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L’Essonne est situé au sud de Paris et couvre un territoire francilien de 1 804 km2 habité par 1 313 768 habitants, le contexte géographique détermine les politiques mobilitaires analysées ici à travers un maillage important d’axes de transport d’envergure nationale et d’un trafic fluvial grâce à la présence de la Seine à l’Est du département. L'Essonne se caractérise par une grande disparité de territoires (péri-urbain-rural) et une précarité en terme de mobilités. Celle-ci est liée à la hausse du prix du carburant, la taxe carbone et l'éloignement des bassins d'emploi, cela a été l'un des axes de revendications lors du mouvement des Gilets Jaunes qui rejoint l’objectif de réduction de la distance sociale et spatiale. Le secteur du transport qui représente 1⁄3 des émissions étant le principal émetteur de gaz à effets de serre (GES). La nécessaire transition écologique interroge nos pratiques et les incidences tant sociales qu’économiques et l'avenir du service public du transport de personnes.
@Street-art Mobil91
⇒ Contribution au débat AES le 16/11/2024 (Paris) : "Transports du quotidien : quelles réponses écologiques et sociales ?
♠ le REPLAY des rencontres
⊕Voir aussi : Micro-mobilité, maxi éco-habitation ! ♦Analyse des enjeux de cohabitation des mobilités actives
L'Alliance écologique et sociale Essonne qui associe forces syndicales et associatives rebat les cartes du territoire, pour une réelle rupture écologique ! Elle propose d’alimenter le débat lié aux transports et des réponses à apporter à l'urgence climatique avec cette analyse présentant un diagnostic de territoire, les impasses politiques locales et des propositions pour une mobilité durable.

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Les transports en Essonne : quelles alternatives ?
1/ L’Environnement du 91
L'urbanisation en Essonne n'est pas homogène, le nord du département est densément peuplé (Agglomération de Massy, Vallée de la Seine), peut comporter à la fois de grands pôles scientifiques économiques (comme Évry, plateau de Saclay) mais aussi des quartiers populaires à taux de pauvreté élevé (Grigny-Corbeil). Le sud quant à lui est plus rural (Dourdan, Étampes) avec des activités agricoles (grandes cultures céréalières et/ou maraîchères). Enfin, certaines villes nouvelles sont relativement isolées d’un point de vue de l’accès malgré une forte concentration de population (Les Ulis). L’Essonne est donc un patchwork d’espaces tantôt hyper-connectés tantôt marginalisés.
Cette hétérogénéité se transcrit dans les usages en terme de mobilité. Si 69% du transport vers Paris se fait en transport public, 61% des déplacements vers le travail sont effectués en voiture. De manière générale, les véhicules sont largement sous occupés : 1,1 personne en moyenne dans les voitures. L'aéroport d'Orly, plaque tournante et 2ème aéroport de France connaît un trafic de plus de 30 millions de personnes/an et des nuisances sonores importantes pour les riverains. En Essonne, 33% des GES sont liés au transport des personnes, la réponse apportée par les pouvoirs publics est largement insatisfaisante face aux enjeux locaux (démographie, urbanisation galopante...) et d'urgence climatique.

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• Le nouveau ministre délégué chargé des Transports, François Durovray, également président du CD 91 ressort la solution des cars "Macron", celle des Cars Express régionaux. En savoir +
• La ligne de bus électrique en site propre du Tzen 4 sera mise en service en 2025 (entre Viry-Châtillon et Corbeil-Essonnes) avec un retard important. Elle permettra des correspondances avec le RER D et le tramway L12 dont la gestion est déjà remise en cause.
• Le projet de la ligne S permettrait de rétablir la ligne D de Malesherbes dans sa globalité et serait une avancée sociale (en reliant Paris-Gare-de-Lyon à Corbeil-Essonnes en 30 mn).
2/ Un manque d’investissement
Ce déficit concerne l’ensemble des moyens de transport et dénote les insuffisances des infrastructures et des services.
*Mobilités douces :

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Le plan vélo en Essonne est modeste, peu volontariste: 271 km de pistes cyclables ont été réalisés. Pour 2025, le budget de l'État pour le plan vélo sera totalement annulé !
*Transports publics par RER : Le manque d'investissement sur l'infrastructure est criant, notamment pour les RER B et C et D, qui transportent pourtant plus de 2 millions de voyageurs quotidiens. La Cour des comptes relevait ainsi en 2023 que le RER « souffre d’un sous-investissement certain, caractérisé par des retards et un effort d’entretien insuffisant des infrastructures » et du matériel roulant. La parenthèse des JO n’aura pas permis de résoudre ces manques de manière durable.
*Transports publics par bus :
La mise en concurrence des opérateurs de bus de grande couronne défendue par la Présidente de la Région Île-de-France s'est révélée catastrophique (dumping social avec dégradation des conditions salariales et de travail, dégradation de la qualité de service).
Le projet de privatisation de Transdev, employeur de 32000 personnes en France dont 6500 en Île-de- France, qui est devenu le premier exploitant de bus en grande couronne, verrait la participation de la Caisse des Dépôts et Consignations réduite très en dessous du seuil de 50% (les parts seraient cédées à l'autre actionnaire, le groupe Rethmann).
3/ Mal adaptation & Privatisation

