des médias défend Israël de manière pratiquement inconditionnelle. Défendre la cause palestinienne est proche de la subversion, presque une apologie du terrorisme. Ce mot me rappelle que mon père était un « terroriste » ; recherché comme tel par la gestapo et la police de Vichy, car l’un des responsables de la Résistance.