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Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 21 septembre 2024

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Violences contre les femmes : un fléau persistant, persiflant... la fin de partie ?

A Marie, étudiante à Paris Nanterre ; à Myriam, Eugénie B. et Rokhaya, journalistes ; à Waria, à Eugénie G... A Emma, Alice, Anne, Eléonora, Loreleï, Daniela, à Soraya, à Dora, ma voisine du 3ème, Evelina, à Anastasia, à Clara ... A toutes les femmes qui ont forcément connu un jour ou l'autre une violence, quelque soit sa nature ! Par Mehdi ALLAL, fonctionnaire territorial, chargé de TD, auteur...

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Préliminaires

Les violences faites aux femmes constituent une problématique majeure, et non une anecdote une annotation, ou même une mise à l'ordre du jour dans un agenda politique, en France ou à l'international. Chaque année, des milliers de femmes sont victimes dans le monde de tortures physiques, psychologiques, économiques et sexuelles, en un mot des tortures "sexistes" : "l'exploitation de l'homme par l'homme ?" Une bonne blague, une vaste farce, tant que la femme ne sera pas prise en compte, depuis les déclarations universelles jusqu'aux théories "fumeuses" de la justice sociale ou de la politique de la ville, en passant par le marxisme ou la suprématie capitaliste, l'esclavagisme, la nécessaire lutte contre le colonialisme ou contre le néo-libéralisme... "L'exploitation de la femme par l'homme", une maxime conçue et façonnée pour renforcer "la domination masculine" (Pierre Bourdieu), la reproduction du patriarcat.

Parmi ces violences, les féminicides, c’est-à-dire les meurtres de femmes en raison de leur genre, occupent une place tragiquement significative, le résultat de pratiques addictives, nocives, maladives... En 2023, la France a ainsi enregistré 118 féminicides, un chiffre qui témoigne de l’ampleur et de la gravité de ce phénomène, depuis des siècles en réalité, depuis des décennies, qui se renforce chaque année, qui a beau faire la une des faits divers, mais qui demeure un fléau, un "mouroir" à ciel ouvert. Il ne suffit plus de sortir les mouchoirs...

Ce phénomène qui souffre de fait d'un silence pesant, étouffant, d'un manteau couvrant la vérité des faits, couvant la colère qui monte, mérite d'être l'objet une science humaine à part entière, dont la pédagogie doit s'étendre de l'école maternelle jusqu'à l'enseignement supérieur, permettant d'analyser, de mieux comprendre, d'alimenter les politiques publiques par une analyse froide et posée, permettant de sévir, de cesser de subir.

En effet, ces violences nécessitent des actes concrets et non de simples affiches sur les murs, de simples fiches pour les récidivistes, d'énièmes pétitions sans débouchés, des manifestations avec des cortèges clairsemés, des filatures qui ne débouchent sur rien, quelques places ou quelques postes jetées en pâture, des mesures, des "quotas" en jachère, malgré les obligations constitutionnelles ou légales qui pèsent sur les décideurs ou les employeurs, les "caïds", et qui ne sont pas respectées en échange d'un paiement de quelques centaines ou quelques milliers d'euros, permettant de se donner une forme de bonne conscience... 

Ces violences nécessitent des sanctions d'une ampleur proportionnelle aux torts causés, que ces torts soient causés par des geste efféminés, des tenues jugées inadéquates, des propos ou des termes jugés comme osés... en bref des torts causés par la négation des droits des femmes et des libertés chèrement acquises à travers l'histoire, une négation qui a confiné au statut de propriété jusqu'à la réalité du poids des tâches ménagères encore aujourd'hui, jusqu'aux abus ou les gestes déplacés de la gente machiste, dans les transports en commun, dans tous les lieux publics, sur les terrains de sport par exemple ou dans les enceintes des stades ; jusqu'aux traitements inhumains, les images dégradantes véhiculées par les images télévisées, les réseaux sociaux, les vidéos pornographiques... L'obligation d'"engrosser" imposée et forcée... Les humiliations et les viols au quotidien... Le harcèlement, la pression mentale... Le recours à des mensonges, des tricheries, des manipulations... Impossible de tout énumérer, tant ces torts sont nombreux et variés, tant le continuum est persistant, pernicieux, persiflant, pestilentiel...

Il nous faut des actes immédiats comme des lieux adaptés à la situation du couple, un éloignement physique des fauteurs de troubles, des téléphones portables d'urgence, des refuges pour les victimes, des cours d'auto-défense, la mise à l'abri des travailleuses du sexe, victimes de la traite, et de toutes les femmes en situation de précarité, l'interdiction des licenciements des femmes enceintes, la prise en charge de l'articulation entre vie prive et professionnelles, les aides à l'embauche des femmes seniors, l'assistance aux familles monoparentales... en bref une batterie de mesures déjà connues, mais qui reste à généraliser à grande échelle, afin d'éliminer enfin de fléau persistant, d'en siffler "la fin de partie". 

Les féminicides en France : des chiffres alarmants

Selon les données recueillies par des associations et les services de l’État, entre 2018 et 2022, environ 120 femmes ont été tuées chaque année par leur partenaire ou ex-partenaire. Les chiffres de 2023 continuent de refléter cette triste réalité, avec une femme tuée tous les trois jours. Derrière chaque chiffre se cache une histoire de violence conjugale, souvent précédée de signaux d’alerte qui n’ont pas été pris en compte à temps, qui n'ont pas été entendus, qui se sont perdus dans les limbes des machines administratives. Ces violences sont systémiques, affectant tous les milieux sociaux, sans distinction de classe, de religion, d'origine ou d'apparence... Des quartiers riches aux ghettos, les corps sont meurtris, les meurtres sont légion, les lésions, les cicatrices encore présentes, quel que soit le type de liaison, maritale ou non, adultérine ou non.

Quelles sont les implications juridiques et institutionnelles de cette situation désarmante ?

Face à cette situation, les autorités françaises ont mis en place plusieurs réformes pour mieux prévenir, détecter et punir les violences faites aux femmes, en particulier les féminicides. En 2019, le Grenelle des violences conjugales a permis de poser de nouvelles bases législatives et judiciaires pour renforcer la protection des victimes. Parmi les mesures phares, la création de l'ordonnance de protection, l'élargissement du bracelet anti-rapprochement et la facilitation des démarches de plainte ont été au cœur des réformes, ce dont il faut assurément se féliciter. 

Cependant, ces mesures demeurent insuffisantes face à l'ampleur du problème. Plusieurs acteurs sociaux plaident pour l’inscription de la lutte contre les violences faites aux femmes dans la Constitution française. Une telle initiative aurait pour effet de donner une assise juridique encore plus forte aux lois existantes, en obligeant l'État à renforcer ses dispositifs de prévention, de protection et de répression des violences. La parité a représenté certes un progrès, mais ce nouveau principe constitutionnel doit s'accompagner d'une réécriture radicale de l'article premier en prenant le soin de préciser que "La France est une République (...) qui assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens et de toutes citoyennes (...) sans distinction de sexe (...)" en poursuivant ce combat fondamental pour l'équilibre et la cohésion d'ensemble. Via notamment la recherche des auteurs de tels types de violences et la protection des victimes.

Formation des forces de police et des magistrats : un enjeu majeur

Un des freins à une meilleure prise en charge des victimes réside dans la formation des forces de l’ordre et des magistrats. Malgré les avancées, de nombreuses femmes se plaignent encore de l'accueil reçu dans les commissariats, où leur parole est parfois mise en doute, ou des failles dans le suivi des affaires de violences conjugales. Il existe un dispositif précis pour accompagner les plaignantes ; les intervenants sociaux en commissariat (ISC), présents par exemple dans les tous les arrondissements parisiens. Il est temps de l'étendre à toute le territoire national !

Pour pallier les lacunes, la formation des policiers a été revue et approfondie. Depuis quelques années, les agents de police doivent suivre des modules de sensibilisation aux violences faites aux femmes, afin d'adopter une approche plus humaine et adaptée aux victimes. Ils sont également formés pour mieux détecter les signaux de danger, notamment en cas de violences récurrentes ou de tentatives d’homicides. Mais il fait aller toujours plus loin et garantir la prise en charge des victimes de sexe féminin par des agents de sexe féminin, mieux à même d'appréhender les problèmes spécifiques que rencontrent ces publics.

De leur côté, les magistrats, au cœur du processus judiciaire, sont également de plus en plus formés à cette problématique. En effet, la formation des magistrats est un aspect essentiel de la lutte contre les féminicides, car ce sont eux qui, in fine, décident de la mise sous protection des victimes et des sanctions infligées aux agresseurs. En 2020, le ministère de la Justice a mis en place un programme de formation continue spécifique, destiné à sensibiliser les juges et procureurs aux spécificités des violences de genre et aux conséquences psychologiques pour les victimes. Mais ce type de mesures sont ponctuelles, provisoires, sûrement pas inscrites dans la continuité, incitant à la persévérance...

Perspectives d'avenir

Si les mesures prises ces dernières années représentent des avancées, beaucoup reste à faire. La France doit continuer à investir dans la protection des femmes victimes de violences, non seulement par la voie répressive, mais aussi par la prévention, la sensibilisation du grand public, et le soutien psychologique aux victimes. Par ailleurs, l’inscription dans la Constitution d’une mention explicite sur la lutte contre les violences faites aux femmes serait une avancée symbolique et juridique forte, qui pourrait encourager une application plus stricte des lois en vigueur.

En conclusion, les violences faites aux femmes, et en particulier les féminicides, doivent être une priorité nationale. Le renforcement des lois, la formation des professionnels et l'amélioration des dispositifs d'accueil des victimes sont essentiels pour éradiquer ce fléau. Il est impératif que la société tout entière s’engage à protéger les femmes et à combattre ces violences de manière active et durable ; il serait logique que toutes les personnes sensibles à cette cause, y compris les hommes, se mobilisent et revendiquent de nouveaux droits pour les femmes.

La liberté d'avorter constitue un exemple d'une réussite unanimement saluée par tous les partis politiques. A force de motivation, de renoncements à la résignation, d'une attention renouvelée, nous pourrons parvenir à éradiquer le fléau des violences faites aux femmes, avec toute la patience qui sera nécessaire, avec un attachement immodéré à la douceur et la tendresse que peuvent procurer l'union d'une femme et d'un homme, seulement et simplement par amour...

PS : les statistiques fournies dans ce texte, de même que certaines mesure et propositions concrètes, ont été sélectionnées par l'intelligence artificielle

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