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Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 7 août 2024

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Un multiculturalisme couvert par une coalition des semblables et des contraires ?

Aux louves, à leurs "petits loups" dans tous les pays engagés par des expérimentations osées, étant tendues, avec tant de tenues tentées, malgré l'expérience, les résolutions, teintées, tatouées et tâtant une reconversion "sans contrefaçon" (Mylène Farmer), la tête ailleurs que la mitraillette, avec des tailleurs et des bas résille, des locations résiliées, une résilience inespérée, et Thalia...

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Tribune : pour un multiculturalisme ouvert et solide, revivifiant, une coalition cosmopolite des semblables, des similaires ou des contraires, contrariée pour un moment, faute de moyens et de dialogue !

Dans un monde de plus en plus globalisé, de plus en plus mondialisé, diabolisé à souhait, dramatisé de jour en jour, de jouissances en puissances, mais labellisé et certifié "uni et réuni par la sollicitude", la question du multiculturalisme est plus que jamais au cœur des débats politiques et sociaux, ou sociétaux, au centre des débats, au milieu du gué, en cours d'étude.

Si certaines nations ont embrassé la diversité culturelle avec succès, successivement, même "essorées" et "esseulées", d'autres continuent de lutter contre les défis qu'elle pose et qui embrasent les peuples, qui sont censés saper, déshabiller ou entamer la cohésion nationale. En tant qu'auteur engagé pour l'égalité et la justice sociale, il m'incombait de revendiquer avec force une vision du multiculturalisme qui soit synonyme d'inclusion, de respect et de progrès, assumée, au sommet ou en bas de l'échelle, de l'escalier de service, de l'escabeau...

Le multiculturalisme en Europe, en France en particulier : entre tentatives avortées, déceptions et réceptions, transcriptions à creuser...

En Europe, le multiculturalisme a suivi des trajectoires contrastées, oscillant entre des initiatives ambitieuses et des revers marquants. Le Royaume-Uni, en particulier, a été l'un des premiers pays européens à "épouser" officiellement le multiculturalisme dans les années 1970, sous l'impulsion de politiques visant à reconnaître et à célébrer la diversité culturelle au sein de sa population.

L'immigration en provenance des anciennes colonies britanniques a amené des individus et des individualités issues de toutes les origines ethniques et géographiques, significative, poussant le pays à adopter une approche inclusive. Toutefois, les émeutes de 2001 dans le nord de l'Angleterre, notamment à Bradford, Oldham et Burnley, ont révélé les tensions profondes entre communautés, exacerbées par des problèmes économiques, sociaux et un sentiment d'exclusion, de malaise et de déclassement.

Ces événements ont incité le gouvernement à réévaluer sa politique multiculturaliste, conduisant à un débat national sur les limites de cette approche, de cette accroche, une discussion avec trop d'anicroches, écorchée, confinant à des crachats et des mollards. De même, les émeutes de 2011 ont mis en lumière la persistance des inégalités raciales et des discriminations, soulignant l'échec partiel des politiques d'intégration. Ces tensions ont mené à l'introduction de statistiques ethniques et raciales, une démarche longtemps taboue en Europe, mais qui est devenue nécessaire pour comprendre et aborder, et non abhorrer, les réalités complexes des inégalités, de la persistance des écarts à rattraper, des trappes à refermer.

En France, le modèle républicain repose sur l'idée d'une citoyenneté universelle, où l'appartenance ethnique, religieuse ou culturelle est censée s'effacer devant l'identité nationale et les statuts sociaux. La laïcité, principe fondamental de la République française depuis la loi de 1905, vise à garantir l'égalité de tous les citoyens en séparant l'État de la religion.

Cependant, cette conception universaliste a souvent conduit à des pressions, voire à une forme oppressive, notamment autour du port du voile islamique. Le débat sur le foulard, qui a débuté avec l'affaire de Creil en 1989, s'est intensifié avec la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques. Pour certains, cette loi défend les principes républicains de laïcité et d'égalité, tandis que d'autres y voient une forme de discrimination déguisée, ciblant spécifiquement les musulmanes et alimentant un sentiment de stigmatisation et de relégation ; une discrimination assimilables à relique du passé ou une entrée dans la modernité, une ancienne tradition ou une antienne.

