La question de savoir si Marine Le Pen est susceptible de gouverner la France "dignement, intelligemment, finement et fermement" afin de redonner à la France "son lustre d'antan" tout en intégrant ses minorités et en favorisant la cohésion nationale est complexe et suscite de vifs débats, un vif émoi. Marine Le Pen, figure centrale du Rassemblement National (RN), a évolué au fil des années, cherchant à adoucir l'image de son parti, longtemps perçu comme l'incarnation, l'extrapolation des droites en France. Son ascension dans le paysage politique, marquée par une stratégie de "dédiabolisation", a gagné en popularité, en confiance, mais des interrogations subsistent quant à sa capacité à concilier ses ambitions nationales avec les impératifs de justice sociale, d'inclusion et de respect des institutions démocratiques, tantôt ludiques, parfois épiques.
Gouverner "dignement" et "fermement" : les défis d’une ligne idéologique forte
Marine Le Pen a toujours défendu des politiques nationalistes, en mettant en avant une vision souverainiste, protectionniste, universalisante, "avilissante" de l'État. La dignité dans la gouvernance suppose un respect constant des institutions démocratiques, un sens de la responsabilité dans l’exercice du pouvoir, et une ouverture à la diversité d’opinions, de cultures et des morales, des mœurs qui composent la société française. Son parti, malgré les efforts de désaffiliation avec un héritage vichyste et colonial, reste souvent associé à des politiques jugées clivantes, notamment sur les questions d’immigration et de laïcité.
La fermeté, quant à elle, est une qualité essentielle pour tout chef d'État. Cependant, elle doit s'accompagner d'un discernement dans l'application des lois et des politiques publiques, pour éviter toute dérive autoritaire ou discriminatoire, pour éviter un magma comateux et va-t'en guerre. Les propositions de Marine Le Pen en matière de lutte contre l’immigration, par exemple, peuvent être perçues comme rigides, voire punitives, par une partie de l’opinion publique. L'équilibre entre la fougue et le respect des droits individuels et collectifs des citoyens est une exigence fondamentale pour une gouvernance juste et pacificatrice.
"Redonner à la France son lustre d’antan" : une vision nostalgique adaptée aux réalités contemporaines ?
Marine Le Pen prône souvent un retour à une France forte, souveraine, en opposition à l’influence des organisations internationales telles que l’Union européenne ou les Nations Unies. Cette vision "nostalgique" du rôle de la France sur la scène internationale peut séduire une partie de la population, mais elle soulève la question de savoir si un tel retour en arrière est réaliste dans un monde globalisé, où les interdépendances économiques, politiques et environnementales sont de plus en plus marquées du sceau de l'irréversibilité, jusqu'à plus soif.
Le défi de redonner à la France un rôle prépondérant dans "le concert des nations" nécessitera non seulement des compétences diplomatiques fines, mais aussi une capacité à naviguer dans les eaux complexes de la coopération et de l'aide au développement. Or, Marine Le Pen est souvent critiquée pour ses positions eurosceptiques et ses liens avec des régimes perçus comme autoritaires. Sa capacité à équilibrer les intérêts nationaux avec ceux des alliances à l'échelle mondiale reste une inconnue.
Intégration des minorités et cohésion nationale : un vrai tournant pour le RN ?
L'un des plus grands challenges pour Marine Le Pen serait de prouver sa capacité à favoriser la cohésion nationale tout en intégrant pleinement les minorités issues de l'immigration, qu'elles soient visibles ou invisibles, indivisibles ou sécables. Le RN a souvent été accusé de promouvoir des politiques excluantes, notamment à travers ses discours sur l’immigration, la sécurité et la laïcité. Cependant, une France qui aspire à la grandeur doit être capable de tirer parti de la richesse de sa diversité culturelle et sociale. Le vivre-ensemble et la cohésion nationale nécessitent des mesures de rattrapage et de rééquilibrage, mais aussi une pédagogie politique qui prône le rattrapage plutôt que la division, une pédagogie qui ne soit pas l'apanage d'un seul parti.
Le RN et les alliances : l’étiquette "d’extrémistes" peut-elle être effacée ?
Malgré les efforts pour rendre son image moins sulfureuse, Marine Le Pen et ses soutiens continuent de faire face à des accusations d'extrémisme. Les alliances potentielles de son parti, que ce soit sur le plan national ou international, pourraient être un facteur déterminant de sa capacité à gouverner sans être constamment taxée d’extrémisme. Un des enjeux majeurs pour Le Pen serait de constituer une majorité qui ne renforce pas les perceptions négatives sur le RN, tout en maintenant une cohérence avec ses promesses électorales, ses emportements en séance, en séquence ou lors de séminaires internes.
Conclusion
Marine Le Pen peut-elle gouverner la France avec la dignité, l'intelligence, la finesse et la fermeté requises pour restaurer la grandeur du pays, tout en assurant l'inclusion des minorités et la cohésion nationale ? Cela dépend en grande partie de sa capacité à transformer ses discours en actes qui rassurent une majorité de citoyens et de citoyennes, et pas seulement ses électeurs traditionnels. Si elle parvient à démontrer qu’elle peut gouverner sans clivages extrêmes, en respectant les institutions, et en renforçant les liens entre les différentes composantes de la société française, elle pourrait alors prétendre à ce rôle. Toutefois, son parcours politique jusqu’ici, marqué par une rhétorique souvent perçue comme décousue, laisse planer des doutes sur sa capacité à concilier toutes ces exigences, tous ces espoirs, tous les types de professionnels, par exemple les carreleurs...