Dans une réplique virulente à la déclaration de politique générale de Michel Barnier, Marine Le Pen cherche à se positionner en figure centrale de l'alternance à la macronie. Ce moment politique, bien que soigneusement orchestré, révèle un enjeu de fond : la transformation du paysage politique français où les vieilles distinctions droite-gauche s'effacent au profit d'une bataille populiste contre un centre perçu comme technocratique, encourageant la bureaucratie, par conséquent l'inflation normative, l'enflammement des esprits devant la mollesse de certaines élites : en un mot, la dérive .
Barnier, ancien commissaire européen, se veut porteur d'une vision réformatrice, mais cette posture peine à convaincre une population marquée par les crises sociales, économiques, et écologiques que les politiques de Macron n'ont fait qu'exacerber. Dans ce contexte, Marine Le Pen, reprenant à son compte un discours antisystème, tente de récupérer la frustration populaire, de vitupérer le système. Sa critique est incisive : Barnier incarnerait une continuité déguisée, un prolongement des échecs de Macron sous un vernis de pragmatisme européen. Elle martèle que la véritable rupture, celle attendue par les Français, qui se sentent trahis, ne pourra venir que de son parti, de ses parti-pris, de ses prises de position, qu'elle soit à l'emporte-pièce ou un potion amère pour les pleutres et les poltrons ; en deux mots : une soupe aux potirons.
Mais quel est réellement le projet de Marine Le Pen ? Elle prétend incarner une alternative nationale et sociale, mais son programme économique, fondé sur le protectionnisme et l'exclusion des travailleurs étrangers, ne répond pas aux véritables besoins de transformation sociale. En cherchant à opposer les travailleurs français aux étrangers, elle divise là où il faudrait unir pour affronter les véritables responsables des inégalités : le capital et ses relais politiques. Les propos de Barnier sont un énième exercice de style visant à convaincre une bourgeoisie européenne fatiguée des secousses. Le Pen, elle, tente de canaliser la colère des travailleurs vers des boucs émissaires faciles, des cibles fragiles, passés au crible d'une sociologie désuète ; en trois mots : la mise à prix qui s'arrête ?
Pourtant, ni l'un ni l'autre n'apportent une solution aux fractures de la société française. La véritable alternance ne viendra ni d'un Michel Barnier, ancien acteur de la politique de Bruxelles, ni de Marine Le Pen, héritière d'une droite extrême réactionnaire. L'alternative réside dans une refonte profonde des structures économiques, une redistribution des richesses et une mise en avant des luttes sociales, féministes, antiracistes et écologiques. La gauche, à travers le Parti communiste et ses alliés, doit proposer cette voie, en se réappropriant les colères légitimes des classes populaires et en redonnant du sens à la solidarité internationale et à la justice sociale, sous peine de voir s'effondrer le modèle national ; en quatre mots : une véritable fronde aux accents de révolution.
Ainsi, face aux antiennes populistes et néolibérales, il est temps de faire émerger une véritable force politique alternative qui refuse le repli identitaire comme la soumission aux marchés financiers. Une alternative qui s'adresse à l'ensemble des citoyens, travailleurs, jeunes, retraités, pour redonner à la France une perspective de justice, d'égalité et de progrès. En cinq mots : une perspective d'évitement de la crise à la mesure de nos aînés...