La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays au cœur de l'Afrique, riche en ressources naturelles, mais aussi profondément marqué par des décennies de conflits armés et de violences. Si la rivalité géopolitique avec le Congo-Brazzaville, les défis des droits humains, et le potentiel du pays en tant que puissance régionale sont des aspects importants de son histoire contemporaine, un drame persistant, et particulièrement alarmant, est celui des exactions commises contre les femmes et les enfants par les différentes factions armées qui opèrent sur son territoire.
La situation des femmes et des enfants en période de conflit
Depuis le début des conflits en RDC, les femmes et les enfants ont été les premières victimes des violences, des violations les plus élémentaires de la dignité. Les régions de l'Est du pays, comme le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l'Ituri, sont particulièrement touchées par des violences sexuelles systématiques, des enlèvements, et l'enrôlement forcé des enfants soldats. Ces crimes sont commis par diverses factions armées, des groupes rebelles, des milices locales, et les forces armées nationales des pays voisins pour l’exploitation des minerais de l’Est de la RDC.
Les violences sexuelles, en particulier, sont utilisées comme armes de guerre, visant à terroriser les populations, à détruire le tissu social, et à saper la résistance des communautés locales. Les femmes font systématiquement l'objet de viols collectifs, parfois sous les yeux de leurs familles, et ces actes laissent des traumatismes profonds, tant physiques que psychologiques. Le viol en temps de guerre en RDC n'est pas seulement un acte de violence individuelle, mais une stratégie délibérée pour déstabiliser et détruire la société congolaise, tant la femme y joue un rôle central.
Les enfants, quant à eux, sont également tributaires des violences extrêmes. Beaucoup sont enlevés et forcés de rejoindre les rangs des groupes armés, où ils sont utilisés comme combattants, porteurs, ou esclaves sexuels mais également comme ouvriers – creuseurs dans les carrés miniers. Ces enfants perdent non seulement leur enfance, mais ils n’ont plus de perspectives d’avenir et sont sujets à des traumatismes qui marqueront leur vie entière.
La culture de l'impunité et l'absence de justice
Une des raisons pour lesquelles ces atrocités perdurent est la culture de l'impunité, le culte de l'indifférence, qui règne en RDC, comme dans la communauté internationale. Les auteurs de ces crimes sont rarement poursuivis, alors qu’ils sont identifiés par des experts des Nations unies au travers des différents rapports tel que le « Mapping report », et même lorsqu'ils le sont localement, les procès sont souvent entachés de corruption ou d'intimidation. Cette impunité pénale ne fait qu'encourager la poursuite des violences, car les responsables savent qu'ils ne risquent pratiquement rien. En bref, les bourreaux "dorment sur leurs deux oreilles"...
Les efforts internationaux pour mettre fin à ces exactions ont produit des résultats limités. Bien que des initiatives comme la Cour pénale internationale (CPI) aient tenté de poursuivre certains des criminels de guerre les plus notoires, bien qu’il y ait eu des tentatives plus ciblées, comme l’instauration et la mise en place d’un Tribunal pénal spécial pour les crimes de l’Est de la RDC, pour traiter les cas de Bosco Ntaganda, Laurent Kunda… au fond la CPI n’a pas réellement été saisie ni par le gouvernement congolais, ni par des collectifs, pour les auteurs de tous les crimes commis en RDC depuis 1997.
Ce drame à l’Est de la RDC a fait plus de 10 millions de morts, au su et vu de la communauté internationale, qui n’y met réellement aucun terme. Et le carnage continue, pourvu que les coltans et autres minerais continuent à alimenter les industries des pays développés et que les consommateurs continuent à utiliser des smartphones, ordinateurs et autres... Mais pourquoi, sont-ils obligés de passer par des pays voisins pour accéder à ces minerais, alors que c’est plus simple de « dealer » directement avec le gouvernement congolais sans que le sang de nos pauvres enfants et parents ne coule ?
Le système judiciaire congolais reste largement incapable de faire face à l'ampleur des crimes commis. De plus, les survivants de violences sexuelles, en particulier, se heurtent souvent à la stigmatisation sociale et à des obstacles importants pour accéder à la justice. Rappelons que les populations déplacées et fuyant la guerre et ces exactions représentent entre 5 à 7 millions d’individus en RDC… le seul pays au monde où on a autant de réfugiés locaux internes… Tandis que les yeux sont rivés sur les autres conflits, sur la déconfiture des anciens empires, de la domination coloniale !
Le rôle des organisations et de la communauté internationale
Face à cette tragédie, les organisations non gouvernementales (ONG), tant locales qu'internationales, jouent un rôle crucial. Elles fournissent des soins médicaux et psychologiques aux victimes, documentent les violations des droits humains, et plaident pour une justice accrue. Des organisations comme Médecins Sans Frontières (MSF), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) sont en première ligne pour offrir un soutien aux survivants.
Citons, par exemple, le travail que réalisent le Prix Nobel de la Paix 2018 et ses équipes, le Dr Denis Mukwege, qui est aujourd’hui une référence mondiale sur cette question de viol comme arme de guerre (ses équipes sont en Centre-Afrique, Irak, Ukraine, Amérique du sud…). Il propose une prise en charge holistique composée de 4 piliers : une prise en charge médicale et chirurgicale (réparatrice), une prise en charge psychologique (santé mentale face au traumatisme vécu), une prise en charge socio-économique pour faciliter la réinsertion sociale (apprentissage aux métiers, scolarisation, bourse économique pour démarrer un business, construction des maisons de 3 chambres à 2000 $, etc.), une prise en charge juridique (assistance juridique pour dépôt des plaintes auprès des tribunaux locaux car les bourreaux sont connus). Anne Hidalgo a fait de lui le « Citoyen d’honneur de la ville de Paris ». Ce sont plus de 80 000 femmes/filles soignées, mais ces statistiques sont à actualiser. Il a un autre programme pour récupérer et réinsérer les enfants soldats, et un autre pour sortir les jeunes filles des rues de la prostitution.
Cependant, ces efforts restent insuffisants face à l'ampleur des besoins. Les infrastructures de santé en RDC sont souvent rudimentaires, au lieu d'être "rutilantes" comme nous le souhaiterions, et les ressources pour soutenir les survivants sont limitées. De plus, les conditions de sécurité précaires rendent le labeur de ces organisations extrêmement difficile.
La communauté internationale, quant à elle, a un rôle important à jouer pour soutenir les efforts locaux, notamment en renforçant les capacités judiciaires congolaises, en soutenant les initiatives de réconciliation et de reconstruction communautaire. Le conflit dans l’Est de la RDC n’est pas un conflit communautaire, ni ethnique. Le Congo est victime d’une guerre conduite par ses voisins, avec des potentats congolais pour le contrôle et l’exploitation des zones minières.
Les différentes ethnies ont toujours su préserver le vivre-ensemble et se sont toujours mélangées (mariages interethniques). Ce ne sont pas des ethnies « congolo-congolaises » qui s’entretuent entre elles, mais plutôt des étrangers se servant de quelques congolais qualifiés de "rebelles" qui sont à l’origine de ces crimes, des modèles de pacotille.
Donc, pour annoncer une réconciliation, elle ne peut s’envisager qu’entre la RDC et ces pays voisins agresseurs, sous l’égide de l’ONU. Comment expliquer que dans les statistiques économiques mondiales le Rwanda soit le 1er exportateur mondial du Coltan, alors que son sous-sol n’en regorge pas ? Mystère de la cécité de la communauté internationale.
La France, aujourd’hui, a pris le pari de soutenir et de fermer les yeux sur les agissements du Rwanda (pays anglophone) en RDC…dont acte…mais toutes les chancelleries occidentales connaissent la vérité et cette réalité. La RDC est le plus grand pays francophone au monde et notre pays semble l’oublier, fait semblant d'être outré… Il est vrai que la politique est dynamique, et ce dernier peut encore exercer des pressions diplomatiques pour que les auteurs de crimes de guerre soient traduits en justice.
Conclusion
La persistance des exactions commises contre les femmes et les enfants en RDC est l'une des tragédies les plus graves de notre époque. Ces violences, qui sont utilisées comme armes de guerre, détruisent des vies et des communautés entières. Pour que la RDC puisse se reconstruire et réaliser son potentiel en tant que puissance régionale, il est impératif que ces crimes cessent et que les responsables soient tenus de rendre des comptes.
La protection des femmes et des enfants doit devenir une priorité absolue pour le gouvernement congolais, les acteurs régionaux, et la communauté internationale. Ce n'est qu'en mettant fin à cette impunité et en offrant aux survivants les soins et le soutien dont ils ont besoin, en accueillant notamment les individus qui craignent des persécutions, et non leurs bourreaux, que la RDC pourra tourner la page de cette sombre période de son histoire.
Une histoire faite de trahisons en pagaille, de tragédies immémoriales, de travers et de revers en cascade, de traversées d'une région à l'autre, et de sang inutilement versé, de politiques du "ventre", éparses et éparpillées, via des versements de pots-de-vin, des populations assoiffées et affamées, sous emprise de multiples vassaux et de multiples épidémies... avec, enfin des espoirs et de l'estime envers ce beau pays qui avance, vaille que vaille, vaillamment, grâce notamment aux vaccins et à la dénonciation de la vacuité des petits "kapo", grâce aux petites victoires chèrement acquises, en lançant des clins d'œil dans les miroirs des puissants, les rescapés placés dans des armoires ou des placards, la fin des hantises... sans se résigner et vaciller, et qui ne fait point du sur place en vain !