Tribune : pour la paix au Proche-Orient et une société multiculturelle
Le conflit israélo-palestinien, qui déchire le Proche-Orient depuis plus de sept décennies, plonge ses racines dans les tragédies historiques du XXe siècle. Deux événements majeurs en sont les fondements : la Shoah, l'extermination systématique de six millions de Juifs par le régime nazi, et la Naqba, ou "catastrophe", qui a vu des centaines de milliers de Palestiniens être expulsés ou fuir leurs terres lors de la création de l'État d'Israël en 1948. Ces deux traumatismes ont façonné les identités et les revendications de chacun des peuples impliqués, entraînant une guerre sans fin qui continue de semer la douleur et la division.
La Shoah a engendré une prise de conscience mondiale de la nécessité de garantir un refuge pour les Juifs, ce qui a conduit à la fondation d'Israël. Cependant, cette création a aussi déclenché la Naqba, qui reste une blessure profonde dans la mémoire collective palestinienne. Les Palestiniens ont vu leur terre, leur foyer, être effacés sous leurs yeux, un traumatisme transmis de génération en génération. Depuis, le conflit s'est enlisé dans une spirale de violence, nourrie par les injustices passées et présentes.
Face à cette histoire marquée par la souffrance, la civilisation chrétienne a joué, et continue de jouer, un rôle déterminant pour œuvrer sans relâche à la "paix des braves". Inspirée par les principes de compassion, de justice et de réconciliation, elle s’est engagée dans des efforts constants pour rapprocher les peuples, encourager le dialogue et construire des ponts entre les communautés. Les appels répétés des papes, les initiatives de nombreuses organisations chrétiennes pour soutenir les victimes des deux côtés, ainsi que les efforts diplomatiques des États à majorité chrétienne, témoignent de cette détermination à mettre fin au cycle de violence et à instaurer une paix durable.
Cependant, les récents bombardements israéliens sur Gaza montrent à quel point la paix reste fragile et combien il est urgent de dénoncer les actions qui exacerbent le conflit. Ces attaques, qui ne tiennent pas compte des résolutions internationales et des appels à la retenue, ne font qu'accroître la souffrance des civils, souvent les plus vulnérables. Face à cette situation, il est impératif de dénoncer non seulement ces actions militaires, mais aussi les complicités internationales qui permettent à cette scabreuse escalade de perdurer.
Le soutien indéfectible de certains États musulmans au Hamas et au Fatah, motivé par des considérations géopolitiques et idéologiques, contribue également à perpétuer la violence. Ces alliances, qui transcendent les divisions religieuses internes, alimentent un conflit qui semble sans issue. Pourtant, il est crucial de reconnaître que ces soutiens ne sont pas le reflet d'une solidarité constructive, mais plutôt d'un engrenage de violence qui éloigne chaque jour un peu plus la perspective d'une paix véritable.
Face à cette complexité, la gauche, en Israël et dans le monde, joue un rôle clé dans la défense des droits des minorités, en particulier des Arabes israéliens et des Palestiniens. En Israël, malgré un contexte politique de plus en plus hostile, des mouvements progressistes continuent de lutter pour les droits des minorités arabes, revendiquant leur pleine intégration dans la société tout en respectant leur identité culturelle. Ce combat est essentiel pour bâtir une société véritablement multiculturelle, où les différences ne sont pas perçues comme des menaces, mais comme des richesses à partager.
La gauche, à l’échelle mondiale, a toujours été un rempart contre les idéologies d'exclusion et d'oppression. Elle s'est engagée en faveur des minorités, qu'elles soient progressistes ou conservatrices, arabes ou d'autres origines, pour construire une société où chacun trouve sa place, sans discrimination. C'est cette gauche qui, malgré les obstacles, continue de militer pour une société multiculturelle et inclusive, où la diversité est reconnue et célébrée.
La lutte pour la paix au Proche-Orient est indissociable de la lutte pour une société multiculturelle et égalitaire, non seulement en Israël, mais partout dans le monde. C’est en reconnaissant les droits des minorités, en soutenant ceux qui œuvrent pour l’égalité et la justice, que nous pourrons espérer une paix durable. Cette paix, la "paix des braves", ne sera possible que si nous nous engageons collectivement à dépasser les divisions historiques, à rejeter les complicités qui alimentent la violence, et à construire un avenir où chaque peuple, chaque culture, pourra vivre en harmonie.