Les émeutes urbaines dans les banlieues françaises, souvent habitées par des populations issues de l'immigration post-coloniale, sont un autre symptôme des limites du modèle d'intégration républicain. Les révoltes de 2005, déclenchées par la mort de deux adolescents dans une banlieue de Paris, ont mis en évidence les fractures sociales et raciales profondes qui existent en France. Ces événements ont souligné l'urgence de repenser l'intégration et de lutter contre les discriminations systématiques qui touchent les minorités ethniques et raciales. Malgré les efforts pour promouvoir l'égalité, la société française reste divisée sur des questions de race, de religion et d'identité.

Le philosophe Charles Taylor a critiqué le modèle français pour son incapacité à reconnaître la diversité culturelle comme une richesse, y voyant une "monstruosité" qui mène à l'assimilation forcée plutôt qu'à l'inclusion véritable. Pour Taylor, la reconnaissance de la diversité culturelle est essentielle pour la justice sociale, une idée qui reste contestée en France, où le débat sur le multiculturalisme est souvent perçu comme une menace à l'unité républicaine. Ce débat s'enlise parfois dans des querelles intellectuelles complexes, où les voix des minorités elles-mêmes peinent à se faire entendre, laissant la lutte pour l'inclusion réelle inachevée, désespérément répétitive et sans saveur, sans sauveurs ; une lutte décolorée et emplie de colère...

Ainsi, que ce soit au Royaume-Uni ou en France, les politiques de multiculturalisme et d'intégration rencontrent des obstacles, ai sein d'une Europe aux identités multiples, où la tension entre l'universalité républicaine et la reconnaissance de la diversité reste une question brûlante. Les sociétés européennes continuent de naviguer entre l'inclusion et l'exclusion, dans une quête pour une cohésion sociale qui, malgré les efforts, reste précaire et sujette à des remises en question fréquentes, récurrentes et parfois délirantes, livresques et presque étouffantes; des remises en question touffues, bouffies par les morsures des forces conservatrices, abimées par des tirades sans lendemain, aux airs malsain et glacés...

Amérique du Nord : le paradoxe de la diversité.

Le Canada est souvent présenté comme un modèle de multiculturalisme, avec une longue tradition d'accueil des immigrants et de reconnaissance officielle de la diversité culturelle. Cette politique s'est formalisée en 1971, lorsque le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau a déclaré le multiculturalisme comme politique officielle. Cela visait non seulement à reconnaître la diversité culturelle et linguistique du pays, mais aussi à intégrer les nouveaux arrivants dans une société pluraliste.

Des initiatives comme la Loi sur le multiculturalisme canadien de 1988 ont renforcé cet engagement en promouvant la diversité et en soutenant les communautés culturelles. Le Canada a également été un pionnier dans la reconnaissance des droits linguistiques, avec l'adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, garantissant l'égalité du français et de l'anglais. Cependant, malgré ces avancées, des problèmes de discrimination persistent, notamment à l'égard des peuples autochtones, qui continuent de faire face à des injustices historiques, à des conditions socio-économiques défavorables et à un racisme systémique. Les minorités "racisées", y compris les immigrants récents, rencontrent également des obstacles liés à l'emploi, au logement et à la reconnaissance des qualifications professionnelles. Ainsi, même dans un pays qui se targue de son multiculturalisme, la lutte pour une véritable égalité demeure une tâche inachevée.

Aux États-Unis, le parcours vers une société multiculturelle a été marqué par des luttes intenses et des avancées significatives. L'action affirmative, mise en œuvre dans les années 1960 sous l'administration de Lyndon B. Johnson, visait à corriger les inégalités raciales dans l'éducation et l'emploi, en offrant des opportunités aux Afro-Américains et à d'autres minorités.

