Réformer l’INSP ou tourner la page : l’État n’a plus le luxe de tergiverser, ni de tournoyer dans un vide intersidéral, en donnant le sentiment de ne plus en avoir rien à foutre...
Par Mehdi Allal – spécialiste des politiques publiques et de la formation de la haute fonction publique... A Loreleï...
Depuis sa création en 2022, l’Institut national du service public (INSP) devait être la vitrine du renouveau de la haute fonction publique. Trois ans plus tard, le constat est implacable : l’INSP est déjà sur la sellette, accusé de lenteurs, de déficits chroniques et d’un manque de vision stratégique. Et ce n’est pas la presse qui le dit, mais un rapport confidentiel rédigé par trois inspections générales.
Ce document, destiné au gouvernement, dresse un portrait inquiétant du système de formation continue des cadres supérieurs de l’État : hétérogène, cloisonné, opaque. Les ministères riches se paient des formations maison, les ministères pauvres bricolent avec les moyens du bord. Les formations se multiplient mais se répètent, les coûts sont flous, la mobilité interministérielle est découragée.
Face à ce désordre, le rapport ne se contente pas de réprimandes : il fixe un ultimatum. Un plan sur quatre ans, des mutualisations, un fonds de péréquation interministériel, et surtout… une “clause couperet” en 2029. Si l’INSP échoue à jouer son rôle de pilote, il sera déchu et la mission confiée à d’autres acteurs, y compris privés.
Le problème, c’est que l’INSP ne part pas d’une page blanche. Il porte les stigmates de son ancêtre l’ENA : un modèle économique bancal, un isolement institutionnel, des réflexes de préservation plus que d’ouverture. Depuis 2022, l’établissement a englouti des crédits destinés à la formation continue pour d’autres priorités, accumulé les déficits, subi un turn-over préoccupant, et déployé un projet de catalogue interministériel sans réelle concertation.
Or, nous ne parlons pas ici d’un simple centre de formation : il s’agit de l’outil censé préparer les hauts fonctionnaires à diriger un État confronté à des crises multiples – économiques, climatiques, géopolitiques... Si la formation continue des cadres supérieurs reste la “cinquième roue du carrosse”, c’est tout l’édifice administratif qui se fragilise.
Il est temps de rompre avec l’entre-soi et les demi-mesures. L’INSP doit :
Ouvrir ses formations aux cadres du privé et aux partenaires internationaux, pour financer et enrichir son offre.
Devenir réellement le chef d’orchestre de la formation continue interministérielle, en imposant des standards de qualité, de transparence et d’efficacité.
Réorienter ses priorités : moins de prestige, plus d’impact concret sur les compétences managériales et stratégiques.
Assumer une culture du résultat : objectifs clairs, évaluation indépendante, sanctions en cas d’échec.
Si ces réformes ne sont pas engagées immédiatement, il faudra avoir le courage politique de passer à autre chose. La nostalgie, la sociologie de l’ENA ne doit pas nous condamner à l’immobilisme.
En 2029, la question ne sera pas de savoir si l’INSP a “fait de son mieux” : il faudra prouver qu’il a transformé en profondeur la formation des élites administratives, ou accepter qu’un autre prenne la relève. Car la haute fonction publique n’est pas un club fermé, c’est un levier au service de la nation. Et la nation, elle, ne peut pas attendre.
Ni tendre la joue, lorsque la haute fonction publique est en joue, sous le joug des gouvernements successifs, qui ont sacrifié la qualité de nos élites et de notre modèle administratifs sur l'autel d'une réforme escomptée comme devant permettre d'accomplir la démocratisation d'un accès encore réservé à des nantis ;
alors que les fils d'immigrés ouvriers demeurent sur le pas de la porte, faute de satisfaire aux codes encore trop académiques et non mis à plat, aplatis, pour fixer un cap clair à une école désormais en mal de reconnaissance, faute d'avoir ouvert les vannes de sa formation et d'avoir ralenti la mainmise d'une caste, dont l'intitulé peut varier, mais dont l'inutilité est objectivement fondatrice d'une gabegie légendaire ;
d'une flemme côtoyant le flegme britannique, privée qu'elle est de la flamme, de la fibre patriote, et devenue si casanière que la caverne dont laquelle elle se réfugie ressemble à une grotte sans lumière et dans laquelle les hiéroglyphes ont depuis longtemps été effacés au profit d'indicateurs et de tableaux de bord qui sentent le soufre...