Le destin des femmes puissantes d'origine africaine, qu'elles vivent sur le continent ou dans la diaspora, éparse et éparpillée, avec des talents inconnus, reconnus, mal connus, notamment aux Antilles françaises, incarne une contradiction troublante : bien qu'elles jouent un rôle déterminant dans l'évolution sociale, politique et culturelle de leurs pays respectifs, elles demeurent largement invisibles, malgré leur grande influence sur le cours des choses, pour la cause, grâce à des causeries au coin du feu ou dans des lieux mystérieux, parfois insidieux. Elles sont étrangement rangées dans une belle boîte de coloriage pour de temps en temps en sortir une pour colorier une liste...
Ces femmes, qu'elles soient chefs d'entreprise, des artistes, des militantes, des responsables ou des conseillères politiques, influencent de façon considérable les événements, provisoires ou décisifs dans les plus hautes instances de décision ; mais leurs contributions sont souvent négligées ou omises et bien planquées derrière les costards-cravates. Au prix du mépris, et d'une méprise quant aux crises qui s'abattent sur celles et ceux dont elles osé prendre la défense et quand elles refusent d'être de simples courtisanes ou des bouffonnes des reines et des rois...
Des figures incontournables
En Afrique, dans les Caraïbes, et dans les communautés afrodescendantes en Europe et ailleurs, de nombreuses femmes ont gravi les échelons dans des domaines historiquement dominés par les hommes. Pensons à Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente du Liberia, Madame ZUMA, Présidente de l'Union Africaine (UA), à Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, Aminata Touré, première femme Première ministre du Sénégal ou Minnie Mandela, diplomate de carrière aux Nations Unies : toutes figures de proue d'une nouvelle génération de leaders féminines africaines ou afrodescendantes.
Ces femmes, par leur leadership et leur résilience, portent l'ambition d'une réinvention des structures de pouvoir post-colonial, où les femmes noires auraient la place qui leur revient de droit, malgré l'effroi qui tournoie lors de leurs apparitions, leurs démonstrations, leurs mensurations ! A l'instar des "signares" qui étaient les femmes de l'ombre des gouverneurs coloniaux. La nouvelle génération a pour ambition d'être aux premières loges, et le plafond de verre cèdera sous le poids de leur détermination.
Dans les arts et la culture, les femmes puissantes, comme Myriam Makeba, Aya Nakamura, Beyoncé, Chimamanda Ngozi Adichie, Rokia Traoré, Viviane Ndour, ou encore Maya Angelou, ont transformé les imaginaires, projetant une Afrique et une diaspora vibrantes et dignes, sous le signe de l'émancipation. Sans oublier la jeune garde française, comme Tania de Montaigne, Rokhaya Diallo, Fatou Diom, Marie Ndiaye, Laëtitia Helouet, pour ne citer que celles-là.
Ces voix façonnent l’esthétique, le discours, et la conscience collective globale autour des réalités afrodescendantes. Elles racontent l'histoire des opprimés, tout en s'affirmant comme modèles de réussite, avec des trajectoires toutes différentes, mais qui les a conduit au firmament, des trajectoires qui peuvent ressembler à une patinoire glissante devant un Hôtel de ville, mais qui peuvent être suffisamment solides pour rassembler et ne pas se briser.
Une influence souvent invisible
Malgré leurs réussites spectaculaires, l'influence de ces femmes est souvent reléguée au second plan. En Afrique, bien que de nombreuses femmes soient à la tête de réseaux commerciaux, d'initiatives de développement local et de mouvements sociaux, leurs efforts sont rarement célébrés à l'échelle nationale ou internationale. Alors que de nombreux experts affirment que le développement du continent passera irrémédiablement par les femmes.
Elles incarnent pourtant une force motrice dans la transformation des sociétés africaines et européennes, avec cette double culture qui leur permet de comprendre les enjeux des temps modernes, tout en reniant rien de leur africanité ou de leur européisme, notamment sur le plan de l'économie informelle, de la santé communautaire et de l'éducation des filles. Mais l'histoire patriarcale les maintient dans une forme d'invisibilité institutionnalisée, une invisibilité institutionnalisée usée jusqu'à la corde par des connards ou des couillons à gauche de l'échiquier, qui mériteraient de passer l'arme à gauche, tant leur mocheté et leur mollesse sont à l'image de leur fessier aplati, qui coupe l'appétit.