Cette politique, bien que controversée, a ouvert la voie à une plus grande représentation des minorités dans des domaines traditionnellement dominés par les Blancs. La "Rainbow Coalition" de Jesse Jackson dans les années 1980 a également été une étape importante dans la construction d'une alliance politique multiraciale, promouvant l'égalité et les droits civiques.

L'élection de Barack Obama en 2008, premier président afro-américain des États-Unis, a symbolisé une avancée majeure dans la représentation politique des minorités, suivie par la nomination de Kamala Harris, une femme de descendance indo-caribéenne, comme vice-présidente en 2020. Ces événements sont des jalons historiques dans la reconnaissance de la diversité dans les plus hautes sphères du pouvoir.

Cependant, malgré ces progrès, les inégalités économiques et les tensions raciales restent profondément enracinées aux États-Unis. La pandémie de COVID-19 et les mouvements comme Black Lives Matter ont mis en lumière les disparités socio-économiques et les violences policières auxquelles sont confrontées les communautés noires et autres minorités. Les débats récents sur l'action affirmative et la diversité dans l'éducation et les médias montrent que la société américaine est encore divisée sur la question de l'égalité raciale.

De plus, les vagues de discrimination et de violence contre les minorités, notamment les Asiatiques-Américains, soulignent la persistance du racisme. Les États-Unis, malgré leur diversité croissante, continuent de lutter pour trouver un équilibre entre la reconnaissance de cette diversité et l'éradication des inégalités, rappelant que la route vers une société juste et équitable est encore semée d'obstacles, de traversées par les rechutes, les ruches, les viviers riches et diversifiés...

Asie et Océanie : entre cohésion et contradictions...

À Singapour et en Malaisie, les politiques de gestion du multiculturalisme ont été façonnées par les contextes historiques complexes de ces nations, marquées par des relations ethniques tendues. Après l'indépendance de Singapour en 1965, le gouvernement, sous la direction de Lee Kuan Yew, a mis en place des politiques de "multiracialisme" visant à promouvoir l'harmonie raciale au sein d'une société composée principalement de Chinois, de Malais et d'Indiens. L'une des étapes clés de cette politique a été l'introduction de quotas ethniques dans les logements publics, garantissant une répartition équilibrée des différents groupes raciaux dans les quartiers, afin d'éviter la ségrégation. Cependant, malgré ces mesures, Singapour fait face à des tensions raciales latentes. Ces tensions sont exacerbées par des restrictions sur la liberté d'expression, qui limitent les discussions ouvertes sur les problèmes raciaux. Les lois strictes contre les discours de haine, bien qu’elles visent à prévenir les conflits, sont parfois critiquées pour leur impact sur la liberté d'expression, ce qui montre que la cohésion sociale demeure fragile dans un contexte de diversité culturelle imposée par le haut.

En Malaisie, la situation est encore plus complexe. Depuis l'indépendance en 1957, les politiques de discrimination positive en faveur des Malais, regroupés sous la politique du "New Economic Policy" (NEP) dans les années 1970, ont provoqué des tensions avec les autres groupes ethniques, notamment les Chinois et les Indiens. La NEP visait à corriger les inégalités économiques entre les Malais (Bumiputera) et les autres groupes ethniques, mais a conduit à une perception de favoritisme, créant des frictions sociales durables. La politique multiculturelle de la Malaisie, bien qu'axée sur la promotion de l'harmonie raciale, est souvent critiquée pour son inégalité intrinsèque, car elle renforce les divisions raciales par le biais de politiques basées sur l'ethnicité.

En Australie, le multiculturalisme est officiellement célébré, surtout depuis l'adoption des politiques multiculturelles dans les années 1970. Cependant, cette reconnaissance de la diversité culturelle cache des inégalités persistantes, notamment envers les populations aborigènes. Les Aborigènes, qui ont souffert de l'histoire coloniale australienne marquée par des politiques d'assimilation forcée et de ségrégation, continuent de faire face à des discriminations systémiques et à des inégalités socio-économiques profondes. Les tentatives de réconciliation, telles que le "National Apology to the Stolen Generations" en 2008, montrent une reconnaissance des torts passés, mais les défis demeurent. De plus, les migrants non européens font encore l'objet de discrimination, malgré les proclamations de diversité. Ces réalités montrent que, bien que le multiculturalisme soit une valeur proclamée, sa mise en pratique est inégale et confrontée à des tensions sociales profondes.

Ainsi, que ce soit à Singapour, en Malaisie ou en Australie, la représentation du multiculturalisme dans les politiques publiques révèle des efforts pour gérer la diversité ethnique. Cependant, ces efforts sont souvent confrontés à des réalités complexes, où les tensions raciales et les inégalités persistent, mettant en lumière la fragilité de la cohésion sociale dans ces sociétés multiculturelles.

Afrique du Sud : l'héritage de l'apartheid...

En Afrique du Sud, la fin de l'apartheid en 1994 a marqué le début d'une nouvelle ère, avec l'élection de Nelson Mandela comme premier président noir du pays. L'Afrique du Sud post-apartheid s'est efforcée de créer une société où toutes les communautés culturelles et raciales pourraient coexister dans l'égalité et la paix. L'une des initiatives les plus importantes dans ce sens a été la création de la Commission vérité et réconciliation (TRC), qui visait à exposer les crimes de l'apartheid, à promouvoir la réconciliation entre les différentes communautés et à établir une base pour la guérison nationale. La TRC, bien qu'elle n'ait pas offert de justice pénale traditionnelle, a joué un rôle crucial dans la reconnaissance des souffrances des victimes et dans l'effort de construire une mémoire collective, unissant le pays dans sa diversité.

Cependant, malgré ces progrès significatifs vers la réconciliation, l'Afrique du Sud reste confrontée à des inégalités économiques profondes, héritage direct de l'apartheid. La majorité noire continue de subir les effets de décennies de marginalisation, avec des niveaux élevés de pauvreté, de chômage et d'accès limité à l'éducation de qualité. Les tensions urbaines, souvent exacerbées par ces inégalités socio-économiques, se manifestent régulièrement, notamment dans les protestations pour un meilleur accès aux services publics et contre les violences xénophobes visant les immigrants africains. Ces tensions rappellent que la route vers une véritable justice sociale en Afrique du Sud est encore longue et semée d'embûches. Le fossé entre les promesses de la démocratie post-apartheid et la réalité vécue par de nombreux Sud-Africains demeure un défi majeur pour le pays.

Au Brésil, le multiculturalisme se manifeste à travers une riche mosaïque culturelle, fruit d'un métissage complexe entre populations autochtones, colons européens, Africains déportés comme esclaves et immigrants venus d'Asie et d'Europe. Le pays célèbre souvent sa diversité, notamment à travers des événements culturels tels que le Carnaval, qui est un symbole mondial de la culture brésilienne. Cependant, le Brésil est également marqué par des inégalités raciales et socio-économiques profondes, héritées de son histoire coloniale et de l'esclavage, qui a été aboli seulement en 1888.

Le Brésil a mis en place des politiques d'action affirmative, telles que les quotas raciaux dans les universités publiques et dans certaines entreprises publiques, visant à corriger les déséquilibres historiques qui ont longtemps favorisé la population blanche au détriment des Noirs et des métis. Ces mesures, bien que controversées, ont permis une certaine amélioration de l'accès à l'éducation et au marché du travail pour les populations afro-brésiliennes. Cependant, les inégalités persistent, et la société brésilienne reste profondément divisée par la race et la classe sociale. Les violences policières dans les favelas, où vivent majoritairement des Afro-Brésiliens et des pauvres, et les discriminations systémiques montrent que la promesse d'une société égalitaire est loin d'être réalisée.

En outre, la montée du populisme et les attaques contre les droits des minorités sous les gouvernements récents ont exacerbé les tensions sociales et culturelles. Le mouvement pour les droits des Noirs au Brésil, qui s'est intensifié avec des manifestations similaires à celles de Black Lives Matter aux États-Unis, met en lumière les inégalités raciales qui subsistent malgré les avancées politiques. Le Brésil, tout en étant fier de son métissage, doit encore relever des défis majeurs pour parvenir à une véritable justice sociale qui reconnaît et traite les inégalités persistantes au sein de sa population diverse.

Ainsi, tant en Afrique du Sud qu'au Brésil, le chemin vers une société véritablement inclusive, où les inégalités historiques sont corrigées, reste ardu. Ces deux nations, riches en diversité culturelle, continuent de lutter pour réconcilier leurs idéaux de justice sociale avec les réalités complexes et souvent douloureuses de leur histoire et de leur présent.

Le Proche-Orient : défis et espoirs du multiculturalisme…

Le Proche-Orient, avec ses millénaires d'histoire et ses mosaïques de cultures, religions et ethnies, est un terreau complexe pour le multiculturalisme. Le Liban, par exemple, est souvent cité pour sa diversité religieuse et ethnique. Cependant, cette richesse est aussi source de tensions politiques et sociales, exacerbées par un système politique confessionnel, qui divise plus qu'il n'unit.

Israël, de son côté, est une société où coexistent Juifs, Arabes et de nombreuses autres communautés, mais où les politiques discriminatoires et les conflits territoriaux entravent la véritable égalité et la coexistence pacifique.

Dans l'ensemble du Proche-Orient, les initiatives multiculturelles sont souvent mises à mal par les conflits, les inégalités et les jeux de pouvoir. Pourtant, des mouvements de la société civile et des efforts de réconciliation montrent que l'espoir d'une coexistence harmonieuse n'est pas vain en cette époque trouble.
Il est impératif que les organisations internationales ou non gouvernementales soutiennent ces initiatives locales, pour construire un avenir où le pluralisme culturel est une source de force et de solidarité, plutôt qu'un facteur de division et de désillusions arbitraires, de retours en arrière.

Le Maghreb 

Le Maghreb, composé principalement du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, est une région où la diversité culturelle et ethnique est à la fois une richesse et une source de défis complexes. Historiquement, le Maghreb a été un carrefour de civilisations, avec des influences arabes, berbères, africaines subsahariennes, et européennes, notamment à travers la colonisation française. Cependant, cette diversité est souvent sous-estimée ou réprimée dans les politiques nationales, créant des tensions sous-jacentes et des inégalités socio-économiques.

Au Maroc, la diversité culturelle est notamment marquée par la cohabitation entre Arabes et Berbères (ou Amazighs), ces derniers représentant une part importante de la population. Sous la monarchie, des efforts ont été faits pour reconnaître la culture amazighe, notamment avec l'adoption de la langue amazighe comme langue officielle en 2011, en parallèle de l'arabe. Cette reconnaissance a été un pas important vers la valorisation de la diversité culturelle au Maroc, mais les défis restent nombreux. En effet, les politiques de développement économique et social tendent à marginaliser les régions berbérophones, souvent rurales et moins développées. Les disparités économiques et l'accès limité aux services publics dans ces régions exacerbent les tensions, malgré les efforts du gouvernement pour promouvoir une identité nationale inclusive.

En Algérie, la question de l'identité berbère est également centrale. Le pays, riche d'une diversité ethnique qui inclut les Arabes, les Berbères (notamment les Kabyles), et les communautés touarègues dans le sud, a longtemps été marqué par une politique d'arabisation, notamment après l'indépendance en 1962. La reconnaissance officielle de la langue amazighe en 2002, puis son inscription dans la Constitution comme langue nationale et officielle en 2016, ont été des avancées significatives pour les défenseurs de la culture berbère. Cependant, la répression des mouvements autonomistes en Kabylie et les tensions persistantes entre l'État centralisé et les revendications culturelles locales montrent que le multiculturalisme en Algérie est encore loin d'être pleinement intégré.

La Tunisie, souvent perçue comme le pays le plus homogène du Maghreb, abrite aussi une diversité culturelle significative. Outre la majorité arabe, il existe une minorité berbère principalement située dans le sud, ainsi que des communautés juives et chrétiennes historiques. La Révolution de 2011 a ouvert de nouvelles perspectives pour les droits des minorités, mais la montée du conservatisme religieux a parfois limité les avancées en matière de diversité culturelle. La reconnaissance de la culture amazighe reste limitée, et les défis liés à l'intégration des minorités persistent.

Défis communs et perspectives d'avenir :

dans l'ensemble du Maghreb, les défis du multiculturalisme sont étroitement liés aux questions de gouvernance, d'identité nationale et de développement socio-économique. Les tensions ethniques et culturelles sont souvent exacerbées par les inégalités économiques et par un système politique qui, bien que reconnaissant parfois la diversité, tend à privilégier une identité nationale homogène au détriment des particularismes locaux.

Le rôle des organisations internationales, comme les Nations Unies et l'Union Européenne, est crucial pour soutenir les initiatives locales visant à promouvoir la diversité culturelle et l'inclusion. Par exemple, l'UNESCO a travaillé à la préservation du patrimoine culturel amazigh et à la promotion des langues minoritaires dans le Maghreb. Cependant, ces efforts doivent être renforcés par des politiques nationales plus inclusives, qui vont au-delà de la simple reconnaissance symbolique et qui intègrent véritablement la diversité culturelle dans le tissu social et économique des pays du Maghreb.

Espoirs et initiatives de la société civile...

Malgré les défis, des mouvements de la société civile émergent pour promouvoir la diversité et lutter contre les discriminations. Au Maroc, par exemple, des associations amazighes militent pour une plus grande reconnaissance et pour l'égalité des droits. En Algérie, des mouvements en faveur de la culture berbère continuent de se battre pour une véritable inclusion. En Tunisie, des initiatives locales cherchent à valoriser le patrimoine culturel des minorités, malgré les obstacles politiques.

Ces efforts, souvent soutenus par des ONG internationales, montrent que l'espoir d'un Maghreb où le pluralisme culturel est une source de force et de solidarité n'est pas vain. Toutefois, pour que ces espoirs se concrétisent, il est impératif que les gouvernements de la région, soutenus par la communauté internationale, adoptent des politiques plus inclusives qui reconnaissent pleinement la richesse de la diversité culturelle du Maghreb.

Ainsi, comme au Proche-Orient, les défis du multiculturalisme au Maghreb sont complexes, mais les initiatives locales et les soutiens internationaux offrent des perspectives d'avenir pour une coexistence harmonieuse et une véritable justice sociale, fondée sur la reconnaissance et le respect de toutes les composantes de la société.

Le rôle des relations et organisations internationales, humanitaires :

Les Nations Unies et l'Union Européenne ont joué des rôles déterminants dans la promotion de la diversité culturelle à l'échelle mondiale, cherchant à créer des cadres normatifs qui favorisent l'inclusion et la protection des minorités. L'UNESCO, une agence spécialisée des Nations Unies, a été à l'avant-garde de ces efforts avec l'adoption de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle en 2001. Cette déclaration a affirmé que la diversité culturelle est un "patrimoine commun de l'humanité" et doit être protégée et promue en tant que source de créativité et de développement humain. La Déclaration a également souligné l'importance de la liberté d'expression, de la pluralité des médias et du respect des droits de toutes les communautés, y compris les peuples autochtones et les minorités.

Cependant, malgré ces avancées, les efforts internationaux doivent être intensifiés pour s'assurer que les politiques multiculturelles ne restent pas des idéaux abstraits, mais deviennent des réalités tangibles pour toutes les populations. Les Nations Unies ont souvent été critiquées pour leur incapacité à imposer efficacement ces normes dans les États membres, en raison des limitations inhérentes à leur structure, qui repose sur le respect de la souveraineté nationale. Par exemple, dans des pays où les gouvernements sont accusés de discrimination ou de répression des minorités, les interventions des Nations Unies se heurtent souvent à des résistances politiques et à un manque de coopération.

L'Union Européenne, de son côté, a intégré la diversité culturelle dans ses politiques internes et externes, en la considérant comme un pilier de l'identité européenne. L'UE a mis en œuvre des directives pour lutter contre la discrimination fondée sur la race, l'origine ethnique, la religion ou les convictions, tout en soutenant financièrement des projets culturels qui encouragent le dialogue interculturel et l'inclusion sociale. La Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne, proclamée en 2000 et juridiquement contraignante depuis 2009, renforce cet engagement en garantissant le respect de la diversité culturelle et religieuse.

Cependant, ces efforts européens sont parfois contrecarrés par des mouvements populistes et nationalistes au sein même des États membres, qui rejettent le multiculturalisme et promeuvent des politiques d'assimilation stricte ou de fermeture des frontières. Par exemple, des pays comme la Hongrie et la Pologne ont adopté des positions ouvertement hostiles à l'immigration et à la diversité culturelle, en contradiction avec les principes européens. Ces tensions internes à l'UE compliquent la mise en œuvre uniforme des politiques de diversité, créant des divisions entre les États membres sur la manière de gérer les flux migratoires et l'intégration des minorités.

Les oppositions politiques aux pouvoirs en place, souvent soutenues par des organisations internationales, jouent un rôle clé dans la promotion de la diversité et de l'inclusion. Des mouvements d'opposition, comme ceux en Russie, en Turquie ou en Pologne, se sont associés à des organisations internationales pour dénoncer les atteintes aux droits des minorités et aux libertés culturelles. Ces mouvements, en collaboration avec des organisations comme Amnesty International, Human Rights Watch et diverses ONG européennes, utilisent les cadres fournis par l'ONU et l'UE pour exiger des réformes et lutter contre les politiques répressives.

Cependant, l'efficacité de ces efforts dépend de la capacité des organisations internationales à exercer une pression suffisante sur les gouvernements nationaux et à soutenir activement les mouvements d'opposition. Cela nécessite non seulement des condamnations verbales, mais aussi des sanctions concrètes et un soutien logistique, financier et médiatique aux acteurs de la société civile. Les initiatives internationales doivent être renforcées pour garantir que les engagements en faveur de la diversité culturelle se traduisent par des changements structurels et durables, et non simplement par des déclarations d'intention.

En somme, les Nations Unies et l'Union Européenne ont effectivement joué des rôles cruciaux dans la promotion de la diversité culturelle, mais il reste beaucoup à faire pour transformer ces engagements en réalités vécues par tous. Les efforts pour soutenir les politiques multiculturelles doivent être renforcés par une action plus coordonnée et ferme contre les gouvernements qui sapent ces principes, tout en soutenant les mouvements d'opposition qui militent pour une véritable inclusion et justice sociale

Epilogue : pour un multiculturalisme de justice et d'égalité !

La lutte pour un multiculturalisme véritablement inclusif doit être au cœur de notre engagement et de nos enseignements, non une simple dissidence dans les joutes électorales, les victoires de courte durée. Il ne suffit pas de célébrer la diversité culturelle lors de festivals ou dans les médias. Nous devons nous battre pour des politiques antidiscriminatoires robustes, au buste solide, non sordides, la reconnaissance des droits culturels des minorités et la mise en place de mesures concrètes pour lutter contre les inégalités économiques et sociales.

Le multiculturalisme ne doit pas être une façade, une énième mascarade, une parade derrière laquelle se cachent les suspicions et les discriminations. Il doit être un moteur de justice sociale, de solidarité et d'interactions, un conte pour les enfants, à la fois directif, mais également interrogatif.

Pour cela, il est essentiel de continuer à revendiquer haut et fort des politiques qui valorisent chaque individu, quelle que soit son origine culturelle, et qui visent activement à construire une société plus fluide, et égalitaire.

Ensemble, construisons un monde où la diversité est encensée non seulement en paroles, mais en actes. Un monde où chaque peuple trouve sa place, et où la tolérance, l'absence de tollés, la fin des tabous et le pacifisme sont les pierres angulaires de notre société commune, composite, apostolique, magnanime, sur les deux rives, et épistolaire.

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