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Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 13 juillet 2025

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Des généralités aux bêtises : pour un droit à la particularité

Les généralités, bien qu’attrayantes par leur simplicité, sont souvent des pièges intellectuels et politiques. En opposant les « généralités » aux « particularités », cette tribune plaide pour un véritable droit à la différence, seul garant d’une société juste, nuancée et réellement démocratique. A Myriam Encaoua et Eugénie Bastié...

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Ville de l'Epine, Île-de-Noirmoutier, 13 juillet 2025.

Il y a dans la tentation de la généralité quelque chose de profondément rassurant : l’idée qu’on pourrait, d’un seul regard, tout saisir, tout expliquer, tout trier, tout embrasser.

Le général donne l’impression d’ordre, d’unité, de maîtrise. Il permet de classer les individus, les comportements, les cultures. Mais cette aspiration à l’universel simplifié finit souvent par tourner à la bêtise – cette bêtise tranquille qui, sous couvert de "bonne foi" ou de "bon sens", dissimule les exclusions, les violences symboliques, les injustices ou les sujétions sociales.

Généraliser, c’est souvent nier. Nier ce qui ne rentre pas dans la case. Nier les parcours singuliers, les identités multiples, les trajectoires brisées ou recomposées, voire récompensées ou rédemptrices.

C’est refuser de voir ce que l’on ne comprend pas immédiatement. Dans le discours public comme dans les débats médiatiques, combien de fois entendons-nous des phrases qui commencent par "les pauvres", les aristos", "les jeunes d’aujourd’hui", "les musulmans", "les assistés", "les immigrés" "les Français", "les retraités"... – comme si un sujet de droit ou un être humain pouvait se résumer à un stéréotype commode ou à la mode.

Cette logique est dangereuse. Elle permet de produire des politiques publiques paresseuses, qui prétendent répondre à des "problèmes" ou à des "solutions", des "évolutions" identifiés par des généralités, mais qui échouent à comprendre les réalités concrètes, prises dans un certain contexte.

Elle engendre aussi une atmosphère de suspicion et de conflit, car elle exclut toute forme de complexité. Celui ou celle qui ne correspond pas à l’image attendue devient aussitôt suspect, marginal, ou invisible.

À l’inverse, la reconnaissance des particularités n’est pas un caprice identitaire ou communautaire. C’est une exigence démocratique.

Reconnaître les particularités, c’est admettre que l’égalité réelle passe par la prise en compte des différences – non pas pour les figer, mais pour permettre à chacun d’exister dans la pleine mesure de sa personnalité ou de son personnage. Le droit à la différence, ce n’est pas un privilège : c’est une manière d’organiser le vivre-ensemble dans le respect mutuel.

Dans l’école républicaine, par exemple, combien d’élèves sont laissés pour compte au nom d’une prétendue "égalité de traitement", de "l'égalité de chances" qui ne tient pas véritablement compte des inégalités de départ ? Dans la justice, combien de récits de vie sont balayés par l’automatisme des procédures, au mépris des difficultés fréquemment rencontrées ?

Dans les politiques d’intégration, combien de parcours d’exil ou de double culture, nationales ou étrangères, sont ignorés, voire niés, parce qu’ils échappent au modèle dominant ?

Refuser les généralités, c’est accepter d’écouter. De regarder. D’enquêter. C’est reconnaître la dignité, la diversité de la complexité humaine. Ce n’est pas se soumettre au relativisme – bien au contraire : c’est poser les bases d’une véritable universalité, fondée non sur l’abstraction, mais sur la coexistence des différences dans un cadre commun. En fonction des appartenances ou des provenances ?

C’est là le vrai défi : construire du commun sans écraser les particularités. Une société juste ne se reconnaît pas à sa capacité à imposer un modèle unique, mais à sa capacité à faire place à l’inattendu, à l’écart, à la disparition, aux prédispositions...

C’est ainsi que l’on passe de la bêtise des généralités à l’intelligence du réel. Sans mépriser ce qui relève de l'atypisme empirique, mais au contraire en redonnant au pragmatisme toute son intelligence et toute sa singularité... 

Mehdi Allal

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