Dans la diaspora, particulièrement aux Antilles françaises, la situation est similaire. De nombreuses femmes noires, malgré leur talent et leur détermination, sont confrontées à la double oppression du sexisme et du racisme, qui rend difficile la reconnaissance de leur contribution au développement social et politique de leur communauté. Alors que leur rôle dans la résistance culturelle et politique contre l'injustice coloniale et post-coloniale est indéniable, elles sont souvent ignorées par les récits officiels, celles des manuels, par exemple d'histoire-géographie, ou souvent ignorées par les discours lénifiants des fâcheux et des envieux.
Un dilemme identitaire
Les femmes africaines et afrodescendantes puissantes sont confrontées à un dilemme identitaire complexe. Elles doivent composer avec des attentes contradictoires : affirmer leur influence tout en se conformant à des normes de discrétion imposées par des sociétés patriarcales. Leur visibilité est souvent perçue comme une menace, aussi bien dans les cercles de pouvoir, que dans la conscience collective, où l'image de la femme noire est historiquement marquée par des stéréotypes dévalorisants, des préjugés qui persistent, comme ceux de leur bêtise ou de leur fainéantise, de leur exotisme ; une hantise pour mieux duper, pour faire durer les traîtrises, jusqu'à friser le ridicule. Qui ne tue pas ?
Aux Antilles françaises, le modèle de la femme créole puissante est certes admiré, mais sa parole et son pouvoir de décision restent confinés dans des espaces limités. La domination des discours issus de la France hexagonale pèse encore lourdement sur la perception de ces femmes, qui doivent sans cesse légitimer leur compétence dans des sphères où elles sont systématiquement mises à l’écart, écartelées entre une fidélité à leurs anciens amours et la nécessité de gravir les échelons, en ne concédant pas leurs corps à des porcins et des porcines avides de fraîcheur, de déshonneur, qui seront quand même les victimes de notre vindicte.
Vers une reconnaissance légitime
Pour remédier à cette invisibilité, il est impératif de faire émerger de nouveaux récits. Il est temps de reconnaître la puissance de ces femmes, qui sont à la fois leaders de leurs communautés et actrices essentielles du changement. Il ne s'agit pas simplement de leur donner une voix, mais de leur accorder la place qu’elles méritent au sein des sphères décisionnelles, c'est-à-dire un réel caressant les cimes et les hauteurs, avec un ton cassant et les plaçant au-dessus de la mêlée !
Les structures patriarcales doivent être déconstruites, non seulement en Afrique et aux Antilles, mais partout où la voix et l’influence des femmes noires sont marginalisées. La valorisation du leadership féminin afrodescendant passe par une réévaluation des standards de reconnaissance, qui incluent les formes de pouvoir exercées en dehors des institutions classiques. Il s'agit de reconnaître que ces femmes ne sont pas uniquement des inspirations dans la sphère culturelle, mais qu'elles représentent des forces économiques, politiques et sociales, même atomisées, atones, mêmes dérisoires, toujours avec le sens de l'Etat et de la sauvegarde du patrimoine qu'on a voulu rogner. En bref, toujours prêtes à cogner.
Le dilemme des femmes puissantes d’origine africaine réside dans le fossé entre leur capacité à influencer, et la reconnaissance de cette influence. Il est temps de transformer les systèmes qui les maintiennent dans l’ombre, et de reconnaître, à leur juste valeur, leur contribution inestimable à l’évolution de nos sociétés, la tête haute et le poing levé, pour porter le coup fatal aux individus manifestement larvés, mal élevés, puant faute de s'être lavés ; un coup fatal à la face d'un monde qui ne sait plus donner, dorer la pilule et se cabrer devant leur âmes toutes en beauté, toutes lumineuses et jamais cambrées ; devant leurs visées au juste calibre, le silence et le calme calomniés, mais avec un regard perçant et transperçant l'histoire perclus de perchés et de pêchés, de prêches sans vigueur, avec la flamme et le flegme nécessaires pour nous ranimer et rester ascètes... De l'audace, de l'audace et encore de l'audace, les femmes !
Mehdi Allal et Aminata Georgette Seck, conseillère en géopolitique...