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Les pouvoirs publics se sont aussi illustrés par une série de mal adaptations. L’exemple de la ligne 18 du Grand Paris Express est éloquent. Cette ligne prévoit de traverser le Plateau de Saclay, un territoire agricole connu pour une fertilité exceptionnelle. Or, ce projet conduit à l’urbanisation du plateau et à la bétonisation des sols au dépens des projets agricoles. En effet, en février 2020, le Secrétariat Général Pour l’Investissement (SGPI) déclarait que « les bénéfices attendus [de la ligne 18] ne seront au rendez-vous que si le plateau de Saclay offre rapidement la forte densité espérée ». Il ne s’agit donc pas de s’adapter aux besoins de la population dans l’idée d’affronter la rupture écologique mais plutôt de densifier encore et d’artificialiser encore plus. La construction de cette ligne s’est faite au détriment d’autres solutions plus viables écologiquement comme la rénovation du réseau existant (RER B/C), le prolongement des lignes de bus en site propre ou des connections plateau/vallées efficaces (téléphérique, funiculaire, navettes). Une ZAD s’est installée sur le plateau de 2021 à 2023 mais a été évacuée à la suite du durcissement de l’exécutif après Sainte-Soline. Cependant, la lutte continue contre ce grand projet inutile pour réclamer l’abandon du tronçon Saclay/Versailles.
⇒ Pour remédier à la fracture mobilitaire, des solutions doivent être offertes aux salarié·es pour rejoindre leur lieu de travail, 15 millions de personnes de plus de 18 ans sont en situation de précarité mobilité aujourd’hui en France. Face à la privatisation du transport ouvert à la concurrence et la dégradation du service public et des conditions de travail pour les conducteurs, des collectifs d'usagers ont exprimé leurs contestations. La pétition «stop galère » a réuni plus de 65 000 signatures et a été portée par les groupes de gauche et écologiste du Conseil régional.
4/ Pour une réelle rupture écologique dans les transports du 91 : pistes et questions
- Donner aux transports les moyens de fonctionner en arrêtant les politiques de restrictions budgétaires qu’on lui impose depuis longtemps, tout en privilégiant et sécurisant les mobilités douces.
- Essayer d’en faire un « commun » : considérer les transports comme une ressource, gérée collectivement par la communauté des usagers, avec des règles et une gouvernance permettant sa préservation.
- Plutôt que la concurrence, accroître la démocratie et l’inclusion des citoyens. Et faire en sorte de restreindre les trajets domicile - travail, sources de déplacements toujours plus longs et fatigants pour les usagers, et polluants pour la planète. Cela suppose de revoir les plans d'aménagement et pôles économiques pour rapprocher les lieux d'habitat des zones d'emplois.

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Propositions :
- Maîtriser l'urbanisme (objectif ZAN) et la densification urbaine tout en adaptant la demande de mobilité, en limitant l'étalement urbain et la dépendance à la voiture
- Améliorer l'aménagement du territoire et accélérer la planification écologique "bas carbone" sur nos espaces de vie et de travail en encourageant la sobriété énergétique et la relocalisation économique
- Réguler la place des véhicules essence et diesel et celle des véhicules électriques (revoir ZFE), renforcer le covoiturage avec de réels objectifs de santé publique (qualité de l'air)
- Soutenir le financement et la modernisation des infrastructures de transports du quotidien (ferroviaire, transports collectifs), appliquer la justice fiscale à l'aérien
- Défendre un plan vélo pour l'aménagement de pistes cyclables afin de faciliter la cohabitation avec les voitures, scooters, camions et autres trottinettes électriques
- Favoriser la coexistence des modes de transport (inter et multi-modalité) par l'éducation à la mobilité (contre les violences routières et l'hypermobilité)
- Soutenir les luttes locales qui associent usagers, défenseurs du service public du transport et protection environnementale.
→ Cette offre ne manquera pas d'interpeller le nouveau ministre délégué chargé des Transports également président du Conseil Départemental de l'Essonne. Affaire à suivre !
