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Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 4 septembre 2024

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Parler du racisme anti-asiatique – Est-ce servir, asservir ou desservir la cause ?

Pour Linda, à jamais, des crampes aux jambes, sa main sur la mienne, ses futurs enfants préservés de l'ostracisme odieux, désordonné, désormais encadré, telle une affiche de Mao colorée, d'après une oeuvre d'Andy Warhol, abîmée, osée, parfois ôtée ; une féminité, qui reste toujours mon hôte, quel que soit les hôtels, le bordel causé et les ébats moussés, avec des massages et un messager...

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Le racisme anti-asiatique, longtemps relégué, remisé au second plan des combats contre toutes les formes de racisme et les discriminations, suscite aujourd'hui un débat crucial, fondamental, à évoquer. Parler de ce sujet en France, en Europe ou aux États-Unis est-il un service ou constitue-t-il une mauvaise farce faite à la face, à la place de la cause,  une trace déjantée, enchantée ou une "crasse" de plus à l'encontre de tous les personnes originaires de ce contient tant convoité, objet de pures bêtises, de méprises...

Faut-il dénoncer les causeries, les moqueries, les insultes proférées par des incultes audacieux, ou cela risque-t-il de renforcer les préjugés et de rendre la vie des victimes encore plus complexe? Ce débat ressemble à un véritable "casse-tête chinois", une mauvaise blague sur les Vietnamiens et les Vietnamiennes, la Corée, les Taiwanais.e.s, le Japon, l'Indonésie, l'Inde, Singapour ou Hong-Kong, une injure à la cohérence et à la solidarité dont ces peuples sont les premiers à vanter les mérites, sans s'irriter, sans s'inviter, même s'il ne cessent de militer pour la cause du tiers-monde.

Il est tentant de penser que le silence serait une solution plus simple, mais comment ignorer ces histoires poignantes, celles de restaurateurs thaïlandais, d'intraitables traiteurs coréens ou de boutiquiers hindous, qui, en dépit de leur travail acharné, se retrouvent étranglés par les charges, les impositions indues, et l'égoïsme ambiant qui les entoure, qui les détourne de la création de richesses et de la souplesse vis-à-vis de leurs communautés ? Comment ne pas se révolter face à la souffrance de ceux qui, bien que fiers et dignes, subissent les effets de seuil, se voyant inéluctablement marginalisés dans une société qui les voit encore comme des étrangers, malgré leur contribution inestimable à la collectivité française ?

Le quotidien de ces hommes et femmes est souvent biaisé, relayé par une anecdote exotique, alors qu'il s'agit en réalité d'une forme d'abnégation de chaque instant pour se faire une place dans une société qui leur est hostile, d'une étrange "lune de miel" pour ceux et celles qui s'acclimatent facilement parce qu'ils viennent de loin. Ils subissent les assauts du tout-venant, pour les filles et les fils du "soleil levant", souvent subtil, parfois brutal, qui se manifeste dans les regards méfiants, les remarques insidieuses, les stéréotypes persistants.

Mais la question demeure : en parler, est-ce vraiment servir la cause ? Oui, car c'est en nommant les injustices que l'on peut commencer à les combattre. Refuser de parler de ces réalités, c'est accepter qu'elles continuent, qu'elles s'éternisent, qu'elles s'enlisent, qu'elles détruisent.
C'est laisser ces hommes et ces femmes se débattre seuls face à une société qui les opprime. Les oublier, c'est leur infliger une double peine: celle de subir le mépris, et celle de voir leur propre pays sous-estimé, sous-évalué et au final, celle de soupeser les biens et les avantages, les plus et les moins, les méfaits et les bienfaits, les "mal faits" et les torts, les yeux plissés et les cheveux noirs, le pli envoyé par une société qui déborde et qui ne sait plus broder...

D'un autre côté, il est légitime de craindre que ces discussions ne fassent que renforcer les clichés et alimenter la xénophobie ambiante, qui lézarde, sur un hamac ou sur le tarmac. Mais n'est-ce pas là un risque que nous devons prendre, sous peine d'une arnaque à l'échelle d'une aire civilisationnelle, peut-être stratifiée, mais qui peut s'appuyer sur la force du nombre ? Car le silence n'a jamais fait progresser aucune lutte. Ce sont les histoires de ces « damnés de la terre », ces artisans discrets, ces entrepreneurs courageux, qui doivent être mises en lumière. C'est en leur donnant la parole et des rôles à leur mesure, des rôles non pas de figurants ou du figurantes, que nous pourrons espérer un changement radical.

Alors, oui, parler du racisme anti-asiatique, c'est servir la cause. C'est reconnaître la douleur de ces communautés, leur apporter le soutien qu'elles rendront en retour, leur retourner la monnaie de leur pèce, et travailler ensemble à une société plus juste. Ne pas en parler, ce serait les trahir. Il est temps d'ouvrir les yeux, de se lever contre ce cynisme insidieux, et de faire entendre la voix de celles et ceux qui, trop souvent, restent dans l'ombre, celle des vils métiers, et des travaux trop manuel, celles des "pieds nickelés", des héros à la petite semaine, deux étoiles sur le maillot ; la voie et la vue d'un maillon de plus à la chaîne.

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