Pour cela, il est temps de redoubler d’efforts pour une société qui ne se contente pas de tolérer les différences, mais qui les embrasse pleinement ; il est grand temps de repousser les frontières usurpées et franchis hier. Une société où la gauche, fidèle à ses idéaux de justice et d’égalité, joue un rôle central dans la défense des opprimés et la promotion d'une paix véritable. Une paix qui, enfin, tiendra compte de l'histoire et des souffrances de chacun, pour bâtir un avenir commun basé sur le respect, la dignité et la solidarité.
Épilogue : la "ruche" aux relents de poudrière
À mesure que le conflit israélo-palestinien s'enlise dans une impasse sanglante, une autre dynamique, plus vaste et plus complexe, se déploie sur la scène internationale. Les puissances mondiales, telles que la Russie et la Chine, ainsi que les États issus du tiers-monde, qu'ils soient pauvres ou relativement riches, jouent un rôle de plus en plus influent dans cette "ruche" aux relents de poudrière.
La Russie, sous la direction de Vladimir Poutine, a montré un intérêt croissant pour le Proche-Orient, consolidant ses alliances avec des acteurs clés comme l'Iran et la Syrie. Moscou, en quête d'une influence géopolitique accrue, pourrait être tentée d'exploiter le conflit israélo-palestinien pour renforcer sa position dans la région. Loin de se limiter à un rôle de spectateur, la Russie a les moyens d'agir en coulisse, que ce soit par des livraisons d'armes, des soutiens diplomatiques ou des manœuvres politiques destinées à affaiblir les alliances occidentales.
La Chine, quant à elle, avance avec prudence mais détermination. Pékin, en quête de nouvelles routes économiques et de stabilité pour ses projets d'infrastructures mondiales, observe le conflit avec un mélange d'intérêt stratégique et de prudence diplomatique. Bien que la Chine se soit traditionnellement tenue à l'écart des conflits du Proche-Orient, son besoin croissant de ressources et de marchés pourrait la pousser à jouer un rôle plus actif, que ce soit par le biais de la diplomatie ou d'investissements ciblés dans des États clés de la région.
Les pays issus du tiers-monde, qu'ils soient pauvres ou relativement riches, ne sont pas en reste. Beaucoup d'entre eux, souvent en quête d'affirmation sur la scène internationale, se retrouvent tiraillés entre des alliances historiques, des solidarités religieuses et des intérêts économiques. Le soutien de certaines nations à la cause palestinienne, souvent affiché pour des raisons idéologiques ou religieuses, est parfois nuancé par des réalités économiques et des pressions diplomatiques. Pour ces États, le conflit israélo-palestinien est autant une question de principes qu'un terrain miné, où chaque faux pas pourrait entraîner des conséquences diplomatiques et économiques graves.
Cette complexité internationale ajoute une couche supplémentaire à un conflit déjà dévastateur. Alors que la communauté internationale cherche des solutions pour apaiser les tensions, il est crucial de reconnaître que la paix au Proche-Orient ne pourra être réalisée sans une implication responsable et équilibrée de toutes les grandes puissances, ainsi que des nations en développement. Le risque est grand que cette "ruche", déjà instable, ne se transforme en une véritable poudrière, déclenchant une conflagration aux répercussions mondiales.
Pour éviter ce scénario catastrophique, il est impératif que ces acteurs, qu'ils soient des superpuissances ou des États plus modestes, s'engagent non pas dans une surenchère de violences ou de calculs cyniques, mais dans une démarche sincère de médiation, de dialogue et de paix. La responsabilité de chacun est immense, car ce conflit, nourri par des décennies d'injustice et de souffrance, ne pourra se résoudre que par une coalition internationale déterminée à faire prévaloir le droit et l'humanité sur les intérêts étroits et les ambitions géopolitiques.
En conclusion, il appartient à la communauté internationale, de la Russie à la Chine, en passant par les États du tiers-monde, d'œuvrer ensemble pour transformer cette ruche en un espace de dialogue et de reconstruction, plutôt que de laisser les relents de poudrière se propager. La paix des braves, tant attendue, dépend de cette volonté collective de dépasser les antagonismes et de construire un avenir où la justice, la dignité et la coexistence pacifique seront enfin les principes directeurs, de montrer une direction assurée, assouvie, souvent caressée, assouplie, un grand soir afin de choisir entre le soupir ou le